Robert Redeker s’oppose au droit de vote aux étrangers :
"L’étrange projet de vouloir accorder le droit de vote aux étrangers lors des élections locales exige d’être passé au crible de la critique. Rien ne semble plus en accord avec l’air du temps, l’éloge obligatoire du métissage dans tous les domaines. Mais cette inféodation à une idéologie dominante, aussi bariolée qu’euphorisante, qui suppose que la vie politique est une perpétuelle fête de la musique, masque mal la nature véritable de ce projet.
Posons la question : est-il cohérent d’accorder […] le droit de vote aux élections locales et de le refuser aux élections nationales ? Une telle mesure introduirait une véritable schizophrénie dans le concept de citoyenneté. […] Elle instituerait deux séries de citoyens ; par suite, elle fabriquerait des citoyens de seconde zone qui ne manqueraient pas de réclamer rapidement de devenir des citoyens à part entière. […]
Ignorant l’essence de la souveraineté populaire, désireux de créer deux formes de citoyenneté, les supporteurs du droit de vote aux étrangers argumentent ainsi : ces étrangers résident dans une commune, y paient des impôts, y envoient leurs enfants à l’école, y font vivre les commerces, donc ils sont des citoyens dotés du droit de vote. Il s’agit d’un sophisme définissant la citoyenneté par la matérialité des conditions d’existence. […]
La différence entre le citoyen, membre du corps politique, et le simple habitant, payant ses impôts, passe par un élément qui n’est pas simplement matériel, qui s’inscrit dans un ordre du symbolique, la nationalité. Étant de type symbolique, la nationalité tresse un lien beaucoup plus fort que celui résultant des simples conditions matérielles d’existence. Ces dernières ne produisent que du lien social, alors que la nationalité produit du lien politique. C’est seulement quand un homme possède la nationalité, autrement dit qu’il est attaché au corps politique par un lien symbolique qui engage à vie tout son être, qu’il est en mesure d’obtenir le droit et le devoir de vote. […] Son adoption […] rendrait la nationalité inutile, détruirait le lien politique au profit du lien social, menacerait le corps politique en le diluant dans le corps social.