Selon l‘Observatoire du journalisme, les médias woke Causette et Madmoizelle sont en crise :
Le webzine Madmoizelle fondé en 2005 par Fabrice Florent était le cinquième site féminin préféré des français en 2020 lorsque le groupe Humanoid a annoncé son rachat. Le site, conçu à destination de la tranche d’âge 18–30 ans, répondait aux préoccupations et aux interrogations existentielles de la jeunesse moderne : Instagram, TikTok, harcèlement de rue, Polanski, tendances beauté et mode… le tout parsemé de politique féministe militante et de philosophie politiquement correcte de comptoir.
C’est en 2022 que le groupe EBRA du Crédit mutuel a repris le site en espérant surfer sur une vague plus jeune que les lecteurs de ses quotidiens régionaux. La revue, comme tous les autres avatars du genre, s’appliquait avec brio à un grand écart quotidien entre féminisme militant et poncifs beauté et sexe des magazines féminins : les articles sur les meilleurs autobronzants de l’été 2020 ou sur la mode du moment jouxtent sans complexes les articles de vulgarisation des concepts féministes en vogue. Les jeunes lectrices sont ainsi invitées par le site à s’informer sur le « slut-shaming », la « culture du viol », le « mansplaining », ou encore le mouvement « body positive ». Le webzine a même ouvert dans son espace privé réservé aux abonnées au forum une fresque d’images de seins, la Seinte Fresque, destinée à aider les jeunes filles à accepter leur corps. Une initiative qui a mal tourné lorsque certaines de ces photos ont été volées et republiées ailleurs sur la toile.
Deux ans plus tard rien ne va plus. Selon La Lettre, la société éditrice a perdu près de 600K€ pour un chiffre d’affaires d’un million d’euros. Le site emploie une dizaine de journalistes qui vont être licenciés sans projet de reprise du titre.
Causette au tribunal de commerce
« Plus féminine du cerveau que du capiton », c’était la devise du magazine féministe Causette, créé en 2009 par Grégory Lassus-Débat. Seulement, ça ne suffit pas, déjà en redressement judiciaire en 2015 puis au bord du dépôt de bilan en 2017, le magazine en était réduit à faire appel à la générosité de ses lecteurs.
À partir de 2013 le magazine a connu des problèmes internes très forts. À l’automne 2014 il y avait 8 arrêts maladies, quatre départs, quatre procédures en cours et une enquête de l’Inspection du Travail, sans oublier une motion de défiance contre la rédactrice en chef et une grève de 10 jours en novembre pour 15 salariés titulaires.
Le patron en prend pour son grade : gestion à l’affect, « méfiant, parano, mégalo », grosses colères, les bouclages sont épiques, le patron appelle les salariés à toute heure, change les titres et les angles des papiers, veut tout voir. Une « ambiance absolument exécrable, à couteaux tirés : c’est à qui dira le plus de mal des autres ». Un dossier sur la prostitution, paru en novembre 2013 et ponctué de blagues salaces, a particulièrement alimenté le conflit.
Le magazine avait abandonné son édition papier en septembre 2023 pour devenir 100% numérique. La société éditrice (le groupe Hildegarde qui publie notamment Première) avait déposé le bilan fin mai en espérant un redressement judiciaire qui a été refusé. Le titre cherche un repreneur pour faire face à « l’extrême droite » qui « réalise des scores historiques aux élections et s’impose toujours plus dans le champ médiatique ». On leur souhaite bien du plaisir, féministe woke bien entendu.