Reynald Secher vient de publier un roman historique, Le Miroir sans retour, racontant les aventures de Valentin Chévetel, personnage obscur de la Révolution française. Jouant double-jeu, il trahit les artisans de la contre-révolution en Bretagne, se fait l'ami de Danton, croise Marat et Robespierre… Entretien avec l'auteur :
Dans votre livre, où s'arrête l'Histoire et où commence le roman ?
80% des faits que je raconte sont basés sur des faits authentiques racontés par les témoins oculaires ou conservés dans les archives. Le reste est le fruit de mon imagination et s’inscrit dans le plausible. En fait, tout s’entremêle. Ce qui est stupéfiant est que cet homme, qui est médecin et a prêté le serment d’Hippocrate, est en contradiction permanente et pire s’appuie sur sa fonction pour tuer, faire tuer et s’enrichir.
Valentin Chévetel semble uniquement animé par l'argent, de même que son complice Lalligand, et non par les fameux idéaux révolutionnaires. Même Danton brasse beaucoup d'argent… La Révolution a-t-elle finalement eu lieu en raison de la cupidité de ces "grands hommes" ?
En fait, il faut distinguer trois grandes étapes dans le déroulement de la vie de Chévetel : la frustration et la jalousie, le passage à l’acte notamment le meurtre en série, la reconnaissance sociale. Si on fait des comparaisons, Fouché, Talleyrand et combien d’autres, ont eu le même parcours. Tous les leaders de la Révolution ont brassé des sommes d’argent considérables, certains n’hésitant pas à se faire payer par les gouvernements étrangers. Je rappelle qu’on avait même monté des structures de pillage à grande échelle comme en Vendée. Lénine, Staline, Hitler n’ont fait que reprendre à leur compte le système.
Vous évoquez une négociation secrète entre le Comte d'Artois et Danton. Celle-ci a-t-elle vraiment eu lieu ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est exact. Elle n’est pas la seule. Peu de personnes pensaient que le Roi et la Reine seraient exécutés en raison même de leur statut. Les initiatives en ce sens ont été multiples tant à l’intérieur des frontière qu’à l’extérieur. Tout a été imaginé en la matière. En fait, seule Marie Thérèse, la fille aînée du couple royal, profitera de ces négociations puisqu’elle sera échangée contre des républicains capturés par l’armée autrichienne dont le fameux Jean-Baptiste Drouet celui là même qui avait reconnu le Roi à Varennes.