Au terme d'une analyse à lire sur l'élection, Jean-Pierre Maugendre écrit :
"Nous sommes donc devant une perspective qui ne paraît offrir le choix qu’entre deux formes d’échec. La raison de fond de cette impasse n’est-elle pas, d’abord, que les électeurs catholiques ont cru faire leur devoir, tout leur devoir, de citoyen en votant pour le « moins mauvais » alors que ce vote n’aurait dû constituer que la partie émergée d’un plan plus vaste de reconquête des institutions. Pour peser, le vote catholique exige d’abord qu’il existe des catholiques, ensuite que ces catholiques soient conscients des conséquences politiques et sociales de leur baptême et prêts à les assumer contre les valeurs du monde. Sous ces deux aspects, les décennies passées n’ont guère été propices au maintien d’un réel pouvoir temporel du laïcat chrétien. Le nombre des catholiques n’a cessé de baisser et l’Épiscopat français n’a réussi à proposer comme modèle d’engagement en politique que Jacques Delors, militant socialiste et ancien président de la Commission européenne. Selon le recteur de l’Institut catholique de Paris, le père de Martine Aubry a ainsi « incarné les options prises par l’Église catholique au concile Vatican II ».
Les temps commencent certes à changer. Un catholicisme plus identitaire et décomplexé est en train d’émerger, rassemblant traditionalistes de différentes obédiences, jeunes et vétérans du combat pour la vie, familles qui assument leurs choix religieux et éducatifs contre « l’enfouissement » post-conciliaire et le Moloch étatiste, petits-enfants de Mai 68 à la recherche de certitudes et de transcendance… Nos ennemis ne s’y trompent pas. Frédéric Mitterrand ne vient-il pas de déplorer le changement de position de Nicolas Sarkozy sur le mariage homosexuel en déclarant : « On a reculé au dernier moment. Tout ça pour 0,1 % d’électeurs ultra-catholiques. »
Pour prospérer, ces communautés naturelles en voie de reconstitution ont besoin d’un espace vital, même réduit. Il s’agit peut-être là, en définitive, de l’enjeu majeur de ces prochaines élections : la survie ou non de ces communautés, écoles, paroisses… où se forgent les convictions, se fortifient les tempéraments et se transmet notre héritage national et religieux. C’est de ces communautés que peut jaillir la force politique, alternative au système, capable de peser dans l’avenir pour prendre la relève de dirigeants qui nous préparent un avenir au regard duquel la crise de 1929, la défaite de 1940 et l’Occupation risquent d’apparaître comme d’aimables péripéties."