Alors que le gouvernement joue à faire peur aux Français avec l’apocalypse caniculaire actuellement en France (même les épreuves du Brevet sont reportées), je retombe sur un entretien de 2003 avec l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie, qui relativise ce catastrophisme :
J’aurais plutôt tendance à la relativiser ; même si l’aggravation du phénomène d’effet de serre est une rupture dans l’histoire du climat qui peut ouvrir une nouvelle ère climatique avec un ou deux degrés de différence. Ce qui aurait des conséquences incalculables. Mais l’actualité d’un été chaud, c’est autre chose : ce genre de grande sécheresse n’a pas manqué dans l’histoire française. En 1168, la Sarthe a séché. De même, l’été magnifique de 1351, où le prix du froment a été multiplié par trois à cause de sa rareté, avec «échaudage», comme l’on disait, ce qui entraînait des moissons et des vendanges très précoces, un vin en faible quantité mais excellent. Vous avez aussi des séries d’étés caniculaires consécutifs, des microères climatiques : 1331-1334, quatre étés de suite, 1383-1385, trois étés, ou encore la première moitié du XVIe siècle, particulièrement douce, où l’on peut parler d’un petit âge du réchauffement. L’été, les glaciers reculent beaucoup, la neige fond très haut. En 1540, beaucoup de témoins habitant les Alpes l’ont noté. A partir de 1560, on entre dans une autre période climatique, le «petit âge glaciaire», les étés caniculaires se font plus rares. Il y en a cependant encore, par exemple en 1636, l’été du Cid, où les témoins évoquent «un effroyable harassement de chaleur» pendant plusieurs semaines à Paris.
[…] 500 000 morts lors de l’été 1636 ou de l’été 1705, 700 000 lors des étés caniculaires de 1718-1719, avec même l’apparition de nuées de sauterelles et une forme de climat saharien sur l’Ile-de-France. Ces morts, ce sont surtout les bébés et les petits de l’année. Il y a, régulièrement, des générations décimées en France par la chaleur. Actuellement, les principales victimes, dans une proportion moindre, ce sont les vieux. L’autre conjoncture catastrophique était ce que l’on peut appeler le «modèle profiterole», c’est-à-dire une accumulation rapprochée de catastrophes climatiques. C’est le cas du contexte prérévolutionnaire : en 1787-1789 se succèdent de fortes pluies à l’automne, la grêle au printemps 1788 et un été suivant caniculaire. Ce fut explosif : échaudage, disette, cherté du grain. C’est à partir de ce moment que la chaleur a mis les gens dans la rue, et n’a plus été acceptée comme une simple fatalité.
Evidemment, si la chaleur finit par mettre la population dans la rue pour renverser le régime, je comprends mieux l’inquiétude de la macronie.
C.B.
“les épreuves du Brevet sont reportées” Les professeurs chargés de corriger, s’ils avaient cru pouvoir partir dès le premier jours des “vacances” d’été, ont du souci à se faire.
Petit rappel: “vacance” n’est pas synonyme de “congé”. Les enseignants ne bénéficient pas des “congés payés”. “On” va sans doute opportunément ressortir le texte qui prévoit qu’un enseignant ne peut pas quitter le territoire français, même pendant les vacances, sans l’autorisation de son recteur. Je ne pense pas que ce texte ait fait l’objet d’une abrogation, mais je ne demande pas mieux que de me tromper…
Faliocha
Depuis quelques années, c’est tous les ans. On découvre des choses extraordinaires : qu’il faut boire quand il fait chaud, que quand on sort en plein après-midi par 35°, on a trop chaud, qu’on attrape des coups de soleil si l’on est torse nu, qu’il faut baigner les bébés, etc…c’est extraordinaire. On apprend aussi en janvier, quand il va faire -2, que la route glisse et qu’il faut mettre un bonnet. N’oublions pas non plus qu’il faut dormir la nuit et manger tous les jours, et même respirer régulièrement.
Chouan85
Pour le moment, je n’ai pas vu vraiment d’été et de chaleur, sauf quelques jours épars. c’est plutôt l’inverse. Alors oui un peu de chaleur en été ça ne fait pas de mal et ça économise le sèche-linge qui a beaucoup fonctionné cette année et surtout au printemps. Il me souvient quand j’étais enfant habitant Annecy, je passais toutes les vacances au bord du lac en me baignant, ce qui signifie que les étés étaient plutôt beaux et chauds. Il n’y avait pas nos nounous gouvernementales et merdiatiques pour nous dire qu’il faisait chaud en été et froid en hiver (j’attendais la neige avec impatience pour skier comme tous les enfants de mon âge et cela reste vrai aujourd’hui).