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L'Eglise : Léon XIV

« Le mal ne doit pas seulement être sanctionné, mais réparé »

« Le mal ne doit pas seulement être sanctionné, mais réparé »

Le pape a reçu ce matin les personnes engagées pour la justice à l’occasion du Jubilé de ceux qui promeuvent et défendent la Justice :

[…] La justice évangélique ne détourne donc pas de la justice humaine, mais elle l’interroge et la redessine : elle la stimule à aller toujours plus loin, car elle la pousse à rechercher la réconciliation. En effet, le mal ne doit pas seulement être sanctionné, mais réparé. Pour cela, il faut porter un regard profond sur le bien des personnes et le bien commun. C’est une tâche ardue, mais pas impossible pour ceux qui, conscients d’exercer un service plus exigeant que d’autres, s’engagent à mener une vie irréprochable.

Comme on le sait, la justice se concrétise lorsqu’elle tend vers les autres, lorsque chacun reçoit ce qui lui est dû, jusqu’à atteindre l’égalité en dignité et en opportunités entre les êtres humains. Nous sommes toutefois conscients que l’égalité effective n’est pas celle qui est formelle devant la loi. Cette égalité, bien qu’étant une condition indispensable à la bonne administration de la justice, n’empêche pas qu’il y ait des discriminations croissantes dont le premier effet est précisément le manque d’accès à la justice. La véritable égalité, en revanche, est la possibilité donnée à chacun de réaliser ses aspirations et de voir les droits inhérents à sa dignité garantis par un système de valeurs communes et partagées, capables d’inspirer les normes et les lois sur lesquelles se fonde le fonctionnement des institutions.

Aujourd’hui, ce qui interpelle les acteurs de la justice, c’est précisément la recherche ou la récupération des valeurs oubliées dans la vie en communauté, leur préservation et leur respect. Il s’agit d’un processus utile et nécessaire, face à l’affirmation de comportements et de stratégies qui témoignent d’un mépris pour la vie humaine dès son apparition, qui nient les droits fondamentaux à l’existence personnelle et ne respectent pas la conscience dont découlent les libertés. C’est précisément à travers les valeurs qui sont à la base de la vie sociale que la justice assume son rôle central pour la coexistence des personnes et des communautés humaines. Comme l’écrivait saint Augustin : « La justice n’est pas la justice si elle n’est pas prudente, forte et tempérante ». [4] Cela exige la capacité de toujours penser à la lumière de la vérité et de la sagesse, d’interpréter la loi en profondeur, au-delà de la dimension purement formelle, afin de saisir le sens intime de la vérité que nous servons. Tendre vers la justice exige donc de pouvoir l’aimer comme une réalité à laquelle on ne peut parvenir qu’en conjuguant une attention constante, un désintéressement radical et un discernement assidu. En effet, lorsqu’on exerce la justice, on se met au service des personnes, du peuple et de l’État, dans un dévouement total et constant. La grandeur de la justice ne diminue pas lorsqu’on l’exerce dans les petites choses, mais elle se manifeste toujours lorsqu’elle est appliquée avec fidélité au droit et au respect de la personne, où qu’elle se trouve dans le monde. [5]

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » (Mt 5, 6). Par cette béatitude, le Seigneur Jésus a voulu exprimer la tension spirituelle à laquelle il faut être ouvert, non seulement pour parvenir à une véritable justice, mais surtout pour la rechercher de la part de ceux qui sont appelés à la réaliser dans les différentes situations historiques. Avoir “faim et soif” de justice équivaut à être conscient qu’elle exige un effort personnel pour interpréter la loi de la manière la plus humaine possible, mais surtout qu’elle demande de tendre vers une “satiété” qui ne peut trouver son accomplissement que dans une justice plus grande, transcendant les situations particulières.

Chers amis, le Jubilé nous invite également à réfléchir sur un aspect de la justice qui n’est souvent pas suffisamment mis en évidence : à savoir la réalité de nombreux pays et peuples qui “ont faim et soif de justice”, car leurs conditions de vie sont tellement iniques et inhumaines qu’elles en deviennent inacceptables. Il faudrait donc appliquer au panorama international actuel ces sentences perpétuellement valables : « La république ne peut être gouvernée sans la justice ; donc, où il n’y a pas une véritable justice, le droit ne peut être. Car ce qui se fait avec droit se fait avec justice, et ce qui se fait sans justice ne peut se faire avec droit. […] Il suit indubitablement qu’où il n’y a pas justice, il n’y a pas république. Or la justice est cette vertu qui rend à chacun ce qui lui appartient. Qu’elle est donc cette justice de l’homme, qui dérobe l’homme même au vrai Dieu ». [6] Que les paroles exigeantes de saint Augustin inspirent chacun d’entre nous à toujours exprimer au mieux l’exercice de la justice au service du peuple, le regard tourné vers Dieu, afin de respecter pleinement la justice, le droit et la dignité des personnes.

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