Un article d’Antoine Bordier :
Toute la France connaît ce pèlerinage en calèche qui s’est élancé de Lourdes et de La Salette, du 1er juin au 13 septembre 2020. Le M de Marie se forme sur les routes de France à travers deux routes différentes, pour se rejoindre au sanctuaire marial de Pellevoisin, étape finale. Plus nombreux sont celles et ceux qui portent aujourd’hui la Médaille Miraculeuse autour du cou, depuis 1830. Ce 27 novembre 1830, la Vierge Marie apparaît à Catherine Labouré. Cette jeune novice de la Compagnie des Filles de la Charité ne le sait pas encore, mais elle a été choisie pour diffuser Sa médaille, et, ainsi, collaborer à de nombreuses grâces. Reportage sur la Médaille Miraculeuse que les papes et les saints affectionnent tant.
En nous replongeant dans l’histoire de la Compagnie des Filles de la Charité, on y trouve des pépites. Tout d’abord, avec saint Vincent de Paul et avec sainte Louise de Marillac comme fondateurs, les prémices de la grâce sont là. Ces grands saints ont façonné leur siècle. Les sœurs se consacrent principalement aux indigents, aux malades et aux pauvres qui vivent dans la boue. La vénérable Marguerite Naseau est la première à entrer dans cette toute jeune communauté de religieuses vêtues de noir et de blanc. Elle meurt l’année même de la création officielle de la Compagnie, en 1633. Alors que le 18è siècle sera dénommé le siècle des Lumières, à tort car ce sera plutôt l’avènement des Ténèbres avec la sanglante Révolution Française et son lot de génocidaires, celui qui le précède serait le siècle de la Charité. C’est, en tout cas, celui de la Congrégation de la Mission, ou des Lazaristes, que saint Vincent de Paul fonde en 1625. La devise de la congrégation est la phrase prononcée par le saint : « Il m’a envoyé pour évangéliser les pauvres ». Il sera, du temps de son vivant, dénommé « l’apôtre des pauvres », et fondera de nombreuses communautés dans toute la France et en Europe. Sainte Louise de Marillac est son alter-égo féminin. Elle lui ressemble dans l’action, mais aussi dans la contemplation. Ce 17è siècle est un siècle béni. Où il n’est ni question d’apostasie, de déchristianisation, de relativisme, de sécularisation des membres du culte divin. Mieux encore, la religion catholique est religion d’Etat. Le roi Louis XIII consacre la France à la Vierge Marie, en 1638, à la suite de la naissance miraculeuse de Dieudonné, le futur Louis XIV.
« Venez au pied de cet autel »
Au 19è siècle à la veille de la fête de saint Vincent de Paul, ce 18 juillet 1830, la jeune Catherine dort à poings fermés. Elle se réveille soudain, pensant que quelqu’un l’appelle. Il est 23h30. Elle se lève et voit au pied de son lit un petit enfant qui lui dit : « La Sainte Vierge vous attend ». Dans la précipitation, elle s’habille et le suit. Elle raconte qu’il « portait des rayons de lumière partout où il allait ». Il ouvre doucement la porte de la chapelle plongée dans la nuit, dont les lumières s’allument à leur passage. Dans le chœur, à l’endroit où se trouve aujourd’hui la statue de saint Joseph, elle s’arrête. Elle tend l’oreille, et, comme elle le raconte : « J’entendis comme le froufrou d’une robe de soie ». Son « ange gardien » lui dit : « Voici la Sainte Vierge ! » Catherine se retourne et se précipite aux pieds de Marie, qui est assise dans un fauteuil. Cet instant est divin :
« Là, il s’est passé un moment, le plus doux de ma vie. Il me serait impossible de dire ce que j’éprouvais. La Sainte Vierge m’a dit comment je devais me conduire envers mon confesseur et plusieurs autres choses. »
Marie fait un geste de la main et lui montre l’autel où repose le tabernacle, et, elle lui dit :
« Venez au pied de cet autel. Là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderontavec confiance et ferveur. »
La mission de Catherine va commencer.
La Médaille Miraculeuse
Quelques mois plus tard, le 27 novembre, Marie apparaît de nouveau à Catherine. Il est 17h30.
« J’avais un très grand désir de revoir la Sainte Vierge. J’ai entendu le froufrou de la robe de soie qui avance. J’ai vu la Sainte Vierge debout sur le demi-globe terrestre, ses pieds écrasant le serpent. La Sainte Vierge avait la figure si belle qu’il me serait impossible de dire sa beauté, elle avait une robe de soie blanche aurore, la tête couverte d’un voile blanc qui lui descendait de chaque côté jusqu’aux pieds. Elle portait dans ses mains une boule. Elle avait des anneaux aux doigts avec des pierres précieuses d’où sortaient des rayons de lumière. La Sainte Vierge m’a expliqué que la boule représente le monde entier, la France et chaque personne. Les rayons sont le symbole des grâces qu’elle répand sur les personnes qui les lui demandent. Les pierreries d’où ne sorte aucun rayon sont les grâces que l’on ne lui demande pas. La Sainte Vierge aime qu’on la prie, elle est très généreuse avec ceux qui la prient. Elle est heureuse de donner les grâces demandées. »
Catherine voit alors comme une sorte de tableau sur lequel est projeté une animation où se retrouve la Vierge Marie. Deux tableaux s’y animent, avec cette inscription : « O Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. » La Vierge Marie demande à Catherine de faire frapper une médaille, selon ce modèle des deux tableaux. Elle lui dit que : « toutes les personnes qui la porteront au cou recevront des grâces abondantes, selon leur confiance. La médaille s’est retournée ensuite et sur le revers j’ai distingué la lettre « M », initiale de Marie, surmontée d’une croix, ainsi que les Cœurs de Jésus et de Marie. Le Cœur de Jésus était entouré d’épines, le Cœur de Marie était traversé d’une épée. »
Une pandémie, des grâces et la conversion de Ratisbonne
La dernière apparition a lieu en décembre 1830. La Médaille Miraculeuse, après des réticences importantes, est frappée avec l’accord de l’évêque de l’époque, Mgr de Gondi, le premier archevêque de Paris. En mars 1832, une pandémie de choléra décime la France. A Paris, qui compte à l’époque une population de près de 800 000 habitants, il y aura plus de 18 000 morts, en moins de 6 mois. Aujourd’hui, à Paris, sur une période équivalente, la Covid a tué 2 255 personnes pour une population de plus de 2 140 000 habitants. En 1832, les parisiens qui portent la Médaille sont épargnés ou guérissent miraculeusement. C’est pour cela qu’elle prend alors le nom de « Médaille Miraculeuse ». Cette pandémie venue d’Inde a pour conséquence la diffusion de la médaille dans le monde. En 1834, la médaille est frappée en plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. A la mort de sœur Catherine, en 1876 à l’âge de 70 ans, ce sont plus du milliard de médailles qui ont, déjà, été diffusées. En 1842, Alphonse Ratisbonne, un jeune banquier israélite alsacien effectue un voyage en Italie. Il est révolté depuis que son frère aîné s’est converti, et, est devenu prêtre. A Rome, il fait la connaissance d’un catholique, Théodore. Ce-dernier lui offre une Médaille Miraculeuse. Une semaine plus tard, ils se retrouvent dans l’église S. Andrea delle Fratte. La Vierge de la Médaille Miraculeuse lui apparaît. A la sortie de l’église, Ratisbonne, à genoux, est en pleur. Il avoue à Théodore, sa conversion soudaine. Il lui dit : « Ah que je suis heureux ! Que Dieu est bon, quelle plénitude de grâce et de bonheur ! Que ceux qui ne savent pas sont à plaindre ! »
De la conversion de Ratisbonne à l’Hommage Floral de Lourdes
C’est à proximité de cette église, où Ratisbonne s’est converti, qu’en 1857 est édifiée, place d’Espagne, la colonne de marbre avec au sommet la statue de la Vierge Immaculée dédiée à la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, de 1854. Peu après, à Lourdes, en 1858, Marie révèlera son nom à Bernadette : « Je suis l’Immaculée Conception. » Comme l’explique Gino, le responsable du groupe de prières de Padre Pio sur Paris, « c’est sur cette place que se déroule chaque 8 décembre ‶l’Omaggio Floreale″, et, que les papes (depuis Pie XII en 1953), viennent déposer une gerbe, comme le fera de nouveau le pape François dans quelques jours. En 1965, Padre Pio demanda à une de ses filles spirituelles, habitant Rome, d’apporter pour le 8 décembre, en son nom et de celui de ses malades de la Casa Sollievo della Sofferenza, un bouquet de fleurs. Et c’est dans le prolongement de cette demande de Padre Pio, que cinquante ans après, en 2015, est né l’Hommage Floral de Lourdes, au cours duquel des milliers de roses jaunes sont maintenant offertes, chaque 8 décembre, à Marie dans la grotte de Massabielle. » Cet hommage aura lieu cette année, selon les règles strictes du confinement allégé !
Les saints et les papes
Tout récemment le pape François appelait à prier la Sainte Vierge de la rue du Bac. Le 11 novembre, il a béni une statue de la Vierge représentée sur la Médaille Miraculeuse, qui fera le tour d’Italie du 1er décembre 2020 au 22 novembre 2021. Cet évènement est orchestré pour contrer la pandémie de la Covid-19. Le pape Jean-Paul II était venu se recueillir dans la chapelle, au 140 rue du Bac, le 31 mai 1980. Pour les 150 ans des apparitions, il avait prié ainsi :
‶Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous″ « Telle est la prière que tu as inspirée, ô Marie, à sainte Catherine Labouré, en ce lieu même, voilà cent cinquante ans ; et cette invocation, désormais gravée sur la Médaille, est maintenant portée et prononcée par tant de fidèles dans le monde entier ! Tu es bénie entre toutes les femmes ! Tu as été associée intimement à toute l’oeuvre de notre Rédemption, associée à la Croix de notre Sauveur ; ton cœur a été transpercé, à côté de son cœur. Et maintenant, dans la gloire de Ton Fils, tu ne cesses d’intercéder pour nous, pauvres pécheurs. Tu veilles sur l’Eglise dont tu es la Mère. Tu veilles sur chacun de tes enfants. Tu obtiens de Dieu, pour nous, toutes ces grâces que symbolisent les rayons de lumière qui irradient de tes mains ouvertes, à la seule condition que nous osions Te les demander, que nous approchions de Toi avec la confiance, la hardiesse, la simplicité d’une enfant… »
Auparavant, les papes Pie IX, Léon XIII, le pape Grégoire XVI ont honoré de leurs dévotions la Médaille Miraculeuse. Parmi les saints, on peut citer le père Kolbe qui a célébré sa première Messe dans l’église où Ratisbonne s’est converti. Il y a aussi le curé d’Ars, la petite Thérèse et Bernadette. Ils sont, aujourd’hui, des centaines de millions à porter la médaille autour du cou dans le monde entier.
Des fioretti par milliers
Olivier a une affection pour la Médaille Miraculeuse parce que juste après sa conversion, le 8 décembre 2010, il décide de se confesser à la chapelle de la rue du Bac. Là, il y pleure et reçoit de nombreuses grâces. Il y vit un véritable cœur à cœur avec Jésus. Constance, quant à elle, a bénéficié d’une grâce particulière. Depuis son adolescence, elle porte une médaille autour de son cou. Pour ses 40 ans, elle demande une Médaille Miraculeuse en or. Le jour J, en mettant la médaille autour de son cou, elle reçoit une grâce sensible de la présence de la Vierge Marie. Benoît, de son côté, a échappé étrangement à un accident qui aurait pu être mortel : être écrasé par sa propre voiture ! En se promenant dans les rues de Lyon en 2007, il ramasse, au pied de Notre-Dame de Fourvière, une Médaille Miraculeuse. Il la place dans sa voiture. En septembre 2020 en allant ouvrir le portail, il se retrouve écrasé par sa voiture. Comme il le raconte : « par mégarde, j’ai mal enclenché le frein à main électronique. Le moteur étant resté allumé, la voiture s’est mise à avancer. Je me suis presque aussitôt retrouvé écrasé contre le portail et, les deux jambes coincées. » Le portail s’ouvre tout seul. « Je ne me l’explique pas. En revanche j’ai su, immédiatement, que j’avais été protégé. La Médaille Miraculeuse m’a sauvé ! »
Texte et photos réalisés par Antoine BORDIER