Extrait de l'analyse de Lionel Humbert dans Minute, suite aux bons résultats du FN (qui a gagné des voix entre les 2 tours, preuve que l'amélioration de la participation entre les 2 tours lui a bénéficié) :
"Les adhérents du Front national choisiront entre Bruno Gollnisch et Marine Le Pen qui présidera leur parti et qui, en même temps, sera candidat à la présidence de la République en 2012. Sans vouloir nous mêler de ce qui ne nous regarde pas, le plus tôt sera le mieux. Car le résultat des régionales oblige les dirigeants et les cadres et tous les militants du Front national. Il oblige Marine Le Pen et Bruno Gollnisch à ne pas se déchirer. Il oblige tous les conseillers régionaux à travailler, et à travailler dur, pour obtenir, vite, des résultats, pour se crédibiliser, pour montrer aux Français qu’il n’y a pas, au Front national, que deux ou trois visages – ceux de Marine, de Gollnisch, de Louis Aliot –, mais une armada de cadres prêts à assumer les plus hautes fonctions de la République. Ce résultat […] contraint l’ensemble du Front national à se faire force de propositions. Il oblige tout le Front national à se montrer exemplaire – et à faire savoir qu’il l’est. On nous rétorquera sans doute que ce fut toujours le cas. Hélas pas. Nombreux sont ceux qui, depuis les premiers élus régionaux en 1986, se sont laissé aller à assister aux séances en spectateurs de jeux politiques sur lesquels ils pensaient n’a voir aucune prise. N’obtenant rien, pas même des informations sur la réalité de la gestion qu’ils avaient mission de surveiller.
S’il fallait un modèle, et un seul, c’est Hénin-Beaumont. De l’enracinement. Du travail de terrain de tous les instants. Du travail d’opposition en ne lâchant jamais rien et en furetant partout. Du militantisme et de l’action judiciaire. De la communication. Et au final du cocktail explosif, une mairie certes manquée, mais de peu, mais un maire en prison, la révélation d’un petit bout de ce système mafieux qui gangrène la France, la constitution d’un laboratoire de ce qu’une opposition peut et doit faire. Transposable au niveau régional? Et pourquoi pas? Avec le conseil régional du Nord- Pas-de-Calais, où le Front national va être présent en force, avec qui plus est de vastes locaux et des collaborateurs, Marine Le Pen a de l’or entre les mains. Qu’elle fasse exploser l’institution sur le modèle de ce qu’elle a obtenu avec Steeve Briois à Hénin- Beaumont, et le retentissement sera national. Sur l’air de « Yes we can »: oui, il est possible, dans l’opposition, de faire exploser un système. […] La Sarkozye est à la limite du point de rupture. La gauche, si elle a réédité son « petit chelem » et obtenu un score qu’elle n’avait jamais atteint depuis plus d’un demi-siècle, soit depuis le début de la Ve République en 1958, n’a toujours aucun projet alternatif à proposer alors qu’elle est dans l’opposition depuis 2002 ! Parce que ce que Chirac puis Sarkozy ont mis en oeuvre lui convient finalement assez bien et qu’elle ne trouve rien de pire à offrir aux Français? Toujours est-il que, dans deux ans, aura lieu l’élection présidentielle. Et que si le Front national veut vraiment être un « acteur majeur » de cette échéance, il lui reste un an et demi. Pour avoir un candidat à la stature de présidentiable. […] Et surtout, surtout: pour être porteur d’un projet."
catherine
merci de cette bonne analyse; le système semble prêt à éclater et on est dans l’attente d’ autre chose qui ,malheureusement ne se profile pas; le F.N.détient en tout cas des gens de qualité.
pg
Ce qui a été fait à Hénin Beaumont est une très grande réussite.
Mais toutes les régions, départements et villes de France ne sont pas semblables à cette ville, et à sa région, situation politique, sociologie en grande partie quart-mondisée, etc….., un paroxysme de difficultés.
Le FN doit donc trouver une stratégie et des propositions qui se situent au coeur des préoccupations et de la situation de tous les Français : trouver la centralité qu’avait su incarner Sarkozy en apparence en 2007, voire Chirac en 95, tout en demeurant fidèle à ses fondamentaux moraux, culturels, sociaux et économiques.
Ressourcement et modernité sont un exercice possible, mais ardu, car cela suppose d’accepter d’abandonner certains réflexes de comportement et de langage. Ceux qui effraient et déconcertent l’électorat UMP à conquérir et à fixer durablement, et non seulement lors d’une élection ”coup de colère”.
SD - Vintage
Contrairement à ce que dit MLP, il s’agit d’abord d’un vote de protestation plus que d’adhésion, à prendre en compte :
LE MONDE | 22.03.10 :
” (…) Par ailleurs, 72 % des personnes interrogées (et 68 % des électeurs du FN au premier tour) considèrent que le vote en faveur de ce parti exprime “un mécontentement à l’égard de la situation actuelle”. L'”adhésion aux idées du FN” est mise en avant par 20 % des personnes interrogées (26 % chez celles déclarant avoir voté pour une liste FN).
Plus d’un ouvrier sur cinq (22 %) déclare avoir voté pour le FN au premier tour, le 14 mars et 11 % des électeurs se réclamant de l’UMP. Les personnes sondées qui avaient choisi M. Sarkozy au premier tour de l’élection présidentielle de 2007 sont 13 % à avoir voté FN le 14 mars. Elles sont 18 % parmi celles qui avaient voté pour M. Sarkozy au second tour. (…)”
http://www.lemonde.fr/elections-regionales/article/2010/03/22/un-changement-de-politique-est-fortement-attendu_1322433_1293905.html
delsol
N’oublions pas que la politique, c’est l’art du possible et non celui des utopies.
L’alliance du FN avec l’UMP est nécessaire afin de limiter la main-mise du socialo-communisme sur les budgets publics.
Et puis ce sera une bonne chose de confronter le FN aux réalités de la gestion des affaires publiques afin de mettre un terme à la thèse du “pouvoir de nuisance”.
Le MSI et la Ligue Lombarde sont associés au pouvoir en Italie et la donne commence à changer en matière de sécurité et d’immigration.
Aujourd’hui, l’UMP est autiste et le FN marginalisé.
Mais il est vrai que nous avons la droite la plus bête du monde…
Il est également nécessaire que le futur dirigeant du FN change de ton à l’égard des anciens du mouvement (Bompard, Lang, Martinez…)afin que l’union des patriotes ait un sens.
Nicolas
Marine Candidate. Gollnisch Président ?
TFP
le vote FN, “vote de protestation”? “vote d’adhésion”?
Il y a évidemment les deux.
Même si 68% des électeurs FN du premier tour selon le sondage du très anti-FN (et donc peu objectif) le Monde (sondage que l’on peut évidemment mettre en doute) estiment que le vote FN est d’abord un “vote de protestation”, cela veut-il dire qu’il est uniquement un “vote de protestation”?
bien sûr que non!
Un parti qui fait régulièrement entre 10 et 15% des voix aux élections depuis 26 ans peut-il n’être qu’un “vote de protestation”? Bien sûr que non!
Dans ce cas là, pourquoi le NPA (parti également classé “extrême et “protestataire”) et son très médiatique et jeune représentant Olivier Besancenot ne font que 2,5% aux régionales et 4,5% aux présidentielles?
c’est tout simplement que les électeurs FN n’adhèrent pas au programme du NPA, mais adhèrent à celui du FN…
Le vote FN, seulement un vote de protestation? Doit-on croire en fait que les électeurs FN veulent plus d’immigration? plus d’insécurité? la discrimination positive? le non-respect des valeurs traditionnelles? l’islamisation? la hausse des impots?
Les électeurs FN sont-ils en fait de grands amoureux de l’Europe de Bruxelles?
donc… soyons sérieux!!
Le vote FN est évidemment un vote de protestation… puisqu’il le FN est dans l’opposition! Comme l’est le PS.
mais il est AUSSI un vote d’adhésion!!
Jean Theis
A peine une élection finie, comme toujours tout le monde pense à la prochaine.
Personne ne va vraiment agir pour le pays sauf de mener plus ou moins discrètement la campagne pour les présidentielles.
Ceci tue la France autant que tout le reste.
Phil 41
Désolé de ne pas jouer ma partition dans ce vaste Cocorico mais les faits sont têtus.
Le FN avait 156 sièges de Conseillers Régionaux en 2006, il en a 118 à présent, donc 38 de moins. Compte tenu de la moindre participation, il a perdu 1,3 millions d’électeurs.
Il y a eu une hémorragie de cadres de bon niveau, vite remplacés tant bien que mal pour les besoins de la cause.
Déjà il y a 10 ans, le FN n’a jamais réussi à se remettre du départ des cadres partis avec Bruno Mégret.
Sans parler des rivalités de personnes, des problèmes financiers, d’un programme de plus en plus flou…
C’est une victoire, soit. A la Pyrrhus.
candide
” …pour se crédibiliser, pour montrer aux Français qu’il n’y a pas, au Front national, que deux ou trois visages – ceux de Marine, de Gollnisch, de Louis Aliot –, mais une armada de cadres prêts à assumer les plus hautes fonctions de la République. ”
Après les départs de Mégret, Le Gallou, Martinez, Olivier, Antony, Bompard, Lang, Bild, Verdon, Baeckeroot et Martine Lehideux, c’est le cycle infernal purge, dissidence qui préside aux destinées du mouvement national. où est donc passée cette armada ? Les partants ne se retrouvent pas à l’UMP et peu au MPF, la plupart sont devenus des électrons libres. C’est donc la preuve qu’ils ont bien été évincés pour leurs qualités intrinsèques. Hélas pour la France.