Dans un numéro consacré aux persécutions, France catholique évoque les 14 prêtres réfractaires guillotinés le 21 janvier 1794 à Laval. Extraits :
Ce 21 janvier 1794 marque le premier anniversaire de « la mort du tyran », l’exécution de Louis XVI. Désireux de se faire apprécier de la Convention, le comité révolutionnaire de Laval cherche l’initiative qui lui permettrait, à cette occasion, de se distinguer. Il n’en est qu’une: faire couler le sang, prouvant ainsi sa participation active à la régénération de la nation… […] « Patience », c’est le couvent des clarisses que les révolutionnaires ont transformé en prison pour les prêtres réfractaires. Leur crime? Être restés fidèles à la foi et à Rome en refusant le serment à la constitution civile du clergé, jugée schismatique par le pape Pie VI. […] Soit, à Laval, 120 prêtres, qui seront transférés à Rambouillet en octobre 1793 pour empêcher les Vendéens de les libérer. Une quinzaine d’entre eux, intransportable, est restée en Mayenne. Ce sont eux, « les scélérats qui mangent du pain pour rien », que l’on enverra « cracher dans le panier » pour célébrer le 21 janvier… […]
La parodie de procès du 21 janvier 1794 fera croire à une procédure légale mais le verdict est dicté d’avance. Fameux pour des condamnations de femmes enceintes et d’enfants, les juges sont des élus locaux d’extrême gauche et deux prêtres apostats, ignorants du droit et s’en targuant, qui enverront plus de 500 personnes à l’échafaud. Le « procès » se borne à un interrogatoire d’identité et une question: « Avez-vous prêté serment à la constitution civile du clergé? » – serment qui n’existe plus à cette date et que certains accusés n’étaient pas tenus de prêter ! En fait, on leur demande d’apostasier, précisant au Père Triquerie: « Le serment que nous exigeons de toi est de ne plus professer aucune religion, ni surtout la catholique qui est sans doute la tienne. » C’est clair et apporte canoniquement la preuve du martyre. « Je serai fidèle à Jésus-Christ jusqu’à mon dernier soupir », rétorque Triquerie. Le Père Gallot renchérit: « Je serai toujours catholique, jamais je ne rougirai de Jésus-Christ! » « Je ne salirai pas ma vieillesse! » crie l’abbé Philippot, totalement sourd, quand il comprend ce qu’on lui demande. Le Père Pellé se fâche: « Mais vous m’embêtez, avec votre satané serment! C’est non, non et non! Je ne le ferai pas ! » On essaie de fléchir l’abbé Ambroise: « Tout le monde sait que tu es janséniste. Jure donc ! » Dignement, il répond être « heureux de laver ses fautes dans son sang ». L’abbé Turpin du Cormier résume l’opinion générale: ils ne prêteront pas un serment « contraire à la loi de Dieu ». C’est la mort pour tous. « Deo gratias », s’écrient-ils.
Les quatorze martyrs se confessent mutuellement et, à la sortie du tribunal, entonnent le Salve Regina et les litanies de la Vierge. Une foule compacte et consternée assiste à la scène, sous un ciel noir zébré de lueurs rouges d’où le soleil jaillit soudain éclairant l’échafaud et faisant dire que « le ciel s’ouvre pour accueillir les martyrs ». En en gravissant le premier les marches, l’abbé Pellé se tourne vers l’assistance: « Nous vous avons appris à vivre. Maintenant apprenez de nous à mourir. » Quand sa tête tombe, Turpin s’écrie: « Il est au Ciel! » et entonne le Te Deum, rappelant qui est le Vainqueur éternel. Les fossoyeurs, pris de scrupules, au lieu de jeter les cadavres dans les fosses communes les inhument dans une tombe particulière facile à repérer ; rendant la sépulture identifiable en 1816 lors de leur translation à la basilique Notre-Dame d’Avesnières.
Pie XII a béatifié les quatorze prêtres martyrs de Laval; ils attendent d’être canonisés puisque leur manque, individuellement, le miracle réclamé par Rome. Encore faudrait-il, pour l’obtenir, penser à les prier !