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Pays : Syrie

Le combat de Mhardeh

Le combat de Mhardeh

La nuit tombe sur la Syrie. Au nord de la ville de Hama, une pluie glaciale balaie abondamment la petite ville de Mhardeh. Dans la voiture, je suis accompagné de Salem, un chrétien Damascène qui s’est battu pendant plus de cinq ans pour défendre cette ville, devenue un symbole de la résistance syrienne au terrorisme international.

Les contrôles militaires s’intensifient, jusqu’à ce que nous arrivions au bureau de Monsieur Simon, chef de la Force de Défense Nationale à Mhardeh. Nous sommes attendus, les soldats ouvrent le lourd portail. En descendant de la voiture, l’atmosphère pesante de la guerre s’estompe et nous entendons les phrases d’accueil syriennes caractéristiques, de celles qui vous font sentir chez vous instantanément. Accompagnés de trois soldats armés, nous commençons par nous recueillir devant l’arbre des martyrs. Une centaine de portraits à la mémoire de ceux qui sont tombés sous les bombes qui meurtrissent la ville depuis plus de sept ans. Je remarque celui d’une adolescente, à peine sortie de l’enfance, aux yeux bleus profonds. Nous nous recueillons quelques instants.

Monsieur Simon nous accueille dans son bureau à bras ouverts. D’instinct, cet homme inspire un respect immense, sans être inaccessible, bien au contraire. Au milieu de son cou, la cicatrice d’une balle qui n’a pas réussi à le tuer impressionne. Son sourire efface instantanément ce stigmate de la guerre. Monsieur Simon a survécu à trois tentatives d’assassinat. Il a organisé personnellement la défense de sa terre, de sa ville, de sa maison, des familles de Mhardeh.

Il nous parle simplement de sa vie de soldat, des épreuves que cela comporte, des difficultés matérielles, des entraînements de ses hommes. Il nous montre, amusé, la manière dont on parle de lui dans les médias pro-djihadiste, des soi-disant massacres dont on l’accuse, de la manière dont on le salit. On le croit inébranlable. Aux pires moments de la bataille de Mhardeh, il y a maintenant plusieurs années, Monsieur Simon a tenu là où même l’armée russe voulait reculer.

Nous échangeons ensuite avec les soldats. Etudiants, bouchers, boulangers, ingénieurs. La guerre leur a pris leur vie pour en faire des soldats. Forcés à l’héroïsme du champ de bataille. C’est peut-être justement cet attachement à leur ville, à leur métier, à leurs rêves, qui leur donne la force de se battre.

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Monsieur Simon nous emmène ensuite chez lui. Sa femme nous accueille comme si nous étions de sa famille. Plusieurs femmes de la ville sont là, venues chercher réconfort et soutien chez celui qui est devenu, de fait, le héros de la ville. Monsieur Simon prend dans ses bras son petit-fils, qui porte son nom. Le petit a neuf mois, il grandit doucement au son des frappes de missiles et de mortier, mais au milieu d’une famille aimante et forte. C’est une ambiance formidable, le retour du héros au foyer. Le chef de guerre reprend son rôle de grand-père et se laisse aller à des effusions touchantes avec le « petit Simon ». Il nous évoque son inquiétude : parce qu’il a résisté, ses enfants et ses petits enfants seront toujours sous la menace d’une vengeance.

Dans la maison, dissimulées aux yeux des enfants, les armes sont là qui rappellent le quotidien guerrier. Et si elles n’y suffisaient pas, les incessants appels radio ou téléphoniques que reçoit le chef de guerre suffiraient. Il répond à chacun d’entre eux, sans lâcher son petit-fils des bras.

Notre journée du lendemain à Mhardeh sera ponctuée de bombardements sur la ville et ses alentours. Les bruits sont parfois sourds et longs, parfois brefs et très forts. Nous effectuons le travail pour lequel nous sommes venus. La femme du chef nous conduit vers les familles dans le besoin que nous aidons de notre mieux par des donations. Chaque déplacement doit être rapide, il faut souvent s’abriter.

Aucune frappe ne tombera à notre proximité, et nous attendons les autorisations de la femme de Monsieur Simon, informée en direct, pour aller d’un point à un autre. On se rend compte des effets de l’ambiance pesante de la guerre sur ces civils. En fin d’après-midi, nous nous réjouissons avec les soldats en voyant de loin les tirs de missile que la Force de Défense Nationale envoie pour riposter aux attaques djihadistes. Derrière cette colline, à l’horizon, ce sont les positions terroristes.

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C’est une journée sans morts à Mhardeh, mais les dégâts matériels sont lourds. Une à deux fois par semaine, les terroristes violent le cessez-le-feu qu’ils ont eux-mêmes demandés.

Dépendant de décisions obscures prises par la communauté internationale, Mhardeh fait front. Pour défendre son mode de vie, sa communauté, sa ville et sa famille, le chrétien doit prendre les armes, et, s’il le faut, donner sa vie. La guerre est encore bien présente en Syrie.

Nous rentrons le lendemain à Damas, le cœur à cette ville et à ses défenseurs. Notre passage fut l’occasion d’estimer un peu mieux les besoins, et nous permettra de revenir avec une aide plus concrète aux soldats et aux civils de Mhardeh. En combattant sur leur sol le terrorisme international, ils défendent aussi tous ceux qui y font face, y compris les européens. Notre dette est immense, notre reconnaissance aussi.

Nous reviendrons. Mais en attendant, n’attendez pas, faites un don !

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1 commentaire

  1. Merci à ce Monsieur et à Monsieur Goodarzy qui sont des relais pour nous pauvres petits français à qui l’on serine à longueur de temps des inepties !!!! oui nos dons, nos prières et nos actions, si tant soit peu que nous puissions en faire !

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