Philippe Arino dérange à Sciences Po :
"L’interview que j’ai accordée au journal de Sciences Po La Péniche a été mise en ligne hier (6 mars 2015), juste après laQueer Week. Selon la rédaction, il y a eu plus de 400 visiteurs uniques en 10 minutes et près de 20 commentaires incendiaires publiés immédiatement. Vu la polémique terrible, le bureau a pris la décision de supprimer l’article… ce qui a empiré les choses puisqu’on a accusé les rédacteurs d’avoir censuré l’article. Bref, l’article est magnifique, mais la censure en face est monumentale… La rédaction a déclaré : « Je suis navré de la tournure qu’ont pris les choses et consterné de voir une telle hystérie contre l’article. » L’homosexualité, beaucoup de militants gays friendly se vantent de l’avoir acceptée… mais en réalité, ils sont ses pires censeurs. C’est de la même violence que l’expulsion physique de Béatrice Bourges à la Queer Week il y a un an."
Extraits de cet entretien (toujours visible sur la page en cache de google et sur le site de Philippe Arino) :
"À Sciences Po, la « Queer week » est une semaine consacrée à l’étude et la mise en pratique des théories dites « queers ». Que pensez-vous de ces théories ?
Ces théories sont inutiles et dangereuses puisqu’elles veulent le bien de l’Homme sans l’Homme réel (elles lui préfèrent l’homme-objet angélique asexué), et sur la base d’une vision conflictuelle entre l’homme et la femme ou entre l’individu et sa société. Elles ont choisi l’indéfinition comme définition, l’anticonformisme et le doute nihiliste comme vérités absolues, la violence comme moyen privilégié d’expression.
La « Queer week » utilise des sigles du type LGBTQ+ ou même LGBTIQAP+, ce foisonnement de catégories ne va-t-il jamais s’arrêter ?En effet, les sigles pro-gays deviennent hyper extensibles et ça frise le ridicule. La Gender & Queer Theory met tout au pluriel pour éclater l’identité humaine et pour que les Hommes ne sachent plus qui ils sont, ce qu’ils désirent, vers où ils vont, qui les aime et les as créés (= Dieu), et avec quel sexe. Mais le vrai problème, c’est que cette myriade de fausses identités – nous ne sommes réductibles ni à notre pratique génitale, ni aux personnes qui nous attirent érotiquement, ni à nos fantasmes ou pulsions sexuels – font le lit de l’hétérosexualité, la seule « identité sexuelle » que cache toute cette brochette d’espèces humaines aussi mythiques qu’elle, et qui salit la différence des sexes couronnée par l’amour. C’est la raison pour laquelle j’ai créé le site CUCH (Cathos Unis Contre l’Hétérosexualité). L’hétérosexualité, en caricaturant et en dévoyant la différence des sexes, devrait être notre pire ennemi.
Cathos Unis Contre l’Hétérosexualité ? Mais quelle est votre définition d’ « hétérosexualité »?L’hétérosexualité, c’est l’autre nom de la Queer Theory ou du Gender. Étymologiquement, il s’agit d’un terme hybride gréco-latin désignant toutes les altérités au niveau de la sexualité (bisexualité, homosexualité, transidentité, fétichisme, infidélité, zoophilie, inceste, etc.) et pas spécifiquement la différence des sexes. Quand il se rapporte à la différence des sexes, ce sera juste pour la vider d’amour et la transformer en concept libertin ou nataliste rigide. Ce n’est certainement pas l’idéologie hétéro que nous devons défendre ! Il n’y a que la différence des sexes couronnée par l’amour, qu’on soit célibataire ou marié, qui m’intéresse.
Le vendredi 6 mars, la « Queer week » a organisé la conférence « Le chantier linguistique », pour promouvoir la « linguistique queer ». Il faudrait par exemple utiliser des pronoms neutres, comme le « Hen » suédois. Est-ce une « novlangue » ? Cherche-t-on à transformer la réalité en changeant les mots ?
Oui. Par la création de mots nouveaux « neutres », les « déconstructeurs » et « performers » queer prétendent formater le Réel à leurs fantasmes irréalistes les plus fous pour le déconnecter de l’amour sexué et le transformer en amour génital asexué. C’est la dialectique du nominalisme. Ça a l’air créatif et poétique, comme ça. Mais à travers ces néologismes, on essaye à la fois de gommer et de justifier une approche conflictuelle entre les sexes. On pense que le problème c’est l’« homme et la femme », qu’ils ne peuvent pas s’entendre, et l’on fuit ce conflit-là par la recherche d’une neutralité ou d’une asexuation inexistante. […]
Vous vivez votre sexualité dans la continence depuis 2011. Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous « refoulez » votre homosexualité ?S’il suffisait de pratiquer son homosexualité pour s’accepter tel qu’on est, on trouverait bien plus de gens heureux et bien dans leurs baskets dans la communauté homo ! Or, ce n’est pas le cas. Et je crois même que la sommation collective à la pratique homo crée bien plus de mal-être et de refoulement que la non-pratique. Je répondrais à ceux qui me jugent « homophobe » ou « frustré » que je connais peu de personnes homosexuelles qui, comme moi, aient étudié et porté autant d’intérêt au désir homosexuel, aient accueilli autant les personnes homosexuelles dans l’amitié vraie et dans ce qu’elles vivaient, aient autant assumé d’afficher sans complexe son orientation sexuelle à tous. Les individus homosexuels qui pratiquent leur homosexualité en couple ou qui se réduisent à leur coming out refusent de comprendre leur désir homosexuel, de le regarder en face et de l’expliquer aux autres. S’ils pensent qu’accepter son homosexualité c’est uniquement la pratiquer en couple, ils écartent quasiment toutes les personnes homosexuelles, y compris les célibataires, les hommes mariés, et les adolescents qui n’ont pas franchi le pas de la pratique. Défendre la pratique homo ou passer à celle-ci, c’est cela la véritable homophobie. […]"