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Liberté d'expression

Le CSA, bubon soviétoïde

Le CSA, bubon soviétoïde

Le CSA a rendu publique le 25 septembre une décision de mise en demeure de RMC, à propos d’une émission Les Grandes Gueules diffusée le 21 mai 2019 ; décision prise le 24 juillet 2019 :

« Les plaignants déploraient les propos que le chroniqueur Daniel Riolo a tenus face à M. Ian Brossat, candidat tête de liste du Parti Communiste aux élections européennes de 2019. M. Riolo avait soutenu que le Parti communiste français avait participé à la « collaboration avec les nazis » durant la Seconde Guerre mondiale ».

Constatons d’abord une rapidité presque surnaturelle, quand on sait par exemple que c’est le même 24 juillet qu’a été prise une décision du même CSA concernant la diffusion le 15 décembre 2018 (soit 7 mois auparavant…) dans le 19/20 de France 3 (service dit public) d’une photographie dans laquelle on voyait en arrière-plan un manifestant muni d’une pancarte sur laquelle figurait l’inscription « Macron » : c’était le caviardage volontaire d’une photo authentique sur laquelle l’inscription complète était « Macron, dégage ».

Deux aspects sont particulièrement intéressants dans la décision concernant Les Grandes Gueules :

  • Le premier, constant dans la jurisprudence du CSA mais particulièrement mis en évidence dans ce cas-là, concerne la justification de la mise en demeure prononcée à l’encontre de RMC. Ce n’est pas directement l’affirmation elle-même qui est incriminée mais le fait que « la présentation à l’évidence polémique de faits historiques, sans intervention de la part des présentateurs, traduisait un manquement de RMC et RMC Story à leurs obligations s’agissant de la maîtrise de l’antenne. En conséquence, le Conseil a mis en garde les responsables de ces deux services sur la nécessité de présenter de manière honnête les questions historiques et d’assurer, en toutes circonstances, la maîtrise de l’antenne». Autrement dit, et c’est très subtil, le CSA ne censure pas des propos : il demande à chacun des animateurs de chaînes de veiller à la censure ou bien à la correction immédiate de propos dont ils pourraient penser que le CSA va les juger polémiques. C’est véritablement une trouvaille de génie pour la bien-pensance. Car, fondamentalement, qu’est-ce qui peut être à l’évidence polémique si ce n’est un propos contraire à la doxa ?
  • Le deuxième aspect porte sur le sujet de ce qui a été évoqué : à savoir la collaboration du PCF avec l’Allemagne nazie, à comprendre bien sûr par ricochet de la collaboration entre Allemagne nazie et Union soviétique. Que dit le CSA sur le sujet ? D’une part, rappeler cette collaboration relève d’une « présentation à l’évidence polémique» ; et d’autre part, le CSA rappelle « la nécessité de présenter de manière honnête les questions historiques », ce qui sous-entend ipso facto que l’intervention de M. Riolo a été malhonnête.

Or, certains aspects de la période de la seconde guerre mondiale sont depuis toujours le domaine d’une omerta dirigée par la gauche. Prenons deux exemples assez illustratifs :

  • Le 3 novembre 1998, lors d’un débat au Sénat sur la décentralisation, un sénateur RPR ayant cité le Front populaire, Pierre Mauroy intervient : « Ne parlez pas du Front populaire ! C’était une période extraordinaire et, dans la mémoire des Français, le Front populaire reste le gouvernement le plus aimé. Telle est la réalité !». Jean Chérioux (RPR) intervient : « Il s’est terminé par Vichy ! », ainsi que Philippe Marini (RPR) : « Seuls quatre-vingts parlementaires n’ont pas voté les pleins pouvoirs à Pétain. » Et Pierre Mauroy de s’exclamer : « Jamais vous ne devriez dire cela ! ».
  • Le 12 novembre 1997, Lionel Jospin, Premier ministre, répond à une interpellation faisant suite à la parution du livre Le livre noir du communismeUn député lui a demandé : « Qu’avez-vous l’intention de faire pour que soient établies les responsabilités de ceux qui ont soutenu ces abominations, qui que ce soit et où que ce soit ?». Lionel Jospin répond : « Le mouvement commencé en 1917 par une révolution a joué dans l’histoire de ce siècle un rôle majeur. Il a occupé une place énorme dans nos manuels (sic !)et mobilisé des millions d’hommes, des intellectuels et des créateurs dans notre pays. Il a été une référence dans notre histoire car, au moment où l’Allemagne nazie était notre adversaire, l’Union soviétique était, quoi qu’on pense sur la nature de son régime, notre alliée ».

Par son soutien à un long révisionnisme de gauche concernant l’histoire du Pacte soviéto-nazi parfaitement démontré par L.Jospin, le CSA s’exprime non pas comme une autorité de justice administrative mais comme une autorité de justice politique. Il veut entraîner tous les responsables des media audiovisuels français à adopter la même attitude de censure.

Il est raisonnable de penser que si le CSA avait existé en 1949, Victor Kravchenko eût perdu son procès : ce gars-là était vraiment trop polémique !

Il est bien sûr inquiétant de savoir que, dans la proposition de loi visant à lutter contre la haine sur internet, déjà adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale, des pouvoirs supplémentaires de contrôle sont prévus pour le CSA. Le bubon va s’étendre.

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