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Pays : Israël / Pays : Liban / Pays : Palestine

Le Hamas forme ses combattants dès leur plus jeune âge

Le Hamas forme ses combattants dès leur plus jeune âge

À Saïda, l’antique Sidon, le Hamas est implanté pour former ses troupes et maintenir la lutte contre Israël. La rédaction de Conflits y a rencontré Abu Said, commandant militaire du Hamas pour la région de Saïda au Liban :

Le Liban est une des rares bases arrière où l’on peut rencontrer des cadres du Hamas alors que les combats font rage à Gaza, toujours inaccessible aux journalistes. J’ai réussi à rencontrer « Abu Said », le responsable militaire du Hamas au Sud Liban. Pour Conflits, il a accepté de revenir sur son enfance et son parcours initiatique où dès le plus jeune âge, son mouvement, le Hamas, l’a plongé dans l’apprentissage de la foi islamique et l’a militairement formé.

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Né dans un camp de réfugiés palestinien au Liban, Abu Said a vécu une enfance marquée par les récits de la Palestine. Sa famille a précieusement gardé la clé de leur maison en Palestine, « c’est le symbole de la terre qui nous a été prise. » Sa famille, à l’instar de beaucoup d’autres, l’a élevé dans l’idée qu’un jour les Palestiniens seront assez forts pour reconquérir leurs terres perdues. « On me parlait sans cesse du jour où notre peuple serait libre, » se souvient-il. Comme il le dit lui-même, ces récits ont semé en lui les « graines de la résistance et de la nécessité de prendre les armes ». Des convictions qui se sont renforcées au fil des années. Il a aussi été inspiré par des gens autour de lui. Comme son grand-père et ses amis morts en combattant en Israël.

Mais il a surtout suivi l’exemple de Sheikh Yassine, le fondateur du Hamas. « Malgré son lourd handicap, il a mené le jihad contre l’ennemi sioniste. Avec un tel exemple, qui peut avoir une excuse pour ne pas faire le djihad ? ». Il a grandi dans un environnement où tout le conduisait à prendre les armes. Au-delà du cercle familial, les idées de luttes armées se sont aussi transmises à travers l’école et ses amis. Aussi loin qu’il se souvienne, il a toujours joué à la guerre avec ses camarades. Des pierres et des bouts de bois leur servaient d’armes. Dans sa madrasa (école religieuse) en plus d’apprendre par cœur le Coran, ses professeurs lui parlaient de la Palestine et de la nécessité de continuer la lutte. Pour eux, c’est un devoir sacré qui incombe à chaque nouvelle génération. Abu Said explique que les jeunes sont éduqués et formés pour assumer cette responsabilité. Comme tous ses amis, il voulait être un combattant et il a été formé très tôt pour le devenir.

La madrasa est nécessaire pour avoir une formation idéologique, explique-t-il. Dans cet établissement, quand un jeune apprend par cœur un chapitre du Coran, il est récompensé. « Cela motive les enfants à continuer l’apprentissage du Coran. Nous avions aussi le jour du salut. Les professeurs nous donnaient un peu d’eau et une datte. Nous devions tenir deux jours avec ça. »

Il poursuit en expliquant que cette journée a un double objectif. Cela permet aux enfants d’apprendre progressivement à jeûner et à les endurcir. Cependant, la formation physique et militaire se fait en dehors de l’école religieuse. À l’âge de six ans, Abu Said a rejoint les scouts. Cette première étape est faite pour que les enfants s’habituent à la vie en communauté et à la rusticité de la vie militaire. À partir de neuf ans, les jeunes commencent les entrainements sportifs. La course à pied, la marche en montagne, l’escalade et les sessions de camping renforcent leurs capacités physiques. Lorsqu’il a fêté son douzième anniversaire, il a pu commencer le maniement des armes à feu. Se sentant « plus militaire que religieux », Abu Said quitte sa madrasa à l’adolescence afin de se consacrer entièrement à sa formation militaire.

Une fois sa majorité atteinte, il était un combattant formé et opérationnel. Entraîné à la plongée sous-marine, au combat en montagne et au maniement de différentes armes, il était prêt pour le combat. Pour lui, il n’y a pas d’alternative à la guerre. « Ce qui a été pris par la force ne peut être récupéré que par la Force ». Il précise que durant tout le processus de formation, les officiers du Hamas et surtout le service de sécurité observent très attentivement chaque recrue. Le parti islamiste examine ses membres durant leur formation dans les camps ou à l’école et même dans leur vie privée. « C’est comme cela que sont sélectionnés les meilleurs combattants et surtout les plus fidèles. » Ce processus dure en moyenne trois à quatre ans. Il poursuit en expliquant que cette surveillance est permanente, même une fois devenu officier. Pour le devenir « il faut faire partie des plus doués et des plus motivés ».

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Père de famille, il considère qu’à présent il doit transmettre à ses enfants les principes dans lesquels il a été éduqué.

« Mon fils de six ans veut ressembler à Abu Obayda [porte-parole du Hamas]. Il veut son uniforme et son bandeau. Cela me rend fier. Je vais former mes fils à prendre la relève. Je veux qu’à partir de neuf ans ils sachent monter et démonter une arme. »

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