Le Cardinal Tauran répond à La Croix :
"138 musulmans viennent [d’écrire au Pape] pour proposer des domaines de discussions théologiques communs. […]
C’est une initiative positive, dans la mesure où le texte propose une coopération à partir de valeurs communes : reconnaissance du Dieu unique, amour de Dieu pour chaque homme et nécessité d’aimer son prochain. Un aspect qui m’a particulièrement frappé est que, peut-être pour la première fois, un texte signé par des musulmans présente le Jésus de l’Évangile avec des citations du Nouveau Testament, et non pas à partir de citations du Coran. En outre, ce texte est signé à la fois par des musulmans sunnites et des musulmans chiites […] Nous-même avons, comme chrétiens, à manifester que Jésus-Christ nous révèle Dieu de manière complète et définitive.
Dire que le Christ révèle Dieu de manière complète, n’est-ce pas barrer toute perspective au dialogue ?
Non, car dans le même temps, nous reconnaissons les valeurs qui sont dans les autres religions, comme une préparation à l’accueil de la Bonne Nouvelle du Christ […] ; considérer tout croyant comme notre prochain, et non un adversaire ou un concurrent ; partir de nos valeurs communes. Le pape est très attentif à ce que nous ne tombions pas dans le relativisme. […]
Les musulmans n’acceptent pas que l’on puisse discuter sur le Coran, car il est écrit, disent-ils, sous la dictée de Dieu. Avec une interprétation aussi absolue, il est difficile de discuter du contenu de la foi… […] Nous ne devons pas mettre notre drapeau dans la poche, et manifester clairement celui en qui l’on croit. Enfin, lorsque l’on regarde l’enseignement du pape, se dessinent quelques domaines de réflexions avec les religions non chrétiennes : le caractère sacré de la vie ; cultiver des valeurs fondamentales, comme par exemple, la famille, la place de la religion dans l’éducation…
L’exigence de réciprocité doit-elle être mise en avant par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux ?
[…] Il est fondamental, lorsque l’on dialogue entre croyants, de dire que ce qui est bien pour les uns l’est aussi pour les autres. Il faut par exemple expliquer aux musulmans que, si eux-mêmes ont la possibilité d’avoir des mosquées en Europe, il est normal que des églises puissent être édifiées chez eux."