Nous achevons ici la publication des conférences prononcées au colloque “Narratifs religieux alternatifs et formes de déviation sociale” .
Après L’Ordre du Temple Solaire ou la nostalgie des chevaliers sans croisade,
Personal Growth and Psychological Issues in Questionable Religious Organizations,
De l’ingérence à la subversion,
et Satanism as an Ideology of Total Terror,
voici la conférence d’Olivier ROUOT, consultant international, ancien rédacteur en chef de la revue catholique De Rome et d’ailleurs, et secrétaire général de l’Institut 1717 pour une nouvelle Alliance franco-russe: Le Nouvel Ordre mondial et ses sectes.
Olivier ROUOT
Le Nouvel Ordre mondial et ses sectes
Merci à tous ceux qui se sont exprimés jusqu’à maintenant, qui m’ont vivement intéressé et enrichi. Oui, je suis effectivement un consultant international. Mais en vous parlant ici, je tiens à le dire, je parle en tant que catholique et aussi en tant qu’amoureux de la Russie et, plus particulièrement, en tant que secrétaire général d’une association d’amitié franco-russe dont je suis l’un des trois cofondateurs. Cela peut juste vous permettre d’éclairer mieux mes propos qui suivent. Mes propos pourront peut-être agacer certains. J’en suis désolé, c’est moi. J’en ai l’habitude d’ailleurs. Ils sont peut-être un peu iconoclastes et pourtant ils représentent ce que je crois. Je voudrais rappeler un adage : de même que le démon est le singe de Dieu, de même, les sectes aiment à imiter les religions. Je voudrais juste résumer, pour introduire mon propos, que c’est en général un groupe organisé de personnes qui professent une doctrine, une pseudodoctrine, laquelle n’a en général pour origine que les révélations d’une seule et unique personne au caractère prétendument charismatique.
Et ensemble, ils recherchent surtout une position dominante ou une sorte de monopole qui leur assurerait non seulement une notoriété, un financement, mais aussi une sorte de vision un peu officielle. En général, leurs croyances et leurs pratiques les rendent nocifs. Bien souvent le gourou exerce un contrôle mental, contrôle psychologique et manipulation sur ses affidés qui est souvent épouvantable. Alors, outre les différents critères de dangerosité déjà évoqués, l’une des caractéristiques des sectes, c’est sa fermeture, son opacité la plus complète. Quitte, comme cela a été évoqué, à créer une vitrine, une vitrine respectable pour dissimuler des comportements réels. Non seulement les sectes tendent à prendre la place de Dieu tout simplement – dans des sociétés qui sont, malheureusement, déchristianisées, mais aussi elles profitent d’une certaine déshumanisation de nos sociétés aujourd’hui. Alors, bien sûr, cela a été rappelé, tous les gouvernements du monde, à peu près, luttent contre les dérives sectaires et cherchent à en protéger leurs populations. Mais, il faut bien l’avouer, les critères qui définissent une secte ne sont pas toujours faciles.Il faut bien reconnaître que l’État a longtemps hésité à s’immiscer – en France – dans un domaine aussi proche des convictions personnelles, de la foi et de la philosophie.
De fait, certaines organisations sectaires échappent totalement à la vigilance ou aux capacités de discernement des responsables publics. À moins, et c’est là que le mauvais esprit intervient, à moins qu’il ne s’agisse parfois de crainte, voire de connivence. Alors, il y a parmi toutes les sectes de l’univers une qui est particulièrement nuisible au genre humain et à toute la chrétienté en particulier, qui n’est jamais évoquée ou en tout cas plus à notre époque, sous cette étiquette de secte. Nommons-la, il s’agit de la franc-maçonnerie. Quelle que soit son obédience, la franc-maçonnerie est intrinsèquement perverse. Elle a été férocement combattue par l’Église catholique dès son avènement. L’avènement de la franc-maçonnerie date des années 1720, à peu près, puis elle a été combattue par l’ensemble de la chrétienté. Et pour cause, le vrai objectif de la franc-maçonnerie, c’est le service de Lucifer. Et monsieur Silantiev nous a montré bien sûr l’impact du satanisme dans notre société. Bien sûr, en 2022, évoquer Lucifer peut paraître un peu démodé et un peu anachronique, et pourtant… Alors, la franc-maçonnerie agit dans l’ombre, dans le mystère. Elle se vante elle-même parfois des lois qu’elle promeut ou de ses interventions sur des décisions politiques qui sont toutes des décisions négatives. La franc-maçonnerie est en amont des lois sur l’avortement, des lois sur le divorce, des lois sur l’euthanasie, des lois sur la crémation.
Autant de sujets qui ont toujours été, comment dirais-je, moralement réfutés par toute l’humanité dans le monde entier et par l’Église catholique bien sûr. La franc-maçonnerie se vante elle-même d’être en amont, ce n’est pas une, comment dirais-je, une croyance personnelle. La franc-maçonnerie œuvre à changer notre société en lui retirant progressivement ses traditions, son histoire, sa mémoire. Et si elle lutte tout particulièrement contre toute forme de chrétienté ou de foi. Sa cible privilégiée est la famille, comme toutes les sectes d’ailleurs. Car, partout dans le monde, la famille constitue une cellule, la cellule fondatrice de toute société heureuse ou équilibrée. La famille, c’est la pierre fondatrice du mur de soutien de notre humanité. Sans famille, que ce soit en France ou en Russie, en Israël ou au Maroc, le monde s’effondre. Mais les réflexions les plus graves, les décisions les plus déterminantes de la franc-maçonnerie restent secrètes. Leurs conversations, leurs chapitres, leurs travaux restent secrets. Et les membres de la franc-maçonnerie occupent des postes importants dans la société : les élus, des responsables politiques, des responsables médiatiques qui travaillent ensemble à refaire le monde dans le secret de l’horloge. Tout à l’heure, il était posé la question de la position de l’extrême droite. Mais en réalité, on trouve dans les loges des gens d’extrême droite, d’extrême gauche, de gauche, de droite, des écolos, etc., qui travaillent ensemble.
Sans moi, en tout cas, sans dire ce qu’ils font pour changer ma société. Et pour moi c’est vraiment un comportement sectaire. Par ailleurs, il est vrai, et chacun le sait, que les connivences maçonnes transcendent les clivages politiques, on vient de le voir. Elles se nourrissent aussi de liens internationaux. Évidemment, ne faut-il pas faire avancer la cause maçonnique ? Il est peu connu que sans le soutien des loges maçonniques et un soutien proactif, jamais la russophobie actuelle en Europe n’aurait pu ni s’installer ni perdurer, notamment par l’entremise des loges américaines. Et donc merci, merci à mon interlocuteur de tout à l’heure, à Maxime Perrotin, d’avoir évoqué le sujet, même discrètement.
Les loges américaines se montrent actuellement très influentes, par exemple, dans le soutien de Zelenski, dans les décisions de sanctions que les Européens doivent appliquer. Sans aucune indépendance, ces idées ne viennent pas d’eux. N’oublions jamais que les instances européennes comptent parmi les institutions mondiales qui hébergent en leur sein le plus de francs-maçons. C’est facile à démontrer. Mais comment s’étonner alors de ce déferlement de mesures d’origine américaine, relayées par l’Europe, qui nuisent le plus aux intérêts de l’amitié franco-russe ? Sans la franc-maçonnerie, cela ne serait pas possible. Et pourtant, où sont les publications officielles où les francs-maçons le disent ? Où sont les débats publics ? Où sont les travaux préliminaires ? Qui sont les responsables ? Qui les a élus ? Quelle est la doctrine ou le programme qui sous-tend ces influences ? A moi, on ne me l’a pas dit en tout cas. Cette opacité, associée au désir de nuire, à la dangerosité des actions, au soutien mutuel des membres sans aucun discernement ou esprit de justice, à une doctrine mystérieuse et cachée, mais ne sont-ce pas là les critères qui définissent ce qu’est une secte ? Pour moi, il n’y a pas l’ombre d’un débat. J’y reviendrai tout à l’heure.
Je ne vais pas faire la liste de tous ceux qui me paraissent éminemment sectaires sur la planète parce que nous continuerions jusqu’à 22 h. Néanmoins, il est un autre outil sectaire dont j’aimerais rapidement vous parler. Vous le connaissez tous. Il a un gourou, un vrai gourou à sa tête, un gourou connu, fort charismatique. Il tient des réunions totalement secrètes. Ses travaux comportent de grands volets, en général une partie publiée. On la trouve sur Internet ou dans les librairies, et l’autre, qui contient un agenda, contient des mesures extrêmement secrètes. Sa doctrine n’est pas intégralement dévoilée. Son désir affiché clairement de diriger le monde. Ses fidèles sont formés à cela. Ils sont même endoctrinés pour beaucoup et tous gardent le secret sur des travaux en fait sectaires. Leurs réunions sont protégées par des milices armées. Il est clair que le gourou se prend parfois pour Dieu, notamment quand il réfléchit à haute voix sur la surpopulation de la planète qu’il aimerait réduire.
Il a pu corrompre ou influencer la quasi-totalité des gouvernements du monde et des médias qui leur sont inféodés. Et pourtant, ces conseils ou ces instructions sont protégés par le plus grand des secrets. Sa puissance, mais aussi sa dangerosité fait l’objet chaque jour de milliers de commentaires dans le monde. Et pourtant, ça continue. Est-ce que je viens pas là de vous décrire une secte parfaite ? En fait, je viens d’évoquer le Forum de Davos et son président fondateur, Klaus Schwab. Je pourrais en trouver beaucoup d’autres. J’ai voulu attirer votre attention sur le fait que les sectes ne sont pas forcément cachées même quand elles sont extrêmement nombreuses, comme l’a démontré tout à l’heure Maxime Perrotin. Les sectes ne sont pas forcément issues du monde de Hergé, de Tintin. Les sectes aussi ont parfois pignon sur rue, sont parfois très efficaces, très populaires, mais elles agissent contre nos intérêts. Alors on pourrait définir, il faudrait pour cela une autre conférence, ce que signifient nos intérêts, bien sûr. Mais j’ai quand-même tendance à parler, à évoquer les intérêts de l’humanité. Alors j’ai l’air pessimiste, mais pas du tout. Je vais vous le prouver dans quelques secondes. Que peut-on conclure de ces descriptions qui ne sont jamais nommées ainsi ? En effet, jamais aucun journaliste ne traitera du Forum de Davos comme d’une secte.
Pourtant, pour moi, les définitions sont là. La plus grande ruse du démon, c’est de faire croire qu’il n’existe pas. Vous vous souvenez de cet adage. Le spectacle de la russophobie ambiante que je viens d’évoquer ? Cet empêchement qui est fait aux Européens de constituer une grande puissance chrétienne avec la Russie est un spectacle dramatique, un spectacle épouvantable qui, moi, m’émeut et m’attriste chaque jour. Cette terrible désolation a un but, évidemment. Vous connaissez l’adage policier qui dit : cherche à qui le crime profite ? Bien sûr, pour n’importe qui, même s’il est particulièrement atlantiste, on sait bien à qui le profite crime. C’est très clair. Mais sans l’aide de ces nombreux relais, de ces nombreuses sectes, dont les deux que je viens d’évoquer à l’instant, le crime serait beaucoup plus difficile à perpétrer. Ces sectes en général, notamment celles évoquées tout à l’heure par Maxime Perrotin, ces francs-maçons, ces partisans du démon, se nourrissent comme lui du mensonge. Exposée, la vérité est sans doute la première contre-offensive efficace. La vérité, l’information est un argument important contre cette subversion et ses partisans. D’ailleurs, la vérité ne doit-elle pas nous rendre libres ? Telle sera ma conclusion. J’ai voulu être plus rapide parce qu’on a déjà pris beaucoup de temps. Mais bien sûr, je suis prêt à répondre à toutes vos questions.
Modérateur : Merci beaucoup pour votre intervention, Monsieur Rouot. C’était très intéressant et effectivement, je voulais vous poser une question concernant les francs-maçons. Une des caractéristiques des sectes totalitaires fait que vous pouvez y entrer, mais que c’est difficile d’en sortir. Est-ce que c’est la même chose avec la franc-maçonnerie ?
Olivier Rouot : Oui, on voit parfois des livres ou des conférences de gens qui ont quitté la franc maçonnerie, qui nous apprennent qu’ils ont beaucoup souffert. Ils ont été surtout calomniés, détruits et leur réputation a énormément souffert. Il fut une époque où les francs-maçons n’hésitaient pas à tuer les membres qui dévoilaient des secrets ou qui s’en allaient. Je pense qu’on ne le fait pas, ou on le fait plus discrètement, certainement. Mais je crois que les gens qui quittent la franc-maçonnerie ont beaucoup de mal à la quitter et souffrent après d’un déficit d’image très important.
Modérateur : D’accord.
Un intervenant : Moi, j’ai aussi une petite question à Olivier Rouot. Qu’est-ce que vous pensez de ceux qui font un parallèle entre franc-maçonnerie et l’Opus Dei ?
Olivier Rouot : Alors, l’Opus Dei, on peut faire des parallèles, mais ce n’est pas du tout le même sujet. Bien qu’il y ait énormément de membres de l’Opus Dei qui soient francs-maçons. En fait, l’Opus Dei est un organisme de l’Église catholique issu du concile de Vatican II, qui est issu de la crise de l’Église et de son extrême modernisation. Même si cette extrême modernisation semble actuellement marquer le pas par rapport aux années 1965-75, il y a eu quand même une espèce de révolution dans l’Église que chacun d’entre vous connaît. L’Opus Dei affiche une dimension sectaire. Je n’hésite pas à le dire, ses membres n’ont pas tellement de liberté de parole, sont extrêmement encadrés. Lorsqu’ils y sont entrés célibataires, doivent rester célibataires. Je pense que c’est un des ordres de l’Église moderniste. Alors, après le parallèle avec la franc-maçonnerie, on ne peut pas le faire à 100 %. La franc-maçonnerie existe depuis 1717 ou 1720. L’Opus Dei est issu de la crise de l’Église, c’est une œuvre qui a certainement une volonté charitable, une volonté de purifier ses membres. Mais les Cathares aussi avaient cette volonté-là et je ne suis pas sûr que l’Église n’ait pas intérêt à faire le ménage dans cette organisation-là.
Un intervenant : Alors peut être une précision, quand on dit que l’Opus Dei qu’elle est faite par des élites pour noyauter les différents rouages de la société, influer, etc. Pourquoi ne pas les mettre sur le même plan que les francs-maçons dans ce cas-là?
Olivier Rouot : Ce que vous dites est juste.
Un intervenant : De manière sournoise, j’entends, de manière sournoise.
Olivier Rouot : Mais je ferai deux objections. La première, on est franc-maçon ou on ne l’est pas. Donc l’Opus Dei n’est pas la franc-maçonnerie. Qu’il ait effectivement des comportements qui y ressemblent – je suis d’accord avec vous. Et la deuxième objection, c’est qu’en fait je connais des dizaines de mouvements philosophiques, politiques, de réflexion, de jeunes, de vieux dont l’objectif est de noyauter l’État profond et d’investir l’État pour l’améliorer. Et ce n’est pas une caractéristique définitive selon moi. Je connais des catholiques, des protestants encore plus nombreux. Je connais des œuvres de jeunesse qui travaillent à se former pour être dans l’État, pour y apporter un sang neuf et une respectabilité supérieure à celle d’aujourd’hui. Et en fait, je ne suis pas sûr que ce soit une condition suffisante pour que ça ressemble à la franc-maçonnerie et je ne suis pas certain. Et bien sûr, on est dans un domaine que vous connaissez bien, qui est très flou et très difficile à discerner. On est dans un domaine qui n’est pas nécessairement malhonnête car quelque part, vouloir créer une élite qui dirige ce pays convenablement, eh bien, j’aimerais bien que cela existe, personnellement.
Un intervenant : Mais il faut voir aussi, comment dire, les plaintes qui ont été déposées – de la part de jeunes filles ou autres, qui ont travaillé pour rien, etc. Il faut lire la presse.
C.B.
“les critères qui définissent une secte ne sont pas toujours faciles”
Le premier critère, me semble-t-il, est l’interdiction de quitter la secte (pressions morales et autres des autres adeptes, menaces de mort -jusqu’à l’exécution de ces menaces-).
Certaines “religions” sont en fait des sectes.