Le « Cercle Thémis », association étudiante de la faculté de Droit de Montpellier, écrit :
"Le droit naturel dérange parce qu’il renvoie l’homme à lui même ; ce qu’il est et ce qu’il est appelé à faire ici-bas. En définitive il veut resituer l’être humain dans l’espace d’une création qui lui impose des limites physiques voire même surnaturelles. On peut le dire, il y a quasiment une dimension eschatologique dans le droit naturel. Il y a la recherche de la Vérité qui veut mener l’homme vers le bonheur et modérer les errements de l’homme à travers ses passions. En effet tandis que les siècles et les hommes passent, le droit naturel, lui, a vocation à rester. Il propose d’offrir aux législateurs comme aux citoyens une interrogation permanente sur le juste et l’injuste : jusqu’où puis je aller dans ma liberté ? A partir de quel moment dois-je m’arrêter d’agir ?
C’est ainsi que dans le relativisme ambiant où tout est sujet à débat et remis en question, le droit naturel s’impose comme le fil d’Ariane rassurant et protecteur d’une société qui sait où elle va. Cela rejoint en définitive l’interrogation actuelle sur l’écologie : l’homme peut aller très loin dans la technique, mais doit-il pour autant tout faire s’il risque de se détruire lui-même ?
L’interrogation juridique pourrait être la suivante : le droit peut désormais changer juridiquement un homme en femme ou encore construire des raisonnements juridiques particulièrement poussés. Pourtant le droit n’est pas toujours juste ni même conforme au réel. Le droit disait-il la vérité lorsqu’il traitait par exemple du statut juridique des esclaves qualifiés de choses ? Assurément non. Dans ces conditions, le droit naturel donne à la société le moyen sûr de se penser elle-même, de savoir vers où elle veut aller pour garder un visage humain sans se couvrir du voile de la barbarie. Une interrogation particulièrement utile lorsque le législateur est appelé à penser l’homme face aux progrès de la science dans les révisions des lois bioéthiques ou encore dans la protection de la dignité. Le droit naturel apparaît alors comme une méthode et un cadre de réflexion qui propose de transcender le seul droit positif pour s’extraire et penser de façon plus globale la vie humaine."