Dans une tribune du JDNews, Philippe de Villiers explique que le “nouveau monde” de Fukuyama, sans frontières ni nations, est terminé. Le mondialisme échoue sous nos yeux :
[…] Trois phénomènes inédits et inouïs sont intervenus : le premier, c’est le retour des États-puissance, et donc le retour des logiques de puissance, ce que Kissinger a appelé « le retour d’un monde néo-westphalien ».
On voit revenir les aspirations immémoriales. À nouveau, les Turcs rêvent de l’Empire ottoman ; les Iraniens rêvent de l’Empire perse ; les Chinois rêvent de l’Empire du Milieu ; les Russes rêvent de l’accès aux mers chaudes. Le deuxième phénomène, c’est le différentiel de natalité entre le Nord et le Sud. L’abîme démographique se creuse : le Nord, sous l’effet de l’hédonisme et du nihilisme d’État, se stérilise et planifie, dans l’insouciance, sa propre disparition. Le Sud se déverse dans le Nord. Cette immigration invasive porte une arrière-pensée décoloniale, l’idée de revanche multiséculaire.
Nous vivons la réplique du traité de Tordesillas, signé en 1494, deux ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb : en quelques articles, le monde avait été partagé à partir d’un seul méridien entre les Portugais et les Espagnols. Ce temps-là est révolu. Le rapport de puissance s’est retourné. Dorénavant, la course de l’Histoire s’est inversée. Nous vivons la contre-offensive : la poussée décoloniale et recoloniale, la montée en puissance du Sud Global.
Enfin, le troisième phénomène, c’est l’effondrement du système institutionnel. Les Nations-Unies, l’Organisation mondiale du commerce, la Cour pénale internationale sont désormais des institutions qui n’ont plus de dimension prescriptive. On ne les écoute plus. On ne leur obéit plus. La tectonique des plaques se déplace et grignote l’hégémonie crépusculaire de l’Occident.
Le sommet de Kazan est un symbole, un tournant. Une nouvelle institution a émergé, elle y a tenu le 22 octobre une réunion, présidée par Vladimir Poutine. Trente-deux pays étaient présents. C’est ce qu’on appelle les Brics. Ce nouvel ensemble, où on retrouve le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, représente la moitié de la population mondiale. Et il aspire à faire vivre l’aspiration à un nouvel ordre mondial post-occidental, sur le plan monétaire – avec la dédollarisation du monde –, sur le plan commercial – avec la fin de l’OMC –, sur le plan financier – avec la fin du FMI –, et naturellement sur le plan géostratégique – avec la fin de l’imperium américain.
Au même moment, on peut observer que l’Empire américain est en voie de décomposition, que l’Europe connaît – selon le rapport Draghi – le déclassement et le décrochage. Je me souviens d’une conversation avec Hélène Carrère d’Encausse, qui voyait loin, qui voyait juste : elle me glissa à l’oreille, à la sépulture de François Léotard : « Cher Philippe, je crois que le Moment de l’Occident est passé. »
D'Haussy
Enfin…
Les choses sérieuses vont pouvoir commencer.
Dieu Le Roy.
Collapsus
Le Moment de l’Occident est passé car il a renié ses valeurs fondatrices et civilisatrices, le christianisme. C’est le retour des barbaresques alliés aux épiciers.
France Fougère
Quel défaitiste ! Que n’est-il resté à son poste lorsque les socialistes sont venus au pouvoir.
Qu’il verse les bénéfices de ses droits d’auteur pour l ‘entretien de nos églises, cathédrales, croix, calvaires, statues, etc.
Qu’il organise des équipes chargées de veiller sur les églises, y compris de nuit.
Je rappelle que l’écrivain britannique Ken Follett a donné ses droits d’auteur afin de contribuer aux travaux dont a besoin la cathédrale Saint Samson de Dol de Bretagne. Il a d’ailleurs participé aux belles et joyeuses fêtes de la Saint Samson aux côtés notamment du maire.
C.B.
Vous vous répétez, France-Fougère; ça donne envie de sauter tout de suite vos commentaires.
Au fait:
vous avez été maire? député? ministre (ou même seulement secrétaire d’état)?
vous contribuez à hauteur de 20% de vos revenus à l ‘entretien de nos églises, cathédrales, croix, calvaires, statues, etc.?
vous avez rejoint une équipe de SOS calvaires?
Ken Follett a-t-il contribué à financer l’anneau de Jeanne d’Arc?
France Fougère
Et vous-même ?
D’autre part, il n’y a pas que les carrières politiciennes, avec les grands mots et les mouvements de menton – mais les regards si durs ! Moi, c’est Philippe de Villiers qui me lasse, et ses sorties publicitaires pour ses livres.
Je préfère – sans commune mesure – Reynald Sécher.
Par ailleurs, “le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien”.
Ce politicien ne me fera jamais oublier Jean-Franklin Yachvitz.
Surtout en ce très proche Jour des Morts.
njaisson
Du vivant de H. Carrère d’Encausse, on pouvait encore succomber à la tentation de croire que l’alliance entre la Russie et la Chine ouvrait la porte à une nouvelle ère dans l’histoire de la mondialisation. Or, force est de constater que depuis 2021, ce ‘est plus le cas, du fait d’une part de la déconfiture russe devant l’OTAN en Ukraine et d’autre part du suicide économique de la Chine orchestré par Xi et sa clique du PCC. Poutine comme Xi sont tombés dans le piège, qu’ils ont eux-mêmes créé avec le mythe entretenu autour d’une possible résurrection de l’URSS et d’un retour à un capitalisme d’Etat basé sur le développement durable et la transition écologique. Malheureusement la recette a fait long feu en Chine, en laissant derrière elle un long cortège de ruines, dont témoigne la masse de migrants se pressant à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis et la fuite massive du capital qui alimentait la croissance chinoise devenue atone, et du côté russe les carcasses de blindés qui jonchent par milliers les plaines de Kursk et du Donbass. Une sorte d’opération Barbarossa à l’envers en quelle que sorte. De Villiers a fait l’impasse, comme beaucoup du reste, sur le tragique intermède communiste, qui s’est étalé sur quatre générations en Russie et trois générations en Chine, dont l’héritage détermine encore aujourd’hui la réalité politique dans ces deux pays, qui ont pris un malin plaisir à sacrifier leur propre culture, en massacrant par dizaines de millions toux ceux qui passaient pour des symboles de l’ancienne culture, afin d’enlever à celle-ci toutes chances de revenir un jour. Ce qui reste est une mauvaise copie de l’Occident anglo-saxon triomphant agrémenté au goût des lambeaux de culture locale. En somme, pas de quoi revendiquer une quelconque originalité culturelle, qui pourrait servir de point d’appui pour l’éclosion d’une nouvelle civilisation, dont se réclament pourtant les BRICS, qui revendiquent des valeurs générales, qui disparaissent dans un halo de mystères, tellement les réalisations concrètes restent absentes. On ne comprend pas très bien comment des pays rivaux ou ennemis pourraient soudainement s’entendre dans une organisation de centralisation des échanges, dont l’expérience a montré, que ce modèle étatique dirigiste est condamné invariablement à l’échec, nonobstant les rencontres au sommet et les petits fours, dont l’avenir est garanti quoi qu’il arrive. D’ailleurs les dirigeants de ces pays se gardent bien de dresser un bilan des Routes de la soie, de l’UEE, de l’AIIB ou de l’organisation de Shanghai, tellement il est pathétique, autrement que sous la forme de création de montagnes de dettes investies dans des infrastructures stériles; Encore une fois, nos marchands de sable se paient de mots, en alimentant le rêve collectif d’un avenir radieux, sous la forme d’un mythe médiatisé, dont la réalisation est toujours repoussé au lendemain, alors même que l’issue est déjà connue. La recette marketing est classique: quand une marque ne marche plus, on change de nom de la marque. Le nouveau nom du socialisme est désormais celui du “développement durable” qui produit déjà ses conséquences en Chine: déflation, chômage de masse, désespoir des jeunes diplômés, plus bas historique des mariages et des naissances, effondrement du niveau de vie, élimination des classes moyennes, etc. Le tableau ravageur des années 1920 en Russie refait un une triste apparition, sur fond de désengagement des Etats-Unis, qui se traduit par la plongée dans une période semblable aux âges obscures, lors de la chute de l’empire romain. Ca ne va pas être joyeux.