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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Le carême en renouveau face au ramadan ?

Le carême en renouveau face au ramadan ?

Du père Danziec dans Valeurs Actuelles :

Le carême constitue certainement l’une des périodes les plus significatives du cycle liturgique catholique. Dans un précieux petit ouvrage publié aux éditions Via Romana, Le carême au jour le jour, l’abbé Patrick Troadec souligne fort justement que ces quarante jours d’ascèse attirent et rebutent tout à la fois les chrétiens. Le carême attire car les fidèles savent « qu’il est porteur de grandes grâces » lorsqu’il est vécu dans de bonnes dispositions. Mais il répugne assurément aussi « en raison des sacrifices inévitables qu’il requiert ».

Le carême, dans sa dimension pénitentielle, a été – il faut l’avouer – passablement édulcoré depuis plus de 70 ans. N’y sont pas pour rien le contexte ad intra de l’Eglise et de sa crise existentielle dans le sillage du concile Vatican II et celui ad extra d’une société postmoderne férocement athée et en rupture de bans avec toute forme de transcendance. Pris dans cette tenaille, on aurait légitimement pu croire les jours du carême comptés.

« Dans le milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un été invincible » écrivait Albert Camus. Le carême est toujours vivant et atteste une fois encore que les plus fragiles étincelles ne brillent toujours de mille feux qu’au milieu des plus épaisses ténèbres. Outre le fait que la jeunesse catholique actuelle se sente de plus en plus décomplexée des lubies progressistes de leurs anciens, outre le fait que l’aurore nouvelle d’un monde sans Dieu peine à se montrer resplendissante, un fait supplémentaire – et inattendu (qui aurait cru en 1970 que la religion musulmane serait la religion la plus pratiquée sur le sol hexagonal ?) – participe de la résurgence spirituelle du carême catholique : la vitalité de l’islam.

« L’adversité fait l’homme, et la prospérité fait les monstres » méditait Victor Hugo. L’Eglise en France s’est crue en effet suffisamment prospère et installée pour croire aux vertus de l’enfouissement. Dans les années 70, l’heure était à la promotion d’un catholicisme fluide et non exigeant au motif qu’il serait plus attirant pour les masses. Cette démarche, déconnectée de la vie du Christ et de son Evangile, a montré ses évidentes limites. Affadir le sel n’a jamais donné le goût des choses de Dieu. En revanche, « L’adversité fait l’homme » explique le poète. A cet égard, les chiffres et les faits parlent d’eux-mêmes. Alors que le ramadan s’est ouvert le samedi 1er mars, un sondage Opinionway pour les magazines Hexagone et Marianne nous apprend que 23% des Français de moins de 35 ans déclarent fêter le ramadan. Au centre commercial Carrefour de Sens, ce sont des tapis de prière 70x110cm qui font l’objet d’une opération promotionnelle au milieu des fruits et légumes jusqu’au 31 mars (date de la fin du ramadan). A la Fnac de Nîmes, la littérature islamique fait, en ce moment et pour l’occasion, l’objet quant à elle d’un secteur entier de rayonnages.

Dans ce climat de présence conquérante de l’islam dans le quotidien des Français, des catholiques de conviction se refusent à rester les bras croisés. Non pas tant par une réaction qui se cantonnerait à un registre identitaire mais par un zèle missionnaire « qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4). Le fait religieux tendant à se désinhiber sous l’impulsion de l’islam, les catholiques auraient tort de ne pas en profiter.

Aymeric Pourbaix, dans son éditorial du dernier numéro de France Catholique, soulignait cette multiplicité de propositions de carême et leur rayonnement bienvenu. Oui, le carême est un temps pour (ré)apprendre à vivre en chrétien. Exodus, Virtus, Meditatio, Carême40, soirée de lancement du carême, veillée d’adoration, chemin de croix public, fraternité de prière : la proclamation semble de retour. La jeunesse catholique ferait-elle sienne les paroles qu’Hélie de Saint Marc lui confiait au soir de son existence ? « Que dire à un cadet ? Peut-être, avec pudeur, lui glisser dans la paume de la main deux ou trois conseils : mettre en accord ses actes et ses convictions ; pouvoir se regarder dans la glace sans avoir à rougir de lui-même ; ne pas tricher, sans doute le plus difficile ; pratiquer et tâcher de concilier le courage et la générosité ; rester un homme libre. » (L’Aventure et l’espérance, Les Arènes). La liberté intérieure, le but justement de la démarche spirituelle du carême.

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