Une distinction que fait Ivan Rioufol en s'appuyant sur Maurice Allais :
"Faut-il, pour autant, jeter le libéralisme par-dessus bord ? La gauche le souhaite, refusant d'admettre que la crise puisse se réduire à des pratiques folles n'entachant pourtant pas le fonctionnement d'un libre marché assaini. François Bayrou renvoie dos à dos capitalisme et socialisme, pour en appeler à un "humanisme" désarmant d'angélisme. En réalité, un libéral ne se sent pas forcément désavoué par ce chaos : il est celui d'un "laisser-fairisme mondialiste" que Maurice Allais, Prix Nobel d'économie en 1988, ne cesse de dénoncer en vain.
Alors que des experts se poussent du col pour assurer qu'ils avaient prédit les événements, il faut relire les critiques de l'économiste libéral contre une mondialisation généralisée des échanges entre pays "caractérisés par des niveaux de salaires très différents aux cours des changes", prélude aux pires catastrophes. Pour lui, "une société libérale n'est pas et ne saurait être une société laxiste et anarchique". Ne serait-il pas temps d'entendre ses critiques contre "le credo d'un libre-échangisme mondial" et son plaidoyer pour la "préférence européenne" ?
Non seulement le capitalisme ne s'est pas effondré, mais le gouvernement serait bien avisé d'accompagner désormais sa démocratisation, notamment en accélérant les intéressements des salariés. C'est François Chérèque, patron de la CFDT, qui remarque :
"L'économie de marché, c'est ce qu'on a trouvé de mieux pour créer de la richesse et avoir les moyens de réduire les inégalités. Encore faut-il la réguler et ne pas accepter que le capitalisme soit aux mains d'une caste qui en profite au maximum, au détriment d'une redistribution plus juste des richesses."
Cette caste, qui la défend ?"
tonio
J’avoue être assez inquiet quand j’entends l’expression “réguler le libéralisme”, ça sonne encore une fois très “plan quinquennal” et socialisme.
Il serait en revanche tout à fait juste, et préférable, de parler de “réglementer le libéralisme”, qui n’est pas, ou ne doit pas/plus, être l’anarchie.
La perspective est tout de même radicalement différente.
Jean
Je ne suis pas catholique alors je vais peut-être dire une bêtise : le distributivisme n’est-il pas la promotion d’un sain capitalisme ?
Amédée
On a beau connaître les limites de François Bayrou, renvoyer dos à dos capitalisme et socialisme, c’est la position de Jean-Paul II.
Donc à mon sens François Bayrou sur ce coup là a raison.
Et ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne dis pas qu’ensuite François Bayrou élu, instaurerait la doctrine sociale de l’Eglise.
[Il faudrait prouver votre affirmation “renvoyer dos à dos capitalisme et socialisme, c’est la position de Jean-Paul II”.
Petit extrait de CA :
“après l’échec du communisme, le capitalisme est le système social qui l’emporte et que c’est vers lui que s’orientent les efforts des pays qui cherchent à reconstruire leur économie et leur société ? Est-ce ce modèle qu’il faut proposer aux pays du Tiers-Monde qui cherchent la voie du vrai progrès de leur économie et de leur société civile ?
La réponse est évidemment complexe. Si sous le nom de « capitalisme » on désigne un système économique qui reconnaît le rôle fondamental et positif de l’entreprise, du marché, de la propriété privée et de la responsabilité qu’elle implique dans les moyens de production, de la libre créativité humaine dans le secteur économique, la réponse est sûrement positive, même s’il serait peut-être plus approprié de parler d’« économie d’entreprise », ou d’« économie de marché », ou simplement d’« économie libre ».
Mais si par « capitalisme » on entend un système où la liberté dans le domaine économique n’est pas encadrée par un contexte juridique ferme qui la met au service de la liberté humaine intégrale et la considère comme une dimension particulière de cette dernière, dont l’axe est d’ordre éthique et religieux, alors la réponse est nettement négative.”
http://www.vatican.va/edocs/FRA0072/__P6.HTM
Il faut bien préciser le sens que l’on donne aux termes avant de les utiliser. Cela évite les dialogues de sourds.
Pour notre part, sur le SB, nous défendons le capitalisme dont la définition est donnée ci-dessus par JPII, et qu’on peut appeler également “économie libre”. MJ]
Pascal G.
“Economie de marché” semble absolutiser le marché et “économie d’entreprise” est restrictif.
”Economie libre” est un terme précis, qui ne supprime pas la réalité économique, fait de nature comme l’est le lien social, et qui relie la liberté à cette réalité humaine et sociale, réaffirmant ainsi le primat de la liberté morale de l’homme mais dans le cadre du respect de la loi naturelle.
Amédée
C’est à Centesimus annus que je pensais…
Le rôle fondamental et positif de l’entreprise est-il reconnu aujourd’hui alors que les banques ne les financent plus? La propriété privée est-elle respectée quand des raveurs peuvent squatter des terres agricoles sous le regard placide des forces de l’ordre? Où est “la responsabilité qu’elle implique dans les moyens de production” quand ces moyens sont transférés dans des pays à bas coûts de production? En quoi la libre créativité humaine dans le secteur économique est-elle facilitée aujourd’hui?
Je crois que:
– l’actuel capitalisme professé par Nicolas Sarkozy aujourd’hui est un système où la liberté dans le domaine économique n’est pas encadrée par un contexte juridique ferme;
– que ce système n’est pas au service de la liberté humaine intégrale et la considère comme une dimension particulière de cette dernière.
Bouton n’a toujours pas été “viré” de la Société Générale.
Le contexte juridique est très souple et assoupli de plus en plus au détriment de la liberté humaine, etc.