Cyril Farret d’Astiès vient de faire paraitre aux Presses de la Délivrance une réédition revue et largement augmentée de son essai sur la liturgie, intitulé La Joie de Dieu. Entretien :
Pourquoi cette nouvelle édition sous un nouveau titre ?
La première édition était parue à l’occasion des cinquante ans du nouveau missel. Elle s’intitulait conjoncturellement « Un heureux anniversaire ? » et a connu deux éditions consécutives. En 2021 était promulgué Traditionis custodes, le motu proprio du pape François destiné à éradiquer non seulement la législation de ses prédécesseurs mais la liturgie traditionnelle elle-même.
La question liturgique qui était devenue presque un sujet de niche dans les années 2010 (plusieurs éditeurs avaient refusé mon manuscrit en raison de l’absence de lecteurs) est redevenu, grâce à la méchanceté du pape François pour paraphraser Jean-Pierre Maugendre, un sujet d’intérêt et d’étude. Plusieurs ouvrages depuis 2021 ont connu une certaine notoriété.
Je me suis donc attelé à reprendre mon travail pour l’approfondir (le nombre de pages a pratiquement doublé) et l’actualiser. Mais je voulais également insister sur un fait positif : notre position fondamentale n’est pas contre la liturgie de Paul VI, notre démarche est orientée vers la diffusion de la liturgie traditionnelle qui est le bien commun de tous les catholiques latins (« Todos, todos, todos ! »). D’où le choix de ce titre de « Joie de Dieu » qui est davantage tourné vers notre Créateur que contre la réforme liturgique, perfectible à bien des égards.
Comment est structuré votre essai ?
Il est constitué de neuf chapitres qui conduisent par étape le lecteur du constat effroyable de la crise que nous subissons, jusqu’à la description d’une partie des trésors que renferme la liturgie traditionnelle. Dans l’intervalle je propose au lecteur une chronologie détaillée des événements et des textes principaux qui conduisent logiquement du Concile de Vatican II jusqu’àTraditionis custodes. J’aborde également une description factuelle des principales caractéristiques de la réforme de Paul VI, son esprit naturellement, mais surtout sa lettre.
Avec le synode sur la synodalité et bien d’autres aspects du présent pontificat, le problème essentiel n’est-il pas ailleurs aujourd’hui ? La question liturgique est-elle si importante ?
La crise, assurément, touche aujourd’hui tous les aspects de la vie de l’Église. Tout s’effondre, partout : vocations, pratique, catéchisme, morale, art… Et en s’effondrant, le catholicisme emporte avec lui la civilisation. Je ne crois pas cependant que l’effondrement soit imputable au seul pape François. Des historiens et des sociologues de renom et d’origines biens variées voient dans le concile, son contexte, ses décisions et son application l’origine de cette bascule.
La cause première, essentielle, fondamentale de l’effondrement en est le dévoiement du culte. Dieu n’est plus au centre. La préoccupation pastorale, qui est essentiellement communautaire, a conduit les réformateurs à détourner à son profit la prière publique de louange que l’Église offre à Dieu. La célébration face au peuple, qui n’est qu’un aspect de la réforme, en est une manifestation éclatante. La liturgie, évidemment, n’est pas l’unique combat à mener, il est en revanche le plus important car il concerne Dieu Lui-même et le rapport que nous entretenons avec Lui. Tout le reste en découle.