Lu dans la chronique hebdomadaire de Jean-Marie Rouart, de l’Académie française, dans Nice-Matin dimanche :
"Un couscoussier, une machine à coudre, un fer à repasser, des valises en carton, des théières marocaines, et des scoubidoubidous : c’est ce dépotoir dont aucun marché au puces ne voudrait qu’on ose nommer musée. […] L’Etat est-il devenu fou ? Je manque de mots pour exprimer mon indignation au sortir de la visite de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration […] Faire de la France un pays xénophobe et tordant le cou à la plus élémentaire vérité. Voilà le beau travail de l’Etat. […] Il est vrai qu’il n’y avait pas beaucoup à attendre d’un projet culturel conçu par un ancien président de la République à la culture incertaine – il a avoué préférer le sumo à Victor Hugo – et un grognard de la Chiraquie, Jacques Toubon, que personne n’a jamais considéré comme une lumière. […]
Le résultat est ce qu’il devait être : nul. Un gâchis. On a abîmé un beau monument et on lui a donné la vocation débile de gratter nos plaies en matière d’immigration et de réveiller nos culpabilités. On aura rarement mêlé sans aucune pudeur le népotisme présidentiel, l’instrumentalisation de la culture à des fins politiques et la gabegie financière. Car cela va vous (nous) coûter cher d’avoir, sous un vague alibi historique, l’insigne bonheur de contempler une paire de ciseaux et un fer à repasser qui se battent en duel : la modique somme de vingt-trois millions pour les travaux, plus sept millions pour le budget annuel de fonctionnement. C’est onéreux pour ce dépotoir de nos vieilles repentances."
Michel Janva (via Fdesouche)