De Guillaumes Bernard à propos de l'électorat du FN :
"L’une des faiblesses du FN réside dans le fait que son électorat est en
partie volatil (la sociologie politique parle d’électorat « flottant »)
parce qu’une portion est commune avec l’UMP. Quand les électeurs de
droite modérée veulent manifester leur mécontentement vis-à-vis des élus
de la droite parlementaire, ils se reportent sur le FN ; mais ils le
quittent quand il s’agit de battre la gauche. Le FN a donc, semble-t-il,
bâti une stratégie pour conquérir d’autres électorats. De même que
Jean-Marie Le Pen a capté une partie de l’électorat du PC, sa fille
tente de séduire une partie des forces de gauche, en l’occurrence celle
du PS (fonctionnaires et retraités). Plutôt que de chercher à rallier
les classes moyennes de droite, elle semble viser celles de gauche afin,
bien entendu, de grossir les rangs de ses électeurs mais aussi, et
peut-être surtout, d’être moins dépendante de l’UMP. Dans le cadre
d’éventuelles négociations, elle serait ainsi plus forte. Si cette
stratégie peut illustrer un aspect de ce que j’ai appelé le « mouvement
dextrogyre » (puisqu’elle conduirait à grossir le FN et à repousser vers
le centre une partie de l’UMP), son incertitude se situe dans la
capacité de « convertir » cet électorat à une appréhension de droite des
enjeux politiques : il y a le risque d’une distorsion, voire d’une
incompréhension, entre certains électeurs (s’ils restent de culture de
gauche) et les cadres et élus du FN (s’ils continuent à être de droite).
Pour simplifier, la question est savoir si l’électorat de gauche
rejoint le FN au nom d’intérêts catégoriels ou en raison d’enjeux
nationaux."