Comment vivre son carême, telle est la grande question qui se pose surtout lorsqu’il est vécu en mission ! Comment vais-je réussir ces quarante jours en Irak ? Est-ce différent du carême vécu en France ?
Une chose est certaine, être en contact avec des chrétiens qui ont tout perdu et être loin de chez moi m’a fait prendre conscience de l’importance de ces 40 jours de conversion et de mise à l'écart. Il prend une tout autre dimension en Irak !
Le carême évoquait souvent pour moi en France, une épreuve individuelle où chacun se place seul devant Dieu pour essayer de faire des efforts. Autrement dit, je considérais ces 40 jours comme un défi sportif qui serait à relever ou à réussir ! Je reprenais des efforts classiques comme : prier plus, manger moins de chocolat… Pourtant, si l’Eglise nous donne ces 40 jours de préparation avant Pâques, ce n’est pas pour que chacun se referme sur lui-même ! Au contraire, j’ai pris pleinement conscience qu’il s’agit d’un temps vécu collectivement, pour les autres et avec les autres. L’Irak est un vrai lieu de carême puisqu’ici on se décentre de soi même! Cela est d’autant plus vrai, que le carême vise à porter les autres dans la prière, et par nos efforts !
Bien sûr, au début j’avais choisi des résolutions « comme avant ». Mais rapidement, les résolutions de mon carême se sont adaptées à ce que j’étais en train de vivre ici, au contact des chrétiens déplacés, qui vivent leur carême de manière si concrète : ils jeûnent de leurs maisons, de leurs églises, de leurs villages. Il s’approchent également de ce temps de Pâques, signe de résurrection, car ils vont bientôt se réinstaller chez eux et reconstruire leurs maisons !
J’ai donc pris ce temps, laissé le tourbillon de la vie occidentale, sans savoir vraiment à quoi m’attendre, pour vivre mon carême par la charité en actes auprès de ces chrétiens persécutés. Et je n’en ai pas été déçue ! Je ne suis pas en train de révolutionner la vie des irakiens, je ne suis pas en train de sauver 50 enfants de la misère ou de la faim. Non. Mais la présence, le don de son temps, la prière pour eux, l’abstinence offerte pour eux, est quelque chose d’incommensurable. Que de grâces reçues, de joies offertes, tout en ayant le sentiment de n'avoir été qu'une petite goutte d'eau pendant ce carême en Irak.
Alors si j’avais une seule chose à dire à l’approche de Pâques : prenez le temps, selon vos possibilités, de vous abandonner à l’autre par votre service.
Amélie, 23 ans, volontaire en Irak pour SOS Chrétiens d’Orient