Lu dans L'Action française 2000 :
"Emmanuel Macron a lancé, début avril, un énième parti politique. Son positionnement officiel – ni à droite, ni à gauche –, finit par confirmer l’existence de subdivisions (d’ aucuns les qualifieraient plus poétiquement de “nuances”) au sein de chaque mouvance partisane : une aile droite au PS (sans oublier son aile gauche représentée par les “Frondeurs”), une aile gauche chez Les Républicains, idem au FN, et des “ni droite, ni gauche” chez les uns comme chez les autres.
[…] Sentant les Français peu à peu gagnés par un sentiment de dégoût à leur égard, nos politiciens professionnels inventent des formules pour « faire de la politique autrement ». Le créneau “ni droite, ni gauche”, un temps occupé par le FN (lui-même, l’ayant emprunté au général de Gaulle vitupérant, à son heure, contre le « régime des partis »), paraît faire des émules, tous azimuts : Jean-Pierre Raffarin suggère un « pacte républicain » avec le gouvernement Valls pour lutter contre le chômage ; Yves Jego et Arnaud Mon- tebourg propulsent un « vive la France » transpartisan ; Jean-Pierre Chevènement caresse l’ utopie de conduire, « au-delà des logiques partisanes », l’improbable attelage d’« une alternative républicaine, de Mélenchon à Dupont-Aignan » ; Barbara Pompili, en rupture de ban avec son parti EELV, envisageait elle-aussi, avant son entrée au gouvernement, une « plateforme citoyenne », ni de droite, ni de gauche, bien que scrupuleusement « républicaine ». Toutefois, à bien y regarder, tous ont en commun des postures que l’on dénommerait “situationnistes” (rien à voir avec l’ organisation marxiste debordienne), tant il est patent que tous cherchent d’abord à se démarquer de leurs attaches partisanes originelles. Un peu comme si, pressentant un inévitable naufrage, chacun essayait de rompre avec ce qu’ il tiendrait, implicitement mais nécessairement, pour des entreprises en état de faillite. Cette démarche est à la fois pathétique et d’un profond cynisme. Ils sont incapables de s’affranchir de la démo-oligarchie qu’ils ont toujours connue. Or, vouloir se débarrasser d’ une étiquette, pour ne s’en voir affubler aucune autre, suppose, en toute logique, de ne pas rentrer à nouveau dans une logique de parti. En d’autres termes, s’émanciper du PS ou de l’UMP, comme de leurs innombrables clones ou alliés, implique de recouvrer une certaine liberté de pensée, de parole et d’action. Bref, se départir de tout parti, y compris celui que l’on serait naturellement conduit à créer, conformément à sa vision du bien commun. Mais, c’est encore là que le bât blesse, car il conviendrait également de ne plus se laisser intellectuellement enfermer entre ses barrières idéologiques initiales. […]
Nous mesurons combien le “ni droite, ni gauche” est aussi superficiel que vain, tant il est aux antipodes de l’enjeu fondamental, au cœur de toute politique : la conservation du bien commun, dont l’homme constitue le principal « souci ». La politique est bien cette attention perpétuelle portée à l’homme et à sa civilisation. À ce stade, la question brûle les lèvres de savoir si, de cette conception ontologique de la politique, se déduit mécaniquement un type de régime. Sans hésiter, nous pensons que la monarchie s’impose de facto car elle a pour elle de se situer hors d’atteinte de la fureur indomptable des passions, à commencer par celle de se faire élire, réélire et reconduire sans cesse. […]"