L'historien Frédéric Le Moal, auteur d'une Histoire du fascisme (Perrin), a été interrogé dans Le Figarovox. Extraits :
"Le climat est à la dénonciation d'un «retour du fascisme», notamment par des groupuscules d'extrême-gauche qui s'autoproclament «antifas». Que vous inspire cette crainte? Le fascisme en tant que mouvement politique est-il mort ou peut-il renaître de ses cendres?
Si je voulais répondre par une boutade, je dirais qu'il n'y a jamais eu autant d'antifascistes depuis que le fascisme a disparu. Plus sérieusement, je considère que le fascisme est mort en tant qu'idéologie de masse, et ce pour plusieurs raisons. La première vient bien sûr des horreurs de la Seconde Guerre mondiale et du cortège de tueries auxquels le nazisme et son comparse italien ont associé leur nom, ce qui provoque un rejet total. Ensuite le fascisme a constitué une réponse à plusieurs problématiques qui ont complètement disparu de nos jours: la crise de la modernité libérale de la fin du XIXe siècle, le problème de l'intégration des masses dans des systèmes politiques encore peu démocratiques, le cataclysme qu'a constitué la Grande Guerre (les fascistes, c'est la génération du front qui prend le pouvoir), la peur du bolchevisme et la crise de l'après-guerre. Tout cela a disparu dès 1945. Certes il existe encore des groupuscules se réclamant haut et fort du fascisme mais ce sont justement… des groupuscules! Nous faisons face à de nouvelles problématiques, à de nouvelles contestations qui n'ont rien à voir avec celles du fascisme. Il faudrait juste faire un effort sémantique. […]
Vous allez même jusqu'à faire du fascisme un mouvement héritier des Lumières…N'est-ce pas exagéré?
Vous évoquez ici un point capital qui renvoie le fascisme à sa nature révolutionnaire et à son lien avec la Révolution française. Le grand historien italien Renzo de Felice a été le premier à mettre en avant ses racines jacobines et rousseauistes. Réalité encore difficile à admettre en France et pourtant… Les Lumières constituent la première révolution anthropologique moderne car elle a coupé l'homme de son lien avec Dieu. Devenu de la simple matière, on peut agir sur lui, le remodeler, le rééduquer pour en faire un homme parfait. Le fascisme n'est pas un mouvement anti-Lumières pour la bonne et simple raison qu'il refuse de croire à la nature inaliénable de l'être humain qui est réduit à de la cire qu'on peut malaxer. Mussolini utilisait d'ailleurs très souvent la métaphore de l'artiste pour parler de son œuvre politique. Cette tentation démiurgique fait donc clairement du fascisme un mouvement appartenant à l'univers de la gauche révolutionnaire.
L'héritage de la pensée de Rousseau est très clair dans le fascisme: la volonté générale et nationale qui annihile les libertés individuelles, le rôle du législateur et de l'État dans la naissance du citoyen modèle, la puissance du sentiment national transformé en amour pour la patrie qui exige le sacrifice ultime, l'union du pouvoir politique et du pouvoir religieux au bénéfice du premier – d'où l'installation d'une religion civile – la haine pour le cosmopolitisme supposé des riches.
Le fascisme a bien des points communs avec la Révolution française dans sa phase jacobine (j'insiste sur cette nuance car les fascistes rejetaient bien sûr l'héritage libéral de 1789) jusque dans ses accents xénophobes de 1793, le soutien de la petite bourgeoisie, l'association de la nation et de la révolution introduit en Italie par Bonaparte et exaltée par le Risorgimento. S'il existe une cohérence dans le fascisme, c'est bien cet héritage. Juste un exemple éclairant: deux régimes ont introduit un changement de calendrier: la Convention et l'Italie fasciste! […]"
C.B.
Pour information:
-en 1929 (le 12 septembre), le gouvernement de Mussolini remplace la dénomination “Ministero della pubblica istruzione” (Ministère de l’Instruction publique) par “Ministero dell’Educazione Nazionale” (Ministère de l’Éducation Nationale). La dénomination “Ministero della Pubblica Istruzione” a été repris du 29 mai 1944 au 29 décembre 1974
-“En 1932, le gouvernement d’Édouard Herriot décide de rebaptiser l’instruction publique “éducation nationale”.” (je cite ici http://www.education.gouv.fr/pid289/le-ministere-de-l-education-nationale-de-1789-a-nos-jours.html#de-l-instruction-publique-a-l-education-nationale )
C.B.
Pour information:
-en 1929 (le 12 septembre), le gouvernement de Mussolini remplace la dénomination “Ministero della Pubblica Istruzione” (Ministère de l’Instruction Publique) par “Ministero dell’Educazione Nazionale” (Ministère de l’Éducation Nationale). La dénomination “Ministero della Pubblica Istruzione” est reprise du 29 mai 1944 au 14 décembre 1974.
-“En 1932, le gouvernement d’Édouard Herriot* décide de rebaptiser l’instruction publique “éducation nationale”.” (je cite ici http://www.education.gouv.fr/pid289/le-ministere-de-l-education-nationale-de-1789-a-nos-jours.html#de-l-instruction-publique-a-l-education-nationale ).
*note de CB: qui a duré du 3 juin 1932 au 14 décembre 1932, soit guère plus de six mois
Les gouvernements de gauche, quel que soit le pays, se suivent et se ressemblent…
DUPORT
Les fascistes sont peut être des groupuscules (baptisés antifas) mais ils sont clairement dans l’appareil d’État depuis Mitterrand et n’ont pas disparut pour autant pendant la période Chirac/Sarkozy.
Sous le gouvernement Hollande on a même des Valls au sommet de l’État.
Et ça continue avec Macron…
San Juan
Les prétendues “lumières” ne sont que menteries, la révolution ne fut pas française et encore moins populaire. Quant aux “droits de l’homme” qui auraient été exhumés ex nihilo de ce pataquès démoniaque, il faut être complètement naze pour encore y voir la moindre parcelle d’un quelconque génie français. Tout ca, c’est des c… mais surtout de la manipulation.
paul
Voltaire , Diderot et même le larmoyant Rousseau ne sont ils pas les premiers fascistes?
Michel-Ange
C’est à la révolution dite “française”, avec son apostasie et sa volonté de créer “un homme nouveau” que les portes de Pandore ont été ouvertes.
Tous les courants politico-économiques qui suivront s’y enracinent, y compris ce qui donnera plus tard le nazisme dont nous retrouvons la mentalité dans le génocide vendéen, premier génocide de l’histoire contemporaine, pour lequel des chambres à gaz avait été imaginées mais dont l’idée fut abandonnée car la technologie n’était pas suffisante à l’époque.
Pour le communisme, nous pouvons citer Gracchus Babeuf.
Des termes comme “extrême droite” ou “extrême gauche”, ne sont pas réellement pertinents et peuvent même gêner la compréhension que nous avons des évènements.
A ce propos, je tiens à faire remarquer une erreur majeure qui se retrouve quasiment partout, y compris sur les sites les plus sérieux. Le “nazisme” est constamment appelé “national-socialisme”, traduction de l’allemand “Nationalsozialismus”. Or c’est une erreur majeure car en allemand, comme en anglais, l’adjectif se place avant le nom qu’il qualifie, la traduction correcte en français est donc “socialisme-national”.
Et c’est important car c’est avec les mots que l’on pense et cela change grandement la perception et la compréhension que nous avons des évènements et de l’Histoire.
Le communisme et le nazisme sont donc deux socialismes qui ont pour moi plus de points communs que de différences.
Il serait trop long de développer cela ici mais je vous livre quand même une réflexion:
Le socialisme est, à mon sens, intrinsèquement internationaliste. Hitler a effectivement pu surfer sur le populisme et le nationalisme pour émerger politiquement car il est apparu dans une Allemagne humiliée et rendu à l’état de pays du tiers monde par un traité de Versailles inique. Mais le nazisme, avec ses théories aryennes ou même sa politique de l’espace vital est au minimum européen.
Bref, le socialisme-national n’est peut être pas si national que ça, et s’il l’avait été, peut-être n’y aurait il pas eu de deuxième guerre mondiale.
C’est l’internationalisme qui tue le plus!
DAM
l’héritier des lumières c’est VATICAN 2 qui croit en l’homme , l’homme avant Dieu , et encore plus en l’homme si il est un migrant
Erimire
Il n’y a pas que la Convention nationale ou l’Italie fasciste qui ont changé le calendrier de leur pays. La révolution bolchevique a fait passer la Russie sous l’empire du calendrier grégorien (qu’avait toujours refusé -et refuse encore- l’Eglise orthodoxe), comme Kemal Atatürk a fait abandonner le calendrier islamique à la Turquie. L’exemple le plus récent est celui de la Corée du Nord où l’on est en l’an 106 de la naissance du grand-père de l’actuel dictateur…
andré le gueux
Certes , Erimire, mais les bolcheviques russes n’ont pas “inventé” de calendrier, contrairement aux révolutionnaires en 1792 (“an 1” etc) et aux fascistes…..
patphil
premier article du fachisme: baillonner les opposants!
on y est aujourd’hui en europe occidentale