De Denis Sureau dans L'Homme Nouveau :
"Connaissez-vous la laïcité à géométrie variable ? Des voix se sont fait entendre dans l’Église contre l’expulsion de Roms. Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, a jugé sur un ton rad’soc’, que c’était une atteinte à « la séparation totale de l’Église et de l’État ». Mais point l’ex-Grand Maître du Grand Orient de France (GODF), Jean-Michel Quillardet, qui défend « la liberté d’expression de l’Église » en précisant : « On aurait tort de voir là une violation de la loi de 1905 ». Nous sommes rassurés. La gauche la plus laïciste emboîte le pas. Même Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche et grand mangeur de curés, affirme n’avoir « jamais été hostile au fait que les religieux s’expriment », les jugeant « dans leur rôle lorsqu’ils produisent un discours moral sur la vie dans la société ».
Or l’Église n’a pas besoin d’autorisation pour parler. Elle ne cherche à plaire ni à droite, ni à gauche. Puisque rien de ce qui est humain ne lui est étranger, c’est à elle de décider quand et comment elle doit s’exprimer, et sur quel sujet. Elle ne reconnaît pas à l’État un domaine réservé où sa parole serait inopportune. Elle refuse le confinement dans les sacristies où le pouvoir séculier cherche à l’enfermer. Toutefois, si l’Église est libre d’enseigner à temps et à contretemps, encore est-il nécessaire qu’elle ait un souci de rigueur dans l’expression et de fidélité à l’Évangile et à la Tradition. Rien ne serait plus fâcheux qu’elle se discrédite par des propos incertains dictés par l’émotion. L’Église a le droit de parler mais aussi le devoir de bien parler."