Extraits des propos du pape François lors du chemin de croix au Panama, vendredi :
Le chemin de Jésus vers le Calvaire est un chemin de souffrance et de solitude qui se poursuit de nos jours. Il marche et il souffre en tant de visages qui souffrent de l’indifférence satisfaite et anesthésiante de notre société, une société qui consomme et se consume, qui ignore et néglige la douleur de ses frères.
Nous aussi, tes amis Seigneur, nous nous laissons prendre par l’indifférence et l’immobilisme. Les fois ne manquent pas où le conformisme nous a gagnés et nous a paralysés. Il a été difficile de te reconnaître dans le frère souffrant : nous avons détourné le regard, pour ne pas le voir ; nous avons trouvé refuge dans le bruit, pour ne pas l’entendre ; nous avons fermé la bouche, pour ne pas crier.
Toujours la même tentation. Il est plus facile et plus “payant” d’être amis dans les victoires et dans la gloire, dans le succès et sous les applaudissements ; il est plus facile d’être proche de celui qui est considéré comme populaire et vainqueur.
Comme il est facile de tomber dans la culture du bullying, du harcèlement et de l’intimidation, de l’acharnement sur celui qui est faible.
Pour toi ce n’est pas comme ça Seigneur, sur la croix tu t’identifies à toutes les souffrances, à tous ceux qui se sentent oubliés.
Pour toi ce n’est pas ainsi Seigneur, tu as voulu embrasser tous ceux que nous considérons souvent ne pas être dignes d’une embrassade, d’une caresse, d’une bénédiction ; ou, plus grave encore, ceux dont nous ne réalisons pas qu’ils en ont besoin, ceux que nous ignorons.
Pour toi ce n’est pas ainsi Seigneur, sur la croix tu rejoins le chemin de croix de chaque jeune, de chaque situation pour la transformer en chemin de résurrection.
Père, aujourd’hui le chemin de croix de ton Fils se prolonge :
Il se prolonge dans le cri étouffé des enfants que l’on empêche de naître, de tant d’autres qui se voient refuser le droit d’avoir une enfance, une famille, une éducation ; dans les enfants qui ne peuvent pas jouer, chanter, rêver…
Il se prolonge dans les femmes maltraitées, exploitées et abandonnées, dépossédées et niées dans leur dignité;
Et dans les yeux tristes des jeunes qui voient leurs espérances d’avenir confisquées par le manque d’éducation et de travail digne ;
Il se prolonge dans la détresse des visages de jeunes, nos amis qui tombent dans les réseaux de personnes sans scrupules – et parmi elles se trouvent également des personnes qui disent te servir, Seigneur – réseaux d’exploitation, de criminalité et d’abus, qui se nourrissent de leurs vies.
Le chemin de croix de ton Fils se prolonge dans de nombreux jeunes et de nombreuses familles qui, engloutis par une spirale de mort à cause de la drogue, de l’alcool, de la prostitution et du trafic, sont privés non seulement d’avenir mais aussi de présent. Et, comme ont été partagés tes vêtements, Seigneur, leur dignité s’est retrouvé éparpillée et maltraitée.
Le chemin de croix de ton Fils se prolonge dans les jeunes aux visages renfrognés qui ont perdu la capacité de rêver, de créer et d’inventer les lendemains et qui “prennent leur retraite” avec l’ennui de la résignation et le conformisme, une des drogues les plus consommées de notre temps. […]