Aujourd’hui a été publiée la Lettre apostolique Une fidélité qui génère l’avenir de Sa Sainteté le Pape Léon XIV à l’occasion du 60e anniversaire des décrets conciliaires Optatam Totius et Presbyterorum Ordinis. Extraits :
[…] Dans de nombreux contextes, notamment occidentaux, de nouveaux défis se posent dans la vie des prêtres, liés à la mobilité actuelle et à la fragmentation du tissu social. Cela signifie que les prêtres ne sont plus intégrés dans un contexte cohérent et croyant qui soutenait leur ministère dans le passé. En conséquence, ils sont plus exposés aux dérives de la solitude qui éteint l’élan apostolique et peut provoquer un triste repli sur soi. C’est aussi pour cette raison que, suivant les indications de mes Prédécesseurs [16], je souhaite que dans toutes les Églises locales puisse naître un engagement renouvelé à investir et à promouvoir des formes possibles de vie commune, afin que les prêtres puissent « s’entraider pour le développement de leur vie spirituelle et intellectuelle, améliorer leur coopération dans le ministère, éviter les dangers que peut entraîner la solitude ». [17] […]
24. Dans notre monde contemporain, caractérisé par des rythmes effrénés et l’angoisse d’être hyper connectés qui nous rend souvent frénétiques et nous pousse à l’activisme, au moins deux tentations s’insinuent contre la fidélité à cette mission. La première consiste en une mentalité axée sur l’efficacité selon laquelle la valeur de chacun se mesure à ses performances, c’est-à-dire à la quantité d’activités et de projets réalisés. Selon cette façon de penser, ce que l’on fait passe avant ce que l’on est, inversant la véritable hiérarchie de l’identité spirituelle. La deuxième tentation, à l’opposé, se qualifie comme une sorte de quiétisme : effrayé par le contexte, on se replie sur soi-même en refusant le défi de l’évangélisation et en adoptant une approche paresseuse et défaitiste. Au contraire, un ministère joyeux et passionné – malgré toutes les faiblesses humaines – peut et doit assumer avec ardeur la tâche d’évangéliser toutes les dimensions de notre société, en particulier la culture, l’économie et la politique, afin que tout soit récapitulé dans le Christ (cf. Ep 1, 10). Pour vaincre ces deux tentations et vivre un ministère joyeux et fécond, chaque prêtre doit rester fidèle à la mission qu’il a reçue, c’est-à-dire au don de grâce transmis par l’évêque lors de l’ordination sacerdotale. Être fidèle à la mission c’est adopter le paradigme que nous a transmis saint Jean-Paul II lorsqu’il a rappelé à tous que la charité pastorale est le principe qui unifie la vie du prêtre. [24] C’est précisément en maintenant vivant le feu de la charité pastorale, c’est-à-dire l’amour du Bon Pasteur, que chaque prêtre peut trouver un équilibre dans sa vie quotidienne et savoir discerner ce qui est bon et ce qui est le proprium du ministère, selon les indications de l’Église.
25. L’harmonie entre contemplation et action ne doit pas être recherchée à travers l’adoption précipitée de schémas de fonctionnement ou par un simple équilibre des activités, mais en plaçant la dimension pascale au centre du ministère. Se donner sans réserve, en tout cas, ne peut et ne doit pas impliquer le renoncement à la prière, à l’étude, à la fraternité sacerdotale, mais au contraire devenir l’horizon dans lequel tout est orienté vers le Seigneur Jésus, mort et ressuscité pour le salut du monde. C’est ainsi que s’actualise également les promesses faites à l’ordination qui, avec le détachement des biens matériels, réalisent dans le cœur du prêtre une recherche et une adhésion persévérantes à la volonté de Dieu, faisant ainsi transparaître le Christ dans chacune de ses actions. C’est le cas, par exemple, lorsque l’on fuit tout personnalisme et toute célébration de soi malgré l’exposition publique à laquelle le rôle peut parfois contraindre. Éduqué par le mystère qu’il célèbre dans la sainte liturgie, le prêtre doit « disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer ». [25]C’est pourquoi l’exposition médiatique, l’utilisation des réseaux sociaux et de tous les outils disponibles aujourd’hui doivent toujours être évalués avec sagesse, en prenant comme paradigme de discernement celui du service de l’évangélisation. Tout m’est permis mais tout n’est pas bon (cf. 1 Co 6, 12). […]
28. Cependant, outre la prière, le manque de vocations sacerdotales – surtout dans certaines régions du monde – exige de chacun une vérification de la fécondité des pratiques pastorales de l’Église. Il est vrai que les raisons de cette crise peuvent être diverses et multiples, et dépendre en particulier du contexte socioculturel, mais nous devons en même temps avoir le courage de faire aux jeunes des propositions fortes et libératrices et de faire en sorte que, dans les Églises particulières, se développent « des environnements et des formes de pastorale des jeunes imprégnés de l’Évangile, où les vocations au don total de soi puissent se manifester et mûrir ». [28] Dans la certitude que le Seigneur ne cesse jamais d’appeler (cf. Jn 11, 28), il est nécessaire de toujours garder à l’esprit la perspective vocationnelle dans tous les domaines pastoraux, en particulier ceux de la jeunesse et de la famille. Rappelons-le : il n’y a pas d’avenir sans le souci de toutes les vocations ! […]
