Claude Pateau, directeur de la Schola Saint Grégoire, créée en 1938 et élevée en 1998 au rang d’Académie internationale de Musique sacrée, est interrogé par L'Homme nouveau sur le chant grégorien. Extraits :
"[Le chant grégorien] Est-il adapté à la vie de paroisse alors que plus personne ne connaît et ne pratique le latin ?
Ne pourrait-on pas renverser la question et se demander si nos paroisses sont bien adaptées au chant propre de la liturgie romaine, et sinon pourquoi ? Le chant grégorien fait partie intégrante de la liturgie romaine, il n’en est pas séparable, à la différence des autres répertoires de musique sacrée. Se demander si le chant grégorien est adapté à la vie de paroisse revient donc à se demander si la liturgie est encore utile au peuple de Dieu. Il y a là un renversement de perspective. Le primat du subjectivisme nous a fait prendre l’habitude de penser la liturgie en termes de créativité et non en termes de fidélité (ce qui ne veut pas dire rigidité). Le Saint-Père insiste beaucoup pour changer les mentalités sur ce point. Quant au latin, il connaît un certain renouveau dont témoigne notamment la liturgie papale (la liturgie de la messe de béatification de Jean-Paul II fut entièrement célébrée en latin). […]
Le chant grégorien est-il adapté aux deux formes du rite romain ?
Trop souvent on associe à tort le chant grégorien et le latin à la forme extraordinaire du rite romain. Or le même répertoire vaut tout autant pour la forme ordinaire. Par là, on conçoit que le chant grégorien puisse être un pont non négligeable entre les deux formes. Il est important que des chorales grégoriennes se créent dans les églises cathédrales et paroissiales. L’habitude du chant grégorien devrait aider les fidèles des deux formes à se rapprocher sans avoir peur les uns des autres."