L’abbé Paul Préaux est le modérateur général de la Communauté Saint-Martin depuis 2010 (il a été réélu pour un second mandat de six ans en 2016), communauté en plein essor qui a vu les 28 et 29 juin derniers onze ordinations de diacres et neuf de prêtres en son sein. Il est interrogé dans La Nef. Extrait :
Le pape François voit la cause principale de ce drame dans le « cléricalisme » et certains appellent à « désacraliser la figure du prêtre » (Sr. Véronique Margron) : qu’en pensez-vous et que pensez-vous de l’assouplissement du célibat sacerdotal que certains souhaitent dans ce même esprit ?
J’ai quelques raisons de craindre, en effet, que le fameux cléricalisme dénoncé légitimement par le pape ne devienne une sorte de fourre-tout au fond duquel s’amassent les théories les plus hasardeuses concernant l’Église, les sacrements, le sacerdoce. Et, parmi elles, il y a l’idée selon laquelle il faudrait penser un presbytérat libéré de l’autorité et du pouvoir que lui confère le sacrement de l’ordre. Par le sacrement qu’il reçoit, le prêtre agit au nom du Christ tête et, ce faisant, il signifie que l’Église ne se donne pas à elle-même le salut mais qu’elle le reçoit à chaque instant du Christ comme de sa source. Saint Jean-Paul II disait du prêtre qu’il est le signe de la priorité absolue et de la gratuité de la grâce. Par lui l’Église prend conscience dans la foi de ne pas exister par elle-même mais par la grâce du Christ. Et c’est ce qui place le prêtre non seulement dans l’Église au même titre que tous les baptisés parce qu’il est d’abord un baptisé, mais aussi face à l’Église (cf. Pastores dabo vobis n. 16). Le sacrement de l’ordre est à ce titre un sacrement structurant de l’Église qu’on le veuille ou non. Ce qui veut dire que l’Église est maintenue sub Christo, sous le Christ par le sacrement de l’ordre qui est constitutif de sa réalité profonde.
Quant au célibat ecclésiastique, il n’est pas d’abord une contrainte imposée par l’Église latine, mais un charisme, une grâce. Il est un trésor pour l’Église, une source d’une très grande fécondité mais il ne peut être vécu que dans la joie d’une vie pour l’amour du Christ pour l’humanité. Il ne peut être vécu que dans l’humilité et la miséricorde. Il nous revient, à nous prêtres, de témoigner que notre célibat n’est pas synonyme de frustration mais signe d’une proximité à tous, d’une sexualité qui n’est pas toute-puissance mais don de soi, d’une maîtrise de soi qui n’est pas refus mais ouverture à l’autre.
Collapsus
L’anti-cléricalisme de fait a été largement introduit par Vatican II avec la promotion du diaconat et la consécration de l’apostolat des laïcs. Cette tendance a largement déboulonné la figure sacrée du prêtre qui, dans beaucoup de paroisses, a dû laisser sa place à un diacre ainsi qu’à une équipe d’animatrices qui a posé son grappin sur l’organisation paroissiale et la plupart des tâches traditionnellement réservées au prêtre.
Ne nous étonnons pas que cette tendance ait tari le flux des vocations dans nos séminaires.
Cette lutte contre le cléricalisme n’est-elle pas aussi une façon de préparer l’abandon du célibat des prêtres ?
professeur Tournesol
Les diacres sont des clercs, pas des laïcs.
Pour le reste je vous suis, c’est bien que les laïcs s’investissent dans les paroisses, le scoutisme, etc, mais que chacun reste à sa place. Si le curé est chapeauté par les dames patronnesses, ça ne motive pas les jeunes à devenir prêtres.
Dans ma paroisse l’ “animatrice” siège en permanence dans le choeur parallèlement à M le Curé, ce qui lui donne l’air de concélébrer et de coprésider.