Dans un communiqué, Gaëtan Dussausaye s'inquiète de ce qu'un nombre trop important de nos jeunes citoyens accorde une supériorité aux lois religieuses sur les lois civiles… Voilà qui nous rappelle le laïcisme de Jacques Chirac, s'exclamant en 1995 :
« Non à une loi morale qui primerait la loi civile et justifierait que l’on se place hors de la loi. Cela ne peut se concevoir dans une démocratie laïque »
Il y a quelques jours déjà, Gaëtan Dussausaye estimait que les clercs devaient se taire dans le débat public. Le laïcisme fait-il donc désormais partie de la doxa du FN ?
Dans Les deux démocraties (1977), Jean Madiran dénonçait déjà ce totalitarisme de notre démocratie
« Que « la loi » soit « l’expression de la volonté générale », et seulement cela, et nullement autre chose, est une grande nouveauté dans l’histoire du monde. Cette proclamation de 1789 n’a pas inventé la démocratie, elle lui a donné un autre contenu. Elle a imposé dans la vie politique une morale nouvelle et un nouveau droit. Toujours, dans toutes les civilisations jusqu’en 1789 (et ensuite encore, mais par survivance de plus en plus fragile, de plus en plus implicite), la loi était l’expression d’une réalité supérieure à l’homme, d’un bien objectif, d’un bien commun, que l’homme traduisait, interprétait, codifiait librement, mais non arbitrairement. Le législateur faisait ce qu’il pouvait, pas toujours ce qu’il devait : mais sa fonction reconnue était de formuler de grands impératifs qu’il n’avait pas inventés, mais découverts, à moins qu’il ne les ait simplement reçus comme Moïse sur le Sinaï. La loi était l’expression humaine de la volonté de Dieu sur les hommes, conformément à la nature qu’il leur a donnée, à la destinée qu’il leur veut. Quand Dieu était inconnu ou méconnu, la loi demeurait néanmoins l’expression d’une raison, d’une justice, d’un ordre supérieurs aux volontés humaines ».
Et Antigone déjà, au Ve siècle avant JC, bravant les ordres du roi Créon de refuser toute sépulture à son frère Polynice, s’écrie :
« Je n’ai pas pensé que tes décrets avaient un tel pouvoir qu’ils puissent autoriser un mortel à fouler au pied les lois non écrites et immuables des dieux »
Saint Thomas d’Aquin, dans sa « Somme théologique », écrit que
« la législation humaine ne revêt le caractère de loi qu’autant qu’elle se conforme à la juste raison; d’où il apparaît qu’elle tient sa vigueur de la loi éternelle. Dans la mesure où elle s’écarterait de la raison, il faudrait la déclarer injuste, car elle ne vérifierait pas la notion de loi; elle serait plutôt une forme de violence »