De la Fondation du Pont-Neuf :
L’intrusion de policiers armés dans une église au cours d’une messe est un phénomène inédit qui nous ramène aux heures sombres de la Révolution française.
Dimanche 19 avril, le père Philippe de Maistre, curé de la paroisse saint André de l’Europe à Paris, célèbre la messe dominicale en compagnie d’un servant, un chantre, un organiste et trois paroissiens faisant les lectures. Il prend soin de bien fermer les portes de l’église parce que les règles de confinement interdisent toute cérémonie ou rassemblement publics. Sur dénonciation d’un sympathique voisin faisant état d’une « messe clandestine » auprès du commissariat de police, les policiers débarquent en armes durant la cérémonie, demandent aux trois paroissiens de sortir et menacent de verbaliser le curé qui continue cependant de célébrer la messe.
Cette affaire appelle trois considérations :
Il y a confusion, dans l’esprit de beaucoup, entre messe privée et messe publique. Cette confusion est malheureusement entretenue par un flou juridique. Le décret n°2020-293 du 23 mars 2020 autorise les édifices du culte à rester ouvert et les fidèles à s’y rendre individuellement mais « tout rassemblement ou réunion en leur sein est interdit à l’exception des cérémonies funéraires dans la limite de 20 personnes ». Mais qu’est-ce qu’un « rassemblement » ou une « réunion » ? Un prêtre qui célèbre une messe privée en compagnie de servants, d’un chantre et d’un organiste organise-t-il une réunion ou un rassemblement ? Non, reconnaît penaud le ministère de l’intérieur, conscient de l’abus de pouvoir de ses troupes. Il est donc important de rappeler haut et fort comme l’a fait monseigneur Aupetit, archevêque de Paris, le 22 avril sur Radio Notre-Dame, que les messes privées ne sont pas, fort heureusement, interdites en France. Le prêtre doit juste respecter les règles de distanciation sociale et ne réunir que les personnes strictement indispensables à la liturgie, comme c’était le cas à Saint André de l’Europe dimanche 19 avril, où il n’y avait que sept personnes dans une église pouvant largement en accueillir plus de cinq cents. Ce sont uniquement les cérémonies publiques qui restent interdites jusqu’à nouvel ordre et l’Église catholique s’est strictement conformée à ces consignes. Il est donc absurde de parler de « messe clandestine » alors que le prêtre avait à bon droit fermé les portes de son église pour rester dans le cadre d’une cérémonie privée.
Par ailleurs, Saint André de l’Europe ne fait pas partie des 85 églises que possède la Ville de Paris mais appartient au diocèse de Paris. En effet, ancienne chapelle des Oblats de Marie-Immaculée construite à la fin du XIXe siècle, saint André a échappé aux lois du 2 janvier 1907 et 13 décembre 1908 qui ont confirmé, en l’absence de constitution d’associations cultuelles de la part de l’Église catholique, la propriété des communes sur les églises paroissiales et les chapelles. En entrant, sans y être invités, dans l’église saint André de l’Europe, les policiers ont donc violé le domicile privé d’une association, ce qui tombe sous les sanctions de l’article 432-8 du code pénal qui incrimine « le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, agissant dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa mission, de s’introduire ou de tenter de s’introduire dans le domicile d’autrui contre le gré de celui-ci hors les cas prévus par la loi ». De plus, l’agissement des policiers constitue, sur le plan administratif, une voie de fait, c’est-à-dire une illégalité manifeste de l’administration commise dans l’accomplissement d’une opération matérielle d’exécution qui porte gravement atteinte au droit de propriété et emporte comme conséquence un dessaisissement des juridictions administratives au profit des juridictions judiciaires. Le diocèse pourrait donc, s’il le souhaite, porter l’affaire devant les tribunaux de l’ordre judiciaire qui sont gardiens des libertés individuelles, en vertu de l’article 66 de la constitution.
Enfin, les policiers n’ont pas le droit d’entrer en armes dans une église, cela résulte des lois de laïcité de 1905 et 1907 qui ont, heureusement laissé au curé la charge de la police des cultes à l’intérieur de son église. Ce n’est qu’à la demande expresse du curé qu’une intervention de la force publique est possible sauf si l’ordre public est menacé – par exemple en cas de terrorisme ou de risque d’effondrement de l’église -, ce qui est difficile à soutenir s’agissant d’une cérémonie privée ne regroupant que sept personnes.
« On va peut-être arrêter ce cirque, et sinon, aboyer très fort » a tonné hier Mgr Aupetit. Il a raison, on est dans une situation totalement absurde et gravement illégale. D’autant qu’il y a, par ailleurs, un laxisme évident quant à l’application des règles de confinement dans certaines banlieues. Le deux poids deux mesures du ministère de l’intérieur ne peut plus durer, on ne peut être fort avec les faibles et faible avec les forts.
Enfin, on relèvera cette absurdité qui consiste à vouloir rouvrir les écoles et les entreprises à partir du 11 mai mais pas les lieux de culte censés pouvoir reprendre leurs cérémonies publiques à la mi-juin. Comme s’il était impossible de respecter les gestes de distanciation sociale dans les églises et beaucoup plus évident dans une école, un supermarché ou une entreprise ! Disons-le, cette mise à l’écart des cultes témoigne d’un mépris pour la dimension spirituelle de la personne, typique d’une société pour laquelle les activités cultuelles sont devenues accessoires au regard des vraies préoccupations des gens qui ne seraient que d’ordre matériel. Nous mourrons tôt ou tard de ce matérialisme !
Faliocha
Un phénomène inédit qui ramène à la Révolution? Vraiment? Oui, pour les moutons post-conciliaires nouveau rite ! Chez les catholiques traditionnels, on est en quelque sorte habitué au phénomène. On a vu le prêtre arraché de l’autel et traîné dehors pendant la consécration à Port-Marly. On a eu la guerre des nerfs à St Nic, et plus récemment, un combat sans merci à Niafles après la mort de l’abbé Chéhère (et je ne cite que les plus connus). Alors les exactions des nervis du Comité de Salut Public (oui, le salut, la santé quoi : Big Brother se préoccupe beaucoup de votre santé : lavez-vous les mains, toussez dans votre coude et évitez les églises où vous pourriez attraper froid ou Corona), ça ne nous surprend pas, nous ! Mais ça leur fait bizarre, à eux, ils sont tellement habitués à être les bisounours amis de tout le monde !
professeur Tournesol
Les tradis sont tellement persécutés qu’on les laisse occuper illégalement St-Nicolas du Chardonnet depuis plus de 40 ans . Arrêtez de vous prendre pour des martyrs de la Révolution.
incongru
“Sur dénonciation d’un sympathique voisin”…qui ne savait pas qu’il voisinait une église, où les précédents dimanches, et peut être aussi en semaine des messes ont été dites…
de qui se moque-t-on ? il est évident que le culte catho, pour parler jeune, dérange énormément en ces temps-ci
alors, que l’archevêque s’indigne sur une radio Kto, bien, mais une action plus audible de tout le monde, et du gouvernement surtout, devrait être entreprise : c’est la 2ème fois, en peu de temps…doit-on tendre l’autre joue, ou réagir légalement, puisque c’est comme cela que ça se présente ?
ne nous faisons pas d’illusion, cette “bavure” administrative n’est pas un hasard
incongru
re (je lis les articles dans le mauvais ordre)
l’article de la supplique pour être autorisé à assister à nouveau à la messe est caractéristique : nous devons EXIGER de pouvoir de nouveau assister à la messe, comme d’aller dans les temples de la consommation !!!
Gaudete
ces pauvres policiers c’est un pois chiche qu’ils ont à la place du cerveau, pourquoi ils ne vont pas dans les banlieues, c’est plus facile d’em….. les pathos pauvres types
professeur Tournesol
“L’intrusion de policiers armés dans une église au cours d’une messe est un phénomène inédit qui nous ramène aux heures sombres de la Révolution française.”
je suis le premier à condamner cette action illégale de policiers, mais de là à comparer à la Révolution … Les prêtres réfractaires risquaient un peu plus qu’une amende de 135 €… C’est aussi ridicule que quand les gauchistes crient au “retour aux heures les plus sombres de notre histoire” dès qu’on arrête un sans-papier.
J’espère que ces policiers qui manifestement ne connaissent rien au droit seront sanctionnés par leur hiérarchie et que que Castaner présentera des excuses à l’Eglise.
DUPORT
Nous avons déjà vécu cela à Port Marly et également à Saint Nicolas, sauf que dans ce dernier cas on a évité in extrémis l’assaut des forces de l’ordre.
MEIERS
Il faut bien voir que depuis 1789 existe un état de guerre latent entre l’état français et l’Eglise catholique soit depuis plus de 230 ans. Comme lors de la Guerre de Cent ans il est clair que cet état de bélligérance n’était pas continu, mais passait par des phases d’apaisement, d’armistice, voire de réconciliation apparente. Par exemple après 1905, séparation de l’Eglise et de l’Etat on a connu la brutalité des Inventaires des biens d’Eglise; à l’inverse l’anticléricalisme se mis un peu en sourdine lors de la Grande Guerre où l’on avait besoin de l’esprit de sacrifice des Catholiques pour la survie de la France! De même après la Seconde Guerre mondiale, le rôle des Catholiques dans la Résistance, la force politique du MRP (Mouvement Républicain Populaire) et les besoins de la reconstruction réduisit l’anticléricalisme actif. Si l’on croit par contre, comme l’Eglise conciliaire, que la hache de guerre entre les Républicains idéologiques, Francs-Maçons, et le Catholicisme est définitivement enterré s’expose à de lourdes désillusions!
Gaudete
@ professeur tournesol, chastement va présenter des excuses, avez-vu un mafiosi présenter des excuses à celui qu’il vient de refroidir?
professeur Tournesol
Selon Alateia, le commissaire a présenté des excuses (je préférerais celle du ministre mais c’est mieux que rien)
Reine Tak
En ces temps si difficiles pour les chrétiens, je demande à tous les amis du Salon Beige d’avoir une pensée et une prière pour les Arméniens exécutés, parce que chrétiens, lors du génocide de 1915 et pour leurs descendants qui ne peuvent aujourd’hui assister à la messe de commémoration de leur sacrifice.
Que le Seigneur vous bénisse.