Hier avait lieu près de l'Assemblée nationale la présentation du rapport du HCE sur la formation à l’égalité filles-garçons destiné à faire des personnels enseignants et d’éducation les moteurs de l’apprentissage et de l’expérience de l’égalité. Vous avez noté que le terme de "genre" n'apparaît pas… Et pourtant.
Danielle Bousquet (Présidente du Haut Conseil à l’Egalité Femmes Hommes) a déclaré :
"Les inégalités entre les filles et les garçons à la sortie du système éducatif sont également connues : parmi les élèves de seconde qui ont 10 de moyenne, 27% vont avoir pour projet une Terminale S. Alors que ce sont près de 41% des garçons qui vont vouloir aller en terminale S. Ces inégalités sexuées sont rarement sous le feu des projecteurs. Comme si ce n’était que le fruit de penchants naturels. Et pourtant, les facteurs qui conduisent à cette réalité disproportionnée n’ont rien de naturels. Dans les programmes, les inégalités sont mal pointées du doigt. Il y a 2 ans, nous avons fait une étude pour les programmes, mais l’action a été limitée. Dans les manuels la place des femmes est minorée ; on les cantonne à des places restreintes. Les femmes représentent 40% des personnages actifs, 70% de ceux qui font le ménage, 3% des personnes qui travaillent. Mais ce sont aussi les pratiques des enseignants qui sont dommageables pour l’égalité : ils sont largement imprégnés de stéréotypes de sexe. Tout au long de leur scolarité, les filles et les garçons sont traités différemment. Ils vont observer des traitements différenciés selon que l’on est homme ou femme. La fréquence d’interactions est plus importante envers les garçons qu’envers les filles. 70% des interactions vont vers les hommes. Les garçons sont interrogés plus souvent que les filles, plus longtemps qu’elles; lorsqu’ils sont interrogés, ils vont recevoir des consignes plus complexes. Ils sont plus mobilisés, donc stimulés dans l’apprentissage de nouveaux savoirs. Les filles vont simplement être appelées à répéter leurs acquis. A résultat équivalent, les garçons sont davantage interpelés que les filles."
Nicole Mosconi, disciple de Simone de Beauvoir, a ajouté que :
"Il faut que les enseignants s’interrogent sur leur pratique pédagogique ; cela s’enseigne. C’est pour ça que la formation des enseignants est un levier fondamental.
Il y a quatre ans, le 8 mars, le Président de la République avait dit : « Tout s’apprend, même l’égalité. Les préjugés et les stéréotypes se condamnent dès le plus jeune âge, dès l’école ». Je n’ai pas une virgule à rajouter. Il faut faire le constat que l’amorce, en 2013, s’est faite dans l’école avec la loi de la refondation de l’école le 8 juillet 2013. La formation à l’égalité y a été prise en compte. Cette volonté a été affirmée. Cette formation est désormais obligatoire pour l’ensemble des futurs enseignant.es. Aujourd’hui 32 Ecoles Supérieure du Professorat et de l'Education (ESPE) structurent le territoire français et doivent former les enseignants à l’égalité. Cet objectif a été affiché dans les textes cadres, notamment dans les missions interministérielles. On y dit notamment : « La formation des formateurs et formatrices, …. doit comprendre une formation au genre et à l’égalité ». Genre et égalité ne sont plus des mots rejetés."
Françoise Vouillot, membre de la Convention Interministérielle pour l’égalité filles-garçons dans le système éducatif, estime que :
"L’école peut contribuer à reproduire les stéréotypes de sexe. Depuis 2013, la promotion de l’égalité fait partie du registre de compétences requises pour être personnel de l’éducation. Les personnels doivent être formés, outillés. Cela se fait à deux niveaux : la formation initiale, qui se déroule dans les ESPE, qui ont remplacé les IRFM par la loi de la refondation de l’école. Ils doivent organiser des missions de formation à l’égalité. 32 ESPE forment 25 000 étudiant.e.s futurs personnels. Les futurs psychologues de l’Education Nationale seront formés dès 2017."
Ce qui est amusant, c'est que ça ne prend pas. Elle ajoute en effet :
"J’ai eu à organiser des modules qui ont dû être annulés car il n’y avait aucun inscrit. Il faut déclencher ce sentiment d’injustice. L’ennemi principal c’est l’indifférence. Il faut révolutionner cet ordre sexué. Le manque de conscience est partout le premier frein à l’élaboration de ces modules."
Le matraquage pro-gender doit être obligatoire…