Lu dans La Lettre de l'abbaye du Barroux :
"Êtes-vous allé récemment aux Bernardins ? Non ? Eh bien, tant mieux pour vous, surtout si
vous avez l’irascible bien développé. Vous risqueriez d’y perdre votre calme, comme certains
qui n’ont pas hésité à laisser un message sur le livre d’or : «Quel outrage à la pauvreté en ces
temps si difficiles… Atterrant ! … Décourageant, écoeurant dans un si beau lieu…» De quoi
s’agit-il ? De plaques de verre brisées, de traces de livres brûlés imprimées sur un mur blanc et
enfin de cloches entassées dans un coin sombre.C’est pourtant en ce même cadre des Bernardins que Benoît XVI a rappelé l’horreur de
toute laideur qu’avaient les anciens moines, pères de la culture européenne. Les paroles du
pape, citant saint Bernard, visaient avant tout le chant, mais les principes énoncés valent pour
l’art en général : « La cacophonie d’un chant mal exécuté (est) comme une chute dans la regio
dissimilitudinis, la région de la dissimilitude… » Qu’est-ce qu’il voulait nous dire par là ?
Quelle dissimilitude et par rapport à quelle référence ? La réponse est simple : c’est la
nature des choses. En adaptant les paroles du Saint-Père, on peut dire que le génie artistique
consiste à reconnaître attentivement avec les oreilles et les yeux du coeur les lois constitutives
de l’harmonie de la création, les formes essentielles de l’être émises par le Créateur dans le
monde et en l’homme. Le génie est d’inventer un art digne de Dieu et qui soit, en même
temps, digne de l’homme et qui proclame hautement cette dignité.
Dom Gérard disait plus simplement que le véritable art passe « par une sensibilité qui touche
assez de terre pour nous hausser avec force et douceur vers les hauteurs de la Terre désirable. »Mais existe-t-il encore des artistes capables de répondre à
l’harmonie du Créateur et à la soif de transcendance des âmes ?
Oui. Ils existent. Mais ils doivent se battre souvent contre la
horde sauvage des soldats du non-être qui, eux, sont soutenus
par de richissimes mécènes, par l’État et, malheureusement,
parfois par des institutions ecclésiastiques.
Prions donc pour nos artistes, les vrais, pour qu’ils puissent
percer, qu’ils puissent être soutenus par ceux qui en ont
les moyens. Et prions aussi pour les autres, qui, de façon
consciente ou non, participent à la destruction des racines
chrétiennes de notre continent."
Maïe
C’est hideux, mais cohérent. C’est la concrétisation de l’esprit des temps. C’est le dernier écho en date, bien atténué, des ravages de la révolution et, à tout prendre, c’est encourageant car cela montre l’énorme perte énergétique de ce monstre: aujourd’hui il peut seulement casser les carreaux et brûler les livres. Il faudrait sonner l’hallali.
Fontey
On aurait mieux fait d’investir dans un cinema bien placé (Odéon, Saint Michel) pour organiser des conférences ou des projections de films accessibles à tous, destinées à édifier le peuple qui ne sait plus grand chose de la foi de ses pères.