"Pour le nouveau nonce apostolique en Suisse, l’Américain Thomas Gullickson, la suppression de paroisses n’est pas un sujet tabou. “Fait-il sens de maintenir une paroisse là où la messe n’est plus dite, alors que l’Eglise catholique se définit par les sacrements?” s’interroge-t-il dans une interview au quotidien zurichois “Tages Anzeiger”.
Le nonce arrivé en Suisse en octobre dernier relève que dans son diocèse d’origine de Sioux Falls aux Etats-Unis, le nombre des paroisses a été réduit de 150 à 80. Il avoue réfléchir en Américain pragmatique. “Certaines personnes pleurent et demandent de leur laisser leur église. Mais l’argent manque.” En Suisse il y a certes l’impôt ecclésiastique, mais pourquoi attendre si on ne reçoit jamais de prêtre. “On ne peut pas maintenir de vraie communauté avec cinq ou six personnes. En campagne, il serait mieux d’acheter un minibus et de conduire les quelques grand-mères jusqu’à une plus grande paroisse, plutôt que de les laisser pleurer seules sur leur banc, puisque personne n’est là.”
Interrogé sur le synode sur la famille, le prélat reconnaît être dans l’expectative. ” Nous ne savons pas quelles sont les intentions du Saint-Père. Mais il y a des gens qui croient le savoir.” Lui-même pense que “l’Eglise doit faire briller l’image du mariage à laquelle manque aujourd’hui l’ouverture aux enfants et à la famille. Beaucoup de personnes jusqu’à quarante ans veulent partir en vacances avec leur auto et leur chien, puis seulement ensuite avoir deux enfants beaux et intelligents. Mais tout à coup arrivent la tragédie, la maladie et la solitude.” Il n’entrevoit pas de changement de la doctrine concernant l’accès à la communion des divorcés-remariés, le mariage homosexuel ou l’intercommunion avec les réformés. […]"