Comme on peu le lire ici dans un dossier de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon :
En second lieu, le combat contre les concepts de complémentarité et de catégorisation liée au patriarcat : actuellement, deux mythes entremêlés s’affrontent, celui de l’égalité et celui de la complémentarité femme/homme. Mozziconacci (2017) décèle un dilemme dans la façon de concevoir l’égalité : soit il s’agit d’élever les filles comme des individus, selon le modèle masculin dominant, c’està-dire comme des garçons (et dans ce cas-là, qui fait le ménage à la maison et s’occupe des enfants?); soit il s’agit de les élever comme des meilleures femmes, selon un modèle différentialiste et complémentaire persistant. Sénac (2020) estime que pour neutraliser ces contradictions, il faut dénoncer l’existence de résistances structurelles à l’égalité et invoquer la responsabilité d’une République fondée sur un universalisme exclusif et excluant. Mozziconacci renforce cette idée en maintenant que «La transformation doit en effet viser l’éducation dans ses institutions elles-mêmes. En tant qu’elles participent du découpage de l’espace social qui distingue et hiérarchise travail productif et travail reproductif, ces dernières seraient à reconstruire. » (2017, p. 1) Mais ébranler les fondations des institutions n’est pas sans conséquence : Le Mat (2018) explique que complémentarité et différence sexuelle sont intrinsèquement liées à l’anthropologie chrétienne dans laquelle sexe, genre et sexualité concordent de façon «naturelle» – femme/féminin/hétérosexualité ou homme/masculin/hétérosexualité. Remettre en cause l’un de ces éléments revient à reconsidérer la validité de ces triades et donc la naturalité de l’hétérosexualité.
Raz (2021) corrobore ces propos : si la catégorisation par le sexe venait à disparaitre, la société dans son entièreté – la filiation, la sexualité, l’identité – serait, certes, déstabilisée, mais viendrait sans doute à bout d’un système binaire hiérarchisé qui soutient la structuration d’inégalités multiples.
S’attaquer à tout ce qui fonde les stéréotypes, à la croyance d’une différence fondamentale basée sur le sexe, à la rigidité des normes de genre, à la complémentarité des sexes qui sert à conforter la hiérarchie entre les femmes et les hommes, c’est ça éduquer à la sexualité.
Pour ceux qui en doutaient encore.
C.B.
“si la catégorisation par le sexe venait à disparaitre” la médecine s’interdirait la prise en compte d’un paramètre non négligeable (par exemple quant au choix de médicaments à prescrire face à une maladie donnée).
Tordre le réel pour l’astreindre à se conformer à une idéologie revient à refuser d’optimiser l’utilisation de nos connaissances (actuelles et sans doute futures).
L’Église, qui a “inventé” les hôpitaux (hôtels-Dieu) devra sans doute à brève échéance réinvestir ce terrain.