Depuis 1700, les Roumains de Transylvanie sont unis à Rome tout en gardant le rite byzantin. L’Eglise gréco-catholique reste florissante jusqu’en 1948, début des persécutions. Après la Seconde guerre mondiale, la Roumanie se retrouva en effet sous le joug communiste. Le 1er décembre 1948, le Parti communiste roumain met les Eglises catholiques, dont l’Église gréco-catholique, hors-la-loi : l’Église orthodoxe roumaine, dont les hiérarques sont alors destitués ou emprisonnés et remplacés par des popes ayant fait allégeance au régime communiste de Roumanie, devint affectataire de la plupart des biens gréco-catholiques saisis. Les évêques : Alexandru Rusu, Iuliu Hossu, Ioan Bălan, Vasile Aftenie, Ioan Suciu, Valeriu Traian Frențiu, Tit Liviu Chinezu, un grand nombre de prêtres, de moines et de fidèles sont exécutés ou emprisonnés. L’Eglise vivra pendant plus de 40 ans dans les catacombes en Roumanie. Aucun évêque ne renie sa foi et tous préfèrent mourir en martyrs. Le pape Pie XII leur rend hommage dès 1952 dans la Lettre Apostolique VERITATEM FACIENTES :
“vous renouvelez la beauté de l’Eglise primitive…”, “on souhaite embrasser les chaînes de ceux qui, du fond de leur prison, ne s’acharnent pas contre l’injustice qui leur a été faite mais souffrent d’une douleur indicible en voyant les assauts contre la foi et prient pour le salut éternel de leur people”.
Aujourd’hui, leur martyre a été reconnu officiellement par la Congrégation pour les Causes des Saints à Rome. 7 évêques ont été déclarés bienheureux par le pape François lui-même, lors de la célébration de la Divine Liturgie à Blaj (Roumanie) le 2 juin 2019.
C’est leur histoire qui est racontée dans ce livre. Cet ouvrage est fondé sur le dossier présenté au Vatican en vue de la reconnaissance de leur martyre. Une démarche qui a abouti, en 2019, à la béatification de Vasile Aftenie, Valeriu Traian Frentiu, Ioan Suciu, Tit Liviu Chinezu, Ioan Balan, Alexandru Rusu et Iuliu Hossu. Pour eux, vivre dans la foi ne signifiait pas seulement accepter les souffrances qu’ils avaient à endurer, mais surtout rejoindre, dans la joie, le Christ en sa Passion. Martyrs dans cette vie, ils sont devenus témoins de la béatitude.
Mgr Suciu envoya des lettres d’encouragement aux prêtres et visita sans cesse les paroisses, surtout les plus menacées. Dans une lettre aux fidèles en 1948, il écrit :
Nous serons vaincus d’avance si nous croyons pouvoir lutter contre le mensonge, les calculs humains et les compromis; Nous devons nous servir de moyens surnaturels : sacrements, prières, sacrifices, le tout sous l’étendard du Coeur Immaculé de la Mère du Sauveur, Reine des apôtres. […] A cette heure décisive, on ne doit signer aucun compromis avec le monde.
Les communistes exigèrent de ces évêques qu’ils rompent avec Rome et rejoignent l’orthodoxie. Ils écrivierent le 24 juillet 1948 une lettre adressée à tous les fidèles gréco-catholiques, dans laquelle ils soulignèrent le sens de l’Union avec Rome :
Nos liens avec la pape, l’évêque de Rome, ne sont pas des dispositions humaines que l’on puisse changer, mais des dispositions divines, pour lesquelles nous devons souffrir, le cas échéant, outrages, coups, menaces, ou même prison et dénuement, car c’est ainsi que nous glorifions Jésus, notre Dieu, c’est ainsi que nous lui prouvons un amour véritable, c’est ainsi que nous acquérons dès maintenant et nous obtenons, au prix d’une souffrance passagère, une gloire éternelle, au-delà de toute mesure (2 Co 4,17), car les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous (Rm 8,18).