Le Cardinal Robert Sarah s'est recueilli sur la tombe de Jerôme Lejeune, avant de prononcer une conférence en l'église Saint-Augustin à Paris, dont voici la substance :
Permettez-moi d’introduire cette brève conférence par ces mots du Professeur Jérôme Lejeune :
"Si on veut vraiment attaquer le Fils de l’homme, Jésus-Christ, il n’y a qu’un moyen, c’est d’attaquer les fils des hommes. Le christianisme est la seule religion qui dit : ˝votre modèle est un enfant˝, l’enfant de Bethléem. Quand on vous aura appris à mépriser l’enfant, il n’y aura plus de christianisme dans ce pays".
On peut affirmer que le combat du Pr. Lejeune avec les seules armes de la vérité et de la charité s'inscrit dans la bataille entre Dieu et Satan. L’Eglise catholique, tel David face à Goliath, dispose seulement du petit caillou de l’Evangile de la Vie et de la Vérité, il s'agit d'une bataille âpre et décisive, qui sera longue et s’apparente à celle des fins dernières décrites dans la Bible. Soyons conscients que, une nouvelle fois, l’Eglise constitue le dernier rempart contre la barbarie, il ne s’agit plus d’Attila et de ses Huns, ni des divers totalitarismes qui ont ensanglanté le monde, il s’agit d’une barbarie aseptisée en laboratoire, que l’opinion publique ne perçoit pratiquement pas. Oui, il s’agit bien d’un combat… à la vie et à la mort.
Si ce n’était pas le cas les pouvoirs publics tenteraient-ils de faire taire les sites internet dits « pro-vie » en inventant un délit d’entrave numérique à l’avortement ? Les défenseurs de la vie ont été verbalement lynchés pour avoir osé rappeler que l’avortement n’est pas un droit, mais un crime.
Jérôme Lejeune, contre vents et marées, est resté fidèle au Christ et à l’Evangile. Pendant sa longue maladie qui l’a arraché prématurément à l’affection des siens, on a vu comment meurt un chrétien à l’aube de Pâques. Sa vie se partageait entre deux domaines: son activité de chercheur et le service auprès des malades. Il était animé par le souci de guérir, ou de soulager les souffrances physiques et morales provoquées par la maladie et le handicap. La charité qui animait le Professeur Lejeune unissait donc les deux aspects de sa vocation au service du malade, cette vertu théologale de la charité fut bien la voie royale que Jérôme Lejeune emprunta. Nul n'a oublié son sourire lumineux et rayonnant et son regard rempli de cet amour du prochain. Quoi de plus concret que la présence quotidienne auprès des malades et des familles? On peut donc considérer que sa vie fut comme un prolongement de l’Incarnation de Jésus, venu parmi nous pour nous guérir et nous sauver.
Au sujet du Professeur Lejeune, on peut donc vraiment parler d’une spiritualité de l’Incarnation. « Fiat », c’était la réponse si pure, parfaite et sans réserve de la Vierge Marie, que lui-même adressait à Dieu chaque jour de sa vie. Dès lors, comme la Très Sainte Vierge Marie, Jérôme Lejeune a consenti à laisser Dieu agir. Comme Jésus, qui était devenu le mendiant de l’Amour de cette humanité pécheresse, le Professeur Lejeune, par son silence quémandait la compassion de ses contemporains pour les plus faibles, dont il s’était fait la voix, lui qu’on avait réduit au silence. Martyr de la vie et de la vérité, il l’a été pleinement, y compris dans son silence, son silence qui, loin d’être l’aveu d’une faiblesse, a constitué une force capable de renverser les montagnes d’égoïsme et d’indifférence.
Aujourd’hui, personne ne peut se montrer insensible et indifférent devant l’obligation impérieuse de défendre l’enfant à naître. Le signe clinique le plus impressionnant, indiquant que nous allons vers l’abîme , c’est la puissance dramatique du refus de la vie. Si le Pr Lejeune était encore de ce monde, il ne ferait que suivre la ligne intangible de la défense de la dignité de la personne humaine. Il se serait donc opposé au faux et scandaleux « mariage » homosexuel, à ces aberrations que sont la PMA, et la GPA et il aurait combattu avec une énergie sans pareille la théorie proprement délirante et mortifère dite du « genre » ou « gender ». Avec le transhumanisme, ce sera le triomphe de l’eugénisme et de la sélection du meilleur capital génétique parmi tous les êtres. Le transhumanisme va réaliser, grâce aux techno-sciences, le rêve prométhéen du nazisme. Le refus d’accueillir et de laisser vivre ceux qui gênent, manifeste une profonde méconnaissance de la valeur de la vie humaine.
Ainsi, le Pape François nous appelle à une mobilisation générale pour la Vie ! Le pr Lejeune, a accueilli dans son « hôpital de campagne » qu'est l'hôpital Necker des Enfants-malades, ces blessés de la vie. L’hôpital Necker, ce « lazaret » des temps modernes est bien une œuvre admirable de charité et de compassion qui continue aujourd’hui. Je veux remercier toutes les associations qui œuvrent pour que la vie soit promue et protégée, tout comme la famille qui en est le sanctuaire. La vie est un don de Dieu, un don que Dieu a confié à la famille. C’est donc dans la famille que la vie trouve sa source, qu’elle trouve le cadre qui répond et à sa dignité et à sa destinée. Dans la vie de chaque personne, même la plus faible et la plus blessée, l'image de Dieu resplendit et se manifeste dans toute sa plénitude. Chaque homme est appelé à une plénitude de vie qui va bien au-delà des dimensions de son existence sur terre puisqu'elle est la participation à la vie même de Dieu. Telle était la conviction du Pr Lejeune, et telle est encore aujourd’hui la conviction inébranlable de la Fondation qui porte son nom.
Je vous remercie pour votre attention et vous invite à continuer de vous battre au côtés du Professeur Jérôme Lejeune. "Il n’y a point d’Homme avec un grand H. Il y a des hommes, des personnes, et chacun d’eux est respectable" Pr. Jérôme LEJEUNE.