Dans La Nef, Paul Millet analyse la suspension du directeur de l’Immaculée Conception à Pau. Extrait :
[…] Quelles leçons les catholiques de France et leurs évêques doivent-ils tirer de cet épisode ? Il ne s’agit pas seulement d’un événement local ou d’un règlement de comptes à la béarnaise. L’ampleur prise par l’affaire, menée depuis le début par des organes nationaux, manifeste la profondeur des enjeux. Plutôt que de tenter une attaque frontale, façon 1984, les adversaires de la liberté d’enseignement ont choisi la vieille technique « du salami » : un grignotage progressif et accéléré de toutes les couches de l’école catholique. Avis aux récalcitrants : ceux qui tenteraient de s’opposer à cet inexorable progrès s’exposent à être lynchés en place publique, voire mis à la retraite prématurément. Intimidation, jurisprudence… les résultats sont immédiats. En seulement quelques mois, depuis « l’affaire Stanislas », de nombreux établissements catholiques ont discrètement revu à la baisse la voilure de leur proposition pastorale : plus d’enseignement religieux, de prière, de temps forts, sinon pour quelques volontaires ; sur les sites internet, l’aspect catholique du projet éducatif est prudemment tenu sous silence ; dans les locaux de certains syndicats, on jubile et se congratule.
Un combat à mener
Peut-on se résoudre à cet inéluctable grignotage ? La question mérite d’être posée autrement, et devrait tourmenter jusqu’aux têtes de l’Église de France : l’enseignement catholique mérite-t-il d’exister s’il ne peut plus être catholique ? Faudrait-il alors se replier massivement sur le hors-contrat, dernier bastion de liberté et de catholicité de l’école ? Non, résolument non. D’abord pragmatiquement, parce que le calme n’y serait que provisoire, et que la guerre scolaire finirait bientôt par s’attaquer au hors-contrat. Ensuite parce que l’Église exerce, à travers l’enseignement catholique, une grande part de sa mission d’annonce de la foi à des nouvelles générations si éloignées du spirituel (20% environ des élèves scolarisés en France le sont dans un établissement catholique). Abandonner le caractère propre, ou même réserver la proposition pastorale aux seuls volontaires, c’est abandonner – trahir, même à leur insu – les nombreux enfants et familles qui pourraient bénéficier dans ce cadre des richesses infinies de la foi. C’est parce que nous ne pouvons et ne devons pas nous y résoudre qu’il est grand temps que les catholiques de France prennent conscience de l’enjeu et se lèvent, fassent entendre leur voix, pour que cette minorité anticléricale radicalisée n’impose pas enfin ce qu’elle cherche à imposer depuis plusieurs décennies déjà : le requiem de l’enseignement libre.