Le 6 novembre 2018, le Comité Laïcité République a décerné ses prix de la Laïcité à deux écrivains de valeur :
- Grand Prix national remis à Georges Bensoussan, historien, ayant dirigé en 2002 “Les Territoires perdus de la République” et auteur en 2017 de “Une France soumise. Les voix du refus“
- Prix international remis à Boualem Sansal, auteur de “2084, la fin du monde” et “Le Train d’Erligen ou la Métamorphose de Dieu” (2018).
Extraits du discours de Georges Bensoussan :
« La patrie est dans la seule beauté d’un pays qu’on désigne sous ce nom, un paysage tissé de hameaux désertés et de monuments aux morts témoins d’une France disparue. Au-delà des racines et des lignées, du plateau d’Aubrac aux églises romanes ombragées de Charente, la patrie est là où souffle l’esprit qui nous réconcilie avec le monde. Et qui nous ordonne de parler encore du passé pour faire en sorte qu’il ne fasse pas de nous des êtres parlés.
Car penser, c’est prendre le risque de la solitude, le risque aussi de l’inquiétudequand l’acquiescement au consensus et à la doxa du temps vous délivre du doute et de l’isolement. Georges Bernanos notait à la fin de sa vie que « les voix libératrices ne sont pas les voix apaisantes, les voix rassurantes. Elles ne se contentent pas de nous inviter à attendre l’avenir comme on attend le train. L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait.
On ne subit pas : alors il nous faut reconnaître que « c’est l’ennemi qui nous désigne » (J. Freund), que c’est lui qui nous met au pied du mur et nous somme de combattre. Si « la condition de la liberté, c’est le courage » (selon le mot prêté à Périclès), il nous faut donc avoir aujourd’hui le courage de nommer le conflit qui nous a été déclaré parce que nous savons, depuis longtemps déjà, qu’« il faut choisir : se reposer ou être libre » (Thucydide). »
Extraits du discours de Boualem Sansal :
« La laïcité française serait l’objet de tentatives de révision diverses et variées toutes bien argumentées en première apparence, qui entendent l’inscrire dans une autre perspective, plus religieuse que civile. Ce qui peut se concevoir, pourquoi pas, rien n’est définitivement scellé. J’ai aussi entendu bien des gens, de plus en plus nombreux, dire qu’il serait bon que la France se dote d’une laïcité à la carte dans laquelle chaque religion puiserait ce qui lui convient. Ceci aussi peut se concevoir, pourquoi pas, il suffit d’accepter ce qui immanquablement en découlera, des conflits religieux en chaîne et une communautarisation totale de la société.
Le deuxième constat est que de tous côtés la France est sommée de renoncer à sa spécificité. Elle l’est par ceux des siens qui se reconnaissent maintenant une autre identité que française et elle l’est par les institutions internationales, comme la cour européenne de justice, la cour internationale de justice, par la commission des droits de l’homme de l’Onu, par la ligue islamique mondiale, et par des Etats prescripteurs tout-puissants que sont l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Iran, et d’autres encore.
Au vu de cela, la question se pose : la France peut-elle vivre sans sa spécificité et sa laïcité ? A mon avis non, elle serait vite colonisée, elle doit donc les défendre avec force. »
Remy
Contrairement à l’Arabie saoudite, au Qatar, il ne me semble pas que l’Iran soit un des etas prescripteurs qui “somment la France de renoncer à ses spécificités.