Psychiatre en chef du département de psychiatrie pour adolescents de l’hôpital universitaire de Tampere, en Finlande, le Dr Riittakerttu Kaltiala alerte sur le danger des traitements de changement de genre pour les mineurs.
En 2011, des cliniciens néerlandais ont publié un article selon lequel les jeunes souffrant de dysphorie de genre pouvaient recevoir des bloqueurs de puberté puis un traitement hormonal pour « commencer à vivre leur vie de transgenre plus tôt et de manière plus crédible ». Ce « protocole néerlandais » basé sur une étude comprenant un petit nombre de jeunes, la plupart de sexe masculin, est alors adopté au niveau international comme un traitement de référence.
Le ministère des Affaires sociales et de la Santé finlandais suit le mouvement et crée un programme national sur le genre en pédiatrie. Le Dr Riittakerttu Kaltiala se voit alors confier la mise en place d’un service consacré aux traitements de changement de genre pour les mineurs. « Pionnière » dans ce domaine, elle a rencontré et évalué plus de 500 adolescents qui envisageaient un changement de genre.
« Malgré tout, je me posais de sérieuses questions à ce sujet. On nous disait d’intervenir dans des corps sains et fonctionnels simplement sur la base des sentiments changeants d’une jeune personne à propos de son sexe ». Or « la réalisation de l’identité est l’aboutissement du développement réussi de l’adolescent, et non son point de départ ».
Dès la création de son service, les patients sont arrivés en masse et, contrairement à l’étude de base, 90% des patients étaient des filles principalement âgées de 15 à 17 ans. De plus, la plupart présentaient également des troubles psychiatriques graves, des troubles du développement, des difficultés scolaires ou souffraient de dépression, d’anxiété ou de troubles alimentaires.
« Un grand nombre d’entre eux présentaient des troubles du spectre autistique » et « peu d’entre eux avaient exprimé une dysphorie de genre jusqu’à ce qu’ils l’annoncent soudainement à l’adolescence ».
Alors que beaucoup de professionnels de santé se sentaient « déconcertés par cette situation », « personne ne disait rien publiquement » souligne-t-elle. La médecine du genre commençait à se politiser créant un sentiment de pression.
« Nous doutions de notre formation, de notre expérience clinique et de notre capacité à lire et à produire des preuves scientifiques ». « En tant que médecin, j’ai pu constater que [la situation des patients] était pire. Ils se retiraient de toutes les activités sociales. Ils ne se faisaient pas d’amis. Ils n’allaient pas à l’école ».
Inquiète, elle a mené des recherches avec des collègues finlandais et publié une étude en 2015 soulevant plusieurs questions sur les traitements de changement de genre. Ils ont par exemple constaté que plus d’un quart de leurs patients présentaient des troubles du spectre autistique. A la même période, ils ont observé un phénomène de « contagion sociale ».
L’année suivante, les deux services pédiatriques spécialisés dans les questions de genre en Finlande ont modifié leurs protocoles préférant orienter les jeunes vers une consultation psychiatrique avant de leur proposer un traitement de changement de genre. Des mesures critiquées par des militants, des hommes politiques et des médias. Mais « les traitements médicaux doivent être fondés sur des preuves médicales et (…) la médecine doit constamment se corriger » note le Dr Riittakerttu Kaltiala.
Huit ans après l’ouverture du service, d’anciens patients ont commencé à venir pour retrouver leur sexe de naissance. Ces « détransitionneurs » représentaient un « type de patients qui n’était pas censé exister » note la psychiatre finlandaise en faisant remarquer que « les auteurs du protocole néerlandais ont affirmé que les taux de regret étaient infimes ».
En juin 2020, le Council for Choices in Health Care (COHERE) finlandais a publié ses recommandations après avoir été saisi en 2015 puis en 2018 par le Dr Riittakerttu Kaltiala. Il conclut que les études vantant le succès du modèle de traitement de changement de genre « étaient biaisées et peu fiables ». Le rapport indique que, désormais, les jeunes doivent être informés de « la réalité d’un engagement à vie dans une thérapie médicale, de la permanence des effets et des effets indésirables physiques et mentaux possibles des traitements ». Il met également en garde contre le fait qu’à l’adolescence, le cerveau des jeunes est en pleine maturation de telle sorte qu’ils n’ont pas la capacité d’évaluer correctement les conséquences des décisions définitives.
Enfin, le COHERE reconnaît les dangers liés aux traitements de changement de genre pour les mineurs souffrant de graves maladies mentales. Par conséquent, il conclut que ces traitements ne devraient être autorisés qu’à partir de l’âge adulte.
Des études similaires ont été menées au Royaume-Uni et en Suède. Cependant, aux Etats-Unis, l’Académie américaine de pédiatrie s’est montrée hostile à ces conclusions. Une position qui interroge le Dr Riittakerttu Kaltiala qui se dit « troublée par la façon dont les cliniciens spécialistes du genre avertissent régulièrement les parents américains que le risque de suicide est extrêmement élevé s’ils s’opposent à la transition de leur enfant ». En effet plusieurs recherches montrent qu’en réalité le suicide est très rare.
Alors que, cette année, l’Endocrine Society of the U.S. a réitéré son soutien au traitement hormonal de changement de genre pour les mineurs, le Dr Riittakerttu Kaltiala a signé une lettre de réponse avec 20 experts de neuf pays.
« Toutes les analyses systématiques des données à ce jour, y compris celle publiée dans le Journal of the Endocrine Society, ont conclu que les données relatives aux avantages des interventions hormonales sur la santé mentale des mineurs étaient peu ou très peu sûres ».
« La transition de genre est devenue incontrôlable » dénonce le Dr. Riittakerttu Kaltiala.
Source : Gènéthique