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Histoire du christianisme / Religions : Eglise orthodoxe

Le monastère latin « Amalfion », une page unique de l’unité spirituelle entre le monachisme des Églises d’Orient et d’Occident

Le monastère latin « Amalfion », une page unique de l’unité spirituelle entre le monachisme des Églises d’Orient et d’Occident

Extrait d’un article d’Orthodoxie à propos du monastère bénédictin latin d’Amalfion, autrefois situé sur le Mont Athos :

[…] Le monastère « Amalfion » (de la ville italienne d’Amalfi, d’où sont originaires les premiers moines de ce monastère de l’Athos) a été fondé dans les années 980 par le père Léon de Bénévent, qui est venu à l’Athos de la « terre romaine » avec six autres moines bénédictins. Les patrons du monastère latin du mont Athos étaient saint Athanase l’Athonite et saint Jean d’Iveron, et les monastères d’Iviron et de la Grande Laure ont considérablement soutenu et aidé ces moines latins au début de la formation de leur communauté monastique. Nous assistons donc à une véritable alliance entre les moines grecs, géorgiens et latins au cours de cette période sur la Sainte Montagne.

Les premières signatures de moines d’Europe occidentale (en latin) sur des actes athonites datent de 984 et 985. Le monastère athonite latin et ses premiers habitants sont mentionnés dans les hagiographies de saint Athanase, de saint Jean et de saint Euthyme d’Ibérie. L’ascète ibérique Gabriel, auquel est associé le miracle de l’apparition de la célèbre icône ibérique de la Mère de Dieu (début du XIe siècle), a été impressionné et inspiré par les actes du fondateur d’Amalfion, le père Leo de Bénévent.

On sait que l’un des moines d’Amalfion, Jean, est devenu en 997 le 29e abbé de la célèbre abbaye bénédictine du Mont-Cassin, en Italie, fondée au VIe siècle par saint Benoît de Nursie. L’auteur de la Chronique du monastère de Cassin, moine de cette abbaye et futur cardinal Léon d’Ostie (vers 1045 – 1117), raconte cette histoire en détail. Il rapporte que sur le mont Athos, saint Benoît de Nursie est apparu à Jean dans une vision, lui a remis le bâton d’abbé et lui a ordonné de retourner à l’abbaye de Mont-Cassin, où il a été rapidement élu abbé. Un autre ancien moine et abbé de l’abbaye de Mont-Cassin, le futur pape Victor IIII (vers 1026 – 1087), se souvient de cette histoire.

Le monastère latin « Amalfion » était dédié à la Vierge Marie et occupait une place importante dans la hiérarchie des monastères athonites, avec la Grande Laure, les monastères d’Iviron et de Vatopedi.

Il est intéressant de noter que les signatures de ces moines latins figurent sur l’acte athonite de 1016, où le monastère athonite de la Vieille Russie est mentionné pour la première fois, ainsi que sur l’acte de 1169 relatif au transfert du monastère de Saint-Panteleimon (ou « Rossikon ») aux moines de la Vieille Russie, et sur d’autres actes. Ainsi, les moines latins athonites ont eu une certaine relation avec la fondation et le soutien du monastère de Hilandar (« Xilurgu ») et, plus tard, du monastère de Saint-Pantéléimon.

Étant donné que les moines bénédictins d’Amalfi étaient très honorés pour leur ascétisme et leur droiture par saint Athanase d’Athos, ainsi que par les saints pères fondateurs du monastère ibérique et d’autres ascètes athonites, il n’est pas exclu que saint Antoine des Grottes de Kiev, qui revint plus tard à Kiev depuis la Sainte Montagne avec la bénédiction des moines athonites et fonda le monastère de des Grottes de Kiev, ait pu les connaître au mont Athos, à cette époque.

Lorsqu’en 1198, le fondateur de la dynastie régnante serbe et père de saint Sava de Serbie, le Grand Prince Stéphane Nemanja (plus tard moine Siméon ; 1113-1199), dans son discours à l’empereur byzantin, justifia la nécessité de fonder un monastère serbe séparé sur le mont Athos, il se référa à l’exemple de l’existence du monastère latin « Amalfion » pour illustrer le statut international de la république monastique sur la Sainte Montagne.

Les documents de 1169, 1198 et d’autres années montrent que le monastère latin « Amalfion » a continué d’exister même après le grand schisme de 1054, servant de pont d’unité spirituelle entre les monastères des Églises d’Orient et d’Occident plus de 200 ans plus tard.

Il est intéressant de noter que le pape Innocent III (1161 – 1216) a placé les monastères du mont Athos sous son patronage direct et, dans ses lettres de 1211 et 1214, les a protégés contre les empiètements des évêques latins et les attaques des croisés. Il est possible que ce patronage ait été rendu possible par la médiation des moines latins athonites.

Amalfion déclina et cessa d’exister en tant que monastère indépendant après 1287. On pense qu’il a beaucoup souffert des attaques et des pillages des croisés, après quoi il s’est délabré. L’empereur byzantin Andronic II Paléologue l’a remis à la Grande Laure, mais même après cela, la vie monastique s’est poursuivie dans les murs du monastère pendant plusieurs siècles encore, jusqu’à ce qu’il cesse finalement d’exister.

Le destin de ce monastère et de sa confrérie est une page unique et peu connue de l’héritage international et de l’histoire de la Sainte Montagne, ainsi que de l’unité spirituelle et des relations entre le monachisme des Églises d’Orient et d’Occident.

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