"58 % d’entre eux estiment le clivage « dépassé » – 35 % seulement sont d’un avis contraire. Il n’y a certes là rien de fondamentalement nouveau depuis le tournant de la rigueur en 1983 et, surtout, depuis la chute du mur de Berlin en 1989. Mais, que l’on soit centriste ou frontiste, sarkozyste ou écologiste, cette conviction est aujourd’hui majoritairement partagée. Il n’y a en réalité qu’une exception : les sympathisants socialistes sont les derniers à considérer majoritairement que le clivage gauche/droite reste pertinent – en 2007, les sympathisants UMP partageaient aussi cette conviction. D’un autre côté, pourtant, les Français sont encore pratiquants. Ils sont 74 % à accepter de se positionner à droite ou à gauche – comme si c’était moins l’existence que la lisibilité du clivage qui faisait problème. Surtout, lorsqu’on les interroge non plus sur la représentation qu’ils se font du clivage gauche/droite mais sur le jugement qu’ils portent sur la société, on constate qu’il existe bien une sensibilité de gauche et une sensibilité de droite – deux sensibilités qui se cristallisent autour de l’égalité, cette valeur que le philosophe italien Norberto Bobbio appelait « l’étoile polaire de gauche ». Quels sont les principaux problèmes que rencontre notre pays – au-delà de ces préoccupations communes que constituent le chômage et le pouvoir d’achat ? 43 % des sympathisants socialistes contre 20 % des sympathisants UMP répondent les inégalités sociales ; pour l’insécurité, les chiffres sont inversés – 19 % et 34 %. Quel est le jugement que l’on porte sur le fonctionnement de la société ? Négatif à gauche, en ce que, à 62 %, il aggrave les inégalités liées au milieu d’origine. Positif à droite, en ce que, à 63 %, il permet de les corriger ou, à tout le moins, de ne pas les aggraver. Quel serait un monde meilleur ? Un monde avec davantage de « solidarité », répondent les sympathisants socialistes ; davantage de « morale », rétorquent les sympathisants UMP ! Faut-il « prendre de l’argent aux riches » pour résoudre les problèmes budgétaires ? Les sympathisants socialistes sont presque unanimes – 83 % – à répondre oui ; les sympathisants UMP se partagent en deux parts quasi égales…"
Autre extrait :
"La France n’est pas conservatrice : ceux qui estiment que la société doit être laissée dans son état actuel ou aménagée à la marge ne sont que 28 %. Elle est réformiste : un peu moins de la moitié des Français (43 %) considèrent qu’il faut changer la société – dont 30 % « en profondeur » et 13 % « radicalement ». Mais elle est aussi réactionnaire au sens étymologique du mot : un petit tiers (29 %) défend l’idée qu’il faudrait « revenir en arrière ». Sur ce sujet, s’il y a un clivage, ce n’est pas entre la droite et la gauche, mais entre les partis républicains et le Front national qui compte 44 % de réactionnaires. Et s’il y a une évolution notable, c’est la percée des réactionnaires qui n’étaient que 13 % en 2007."
PK
Malheureusement, les chiffres donnent tort à ce sondage : les gens sont très largement conservateurs : la preuve, année après année, ils relancent la machine en élisant toujours les mêmes…
Preuve qu’entre l’envie, la volonté et l’action, il y a un pas que la plupart des gens sont incapables de franchir.
jean duma
Le tableau droite/gauche sur les taux de prélèvements est interessant mais simpliste dans son analyse gauche/droite. L’analyse de fond doit se faire sur le long terme, et prendre en compte les latences des déficits (nous payons toujours l’embauche massive de fonctionnaires en 1981), la structure démographique ultra-structurante, et l’appauvrissement lent dû à la balance commerciale déficitaire.
Sur les “réactionnaires”, ce mot est à balancer avec “pro-actionnaires”. Gérée par des administrateurs -d’Etat ou de grandes entreprises, c’est idem-, habitué depuis la fin de la guerre à un confort social déresponsabilisant (quel français moyen peut préciser sa protection sociale ?), la France n’a toujours pas vaincu son traumatisme post-2nde guerre mondiale, et reste souvent confinée dans la peur, et n’agit qu’en réaction.
tacitus
pas d’accord. la dialectique gauche droite est le fruit d’un esprit de gauche: est de droite celui qui n’est pas de gauche. On comprend ainsi le mot génial de Marcel Clément dès les années Sixtees, ” la droite française est la gauche de 89″. On comprend aussi pourquoi nos politiques sont soit de d’une gauche de droite, soit d’une gauche de gauche, la seule différence portant sur un capitalisme apatride ou un capitalisme d’état. Pour en sortir clairement, le règne social de Jésus-Christ est incontournable: même si comme en 36 en Espagne, gauche et droite seront unis contre tout état catholique, d’extrême droite obscurantiste à leurs yeux depuis 1789…
Sancenay
tout à fait d’accord avec “tacitus”.
tacitus
pour être plus clair et plus complet, le 2e pouvoir mondial après le capitalisme apatride (1er pouvoir) est le pouvoir médiatique, payé par le premier pour être résolument de gauche; aucun journalisme de droite ne peut subsister, sauf tolérance à portion congrue sous prétexte de liberté…Ces deux pouvoirs maîtrisent les pouvoirs politiques: d’où le glissement de Marine Le Pen, adoubée comme “de droite” mais non extrême…ou moins. Par
ailleurs combien de français votent socialiste en pensant voter “social”, sans voir encore que le socialisme mène tous les pays …à “la Grèce”???