Sauf retournement de dernière minute, le comité directeur du SIEL (Souveraineté, Identité et Libertés) décidera, samedi, de quitter le Rassemblement Bleu Marine (RBM), tout en continuant à soutenir la candidature de Marine Le Pen à l’Elysée. Karim Ouchikh, président du SIEL, explique en exclusivité à « Minute » :
"Désaccord idéologique : […] la direction nationale du FN se crispe depuis trois ans sur un rapport indigent à la politique qui se réduirait au seul clivage mondialistes/patriotes : en offrant un projet politique aseptisé qui évacuerait les questions identitaires et les préoccupations sociétales de nos compatriotes, elle espère renouer avec la dynamique électorale du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen. Le SIEL n’a jamais cultivé une telle illusion politique. Nonobstant l’importance des questions européennes, je considère que les valeurs et les combats de droite ne se sont pas volatilisés en France : pour faire vite, le traditionnel clivage droite/gauche continue donc à prospérer en se superposant désormais, selon les sujets, au clivage plus récent mondialistes/patriotes. De surcroît, il ne faut surtout pas se tromper de calendrier politique : les contingences politiques liées au référendum de 2005 ne sont en rien comparables avec celles qui domineront les scrutins à venir de 2017.
Désaccord électoral : alors que je plaide depuis des mois pour une véritable alliance entre le FN et le « bloc villiériste » (en bref, une droite souverainiste, conservatrice et éprise de libertés, fréquemment désignée sous le vocable de « droite hors les murs »), qui serait de nature à élargir à droite la base électorale de Marine Le Pen en lui offrant une réserve de voix entre les deux tours de la présidentielle pour l’emporter dès 2017, je me heurte à un refus explicite de la direction nationale du FN qui s’obstine à vouloir dépasser, sur tous sujets, le clivage droite/gauche (le fameux ni droite/ni gauche). De cette stratégie d’enfermement électoral forgée à Nanterre, le SIEL en subit certaines conséquences pratiques : refus de légitimer politiquement son existence au sein du RBM, relégation médiatique systématique, refus d’organiser des relations régulées SIEL/FN dans les départements, rejet des initiatives du SIEL visant à structurer, avec Robert Ménard, la « droite hors les murs » née en mai dernier à Béziers… Avec son refus originel d’avoir à ses côtés un véritable partenaire de droite, la direction nationale du FN confirme sa volonté de n’avoir que des ralliés et non des alliés. […]
[…] Avec Robert Ménard et d’autres personnalités, je m’efforce de structurer ce vaste espace politique qui sépare LR et le FN dont le potentiel électoral me paraît inouï : du PCD de Jean-Frédéric Poisson au SIEL, en passant par le MPF de Philippe de Villiers ou le RPF de Christian Vanneste, il existe de nombreux points de communion idéologique qui doivent faciliter, malgré nos itinéraires politiques et électoraux distincts, ces rapprochements politiques auxquels aspirent de très nombreux Français. Il est donc parfaitement naturel de multiplier ici ou là des signes de complicité politique, comme le fut ma présence sur le plateau de TF1 à l’invitation de Jean-Frédéric Poisson : mais cette présence ne vaut, pour le présent comme pour l’avenir, nul acquiescement officiel ni consigne à participer aux primaires de la droite et du centre. A terme, j’aspire bien évidemment à l’émancipation politique de cette « droite hors les murs » pour en faire un acteur politique à part entière, capable de peser considérablement dans le débat des idées et lors des prochains scrutins électoraux. […]