Les mères de famille sont en colère :
"Faute de fumier à déverser devant les ministères, elles avaient imaginé envoyer des couches sales à Marisol Touraine. Finalement, elles ont préféré coucher leur mécontentement sur le papier. Elles, ce sont ces mères en colère qui ont adressé à la ministre des Affaires sociales une lettre de protestation contre les projets de réduction du congé parental, de diminution de la prime de naissance et les incertitudes sur le nombre annoncé de nouvelles places en crèche. La missive est signée d'un bébé fictif, porte-parole du mécontentement de ses parents. «Les bébés qui comme moi vont naître à partir d'aujourd'hui ne savent pas comment ils pourront être gardés. Au départ, mes parents avaient pensé au congé parental. (…) En fait, vous savez bien que dans beaucoup de familles, les deux parents ne pourront pas prendre chacun une partie du congé parental. (…) Mes parents sont vraiment, vraiment très en colère. Moins de congé parental, moins de crèches… mais je vais aller où, moi?», s'indignent ces mamans qui ont choisi d'emprunter la voix d'un enfant «à naître après le 1er octobre» pour faire passer leur message. L'initiative, relayée sur Facebook, a déjà séduit 600 personnes.
Mais la grogne n'a pas attendu cette nouvelle perspective pour s'exprimer. Une pétition contre la réforme du congé parental a déjà été signée par plus de 29.000 parents depuis l'annonce de sa réduction de six mois pour les mères dans la loi sur l'égalité femmes-hommes. «NON à cette loi qui nous enlèverait notre liberté de choisir librement au sein du couple. Laissons le DROIT aux parents qui le veulent de garder leurs enfants!», clame ce texte adressé au premier ministre et qui a suscité un regain d'intérêt ces derniers jours.
Les associations familiales, de leur côté, évoquent une inquiétude croissante chez leurs adhérents. Il faut dire que «la garde par les parents est le premier mode de garde des enfants de moins de trois ans», rappelle l'Unaf. «Nous sommes choquées de voir une fois encore les mamans à la maison attaquées dans leur choix de rester auprès de leurs enfants le plus longtemps possible», s'agace par exemple Isabelle, une maman «en attente d'un deuxième» […] «Les témoignages affluent», confirme Marie-Laure des Brosses, présidente du Mouvement mondial des mères (MMM) France, une ONG qui représente ces dernières à l'ONU ou à la Commission européenne. «Les femmes ont le sentiment que leur désir de s'investir auprès des enfants est mal perçu, que le gouvernement s'immisce dans la logistique des familles. Elles dénoncent le manque de solution de garde pour aider à la reprise du travail et critiquent enfin l'hypocrisie selon laquelle un mari mieux payé qu'elles auraient le choix de pouvoir s'arrêter pour prendre un congé parental», énumère-t-elle. […]"