Le Grand Orient d’Italie, l’obédience historique de la franc-maçonnerie italienne, est rongée par des conflits. Le groupe principal dirigé par Stefano Bisi et qui en Calabre est divisé entre le Seminario (grand maître déchu) et Bellantoni. Vibo apparaît comme le véritable centre du pouvoir occulte. Le groupe de Bisi est bien campé sur ses positions et se comporte moins comme une association que comme un gang qui persécute quiconque ose parler de criminalité et d’argent. La justice italienne a placé le GOI sous administration. Il existe des dizaines d’affaires judiciaires sur les comptes, la gestion des fonds et les dépenses.
Le Tribunal de Rome a programmé une importante audience impliquant deux acteurs majeurs de la scène maçonnique italienne : le Rite écossais ancien et accepté et le Grand Orient d’Italie. Dans ce litige, le Grand Orient d’Italie est représenté par un curateur spécial, l’avocat Raffaele Cappiello. L’audience a été fixée au 24 décembre à 11 heures et devrait constituer un moment décisif pour clarifier certaines des questions les plus controversées qui ont surgi entre les deux organisations. Les tensions entre le Rite écossais ancien et accepté et le Grand Orient d’Italie se sont intensifiées ces derniers temps, donnant lieu à une confrontation juridique qui pourrait redéfinir les équilibres historiques et administratifs au sein de la franc-maçonnerie italienne.
Hier, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’Italie pour une perquisition du siège du Grand Orient d’Italie et la saisie de 39 classeurs de cartes de membres de loges du GOI dans les régions de Sicile et de Calabre. La saisie des listes des 6 000 membres siciliens et calabrais du Grand Orient d’Italie a été effectuée sur ordre de la Commission parlementaire antimafia. Le GOI avait refusé de remettre spontanément ces listes car d’une part il n’apparaissait pas qu’un membre fasse l’objet d’une enquête de la part de la justice et d’autre part parce que cela aurait constitué une violation de la législation sur la protection des données personnelles des membres. La Guardia di Finanza spécialisée dans la lutte contre la “criminalité organisée” a donc reçu l’ordre de fouiller de fond en comble le siège du Grand Orient d’Italie à Rome. Bien que le Grand Orient d’Italie ait immédiatement remis les listes à l’arrivée des militaires, la perquisition a duré 14 heures (nuit comprise) ; tous les employés ont été identifiés, l’appartement privé du Grand Maître a été mis sens dessus dessous.
La Cour européenne des droits de l’homme a ajouté que la mesure était disproportionnée dans la mesure où il n’y avait aucune preuve que l’acquisition de tant de papier et de données numériques était pertinente pour l’enquête de la Commission. Le Grand Maître Stefano Bisi parle d’un « résultat historique obtenu devant la CEDH », avec l’espoir que « cela puisse contribuer, comme cela s’est produit de nombreuses fois dans l’histoire du pays, à préserver et à faire progresser la démocratie, la justice et la légalité »…