16 août, messe de béatification de Paul Yun Ji-chung et ses 123 compagnons, martyrs :
"Le Christ est victorieux et sa victoire est la nôtre !
Aujourd’hui nous célébrons cette victoire en Paul Yun Ji-chung et en ses 123 compagnons. Leurs noms s’ajoutent à ceux des saints martyrs André Kim Taegon, Paul Chong Hasang et leurs compagnons, auxquels je viens de rendre hommage. Tous ont vécu et sont morts pour le Christ et maintenant ils règnent avec lui dans la joie et la gloire (…)
Dans la mystérieuse providence de Dieu, la foi chrétienne n’est pas parvenue sur les rivages de Corée par des missionnaires ; elle y est entrée par les cœurs et les esprits des Coréens eux-mêmes. Elle a été stimulée par la curiosité intellectuelle, par la recherche de la vérité religieuse. Dans une rencontre initiale avec l’Évangile, les premiers chrétiens coréens ont ouvert leurs esprits à Jésus (…)
Il a aussi porté ses fruits dans des communautés qui tiraient leur inspiration de l’Église primitive, dans laquelle les croyants étaient vraiment un seul cœur et une seule âme, sans tenir compte des traditionnelles différences sociales, et avaient tout en commun. Cette histoire nous en dit long sur l’importance, la dignité et la beauté de la vocation des laïcs ! Je salue les nombreux fidèles laïcs présents ici, en particulier les familles chrétiennes qui, chaque jour, par leur exemple, éduquent les jeunes à la foi et à l’amour réconciliateur du Christ (…)
Jésus demande au Père de nous consacrer dans la vérité et de nous garder du monde. Avant tout, il est significatif que, alors que Jésus demande au Père de nous consacrer et de nous garder, il ne lui demande pas de nous retirer du monde. Nous savons qu’il envoie ses disciples pour qu’ils soient un levain de sainteté et de vérité dans le monde : le sel de la terre, la lumière du monde. En cela, les martyrs nous indiquent la route (…)
Pour beaucoup cela a signifié la persécution et, plus tard, la fuite dans les montagnes, où ils formèrent des villages catholiques. Ils étaient prêts à de grands sacrifices et à se laisser dépouiller de tout ce qui pouvait les éloigner du Christ : les biens et la terre, le prestige et l’honneur, puisqu’ils savaient que seul le Christ était leur vrai trésor.
Aujourd’hui, très souvent, nous faisons l’expérience que notre foi est mise à l’épreuve du monde, et, de multiples manières, il nous est demandé de faire des compromis sur la foi, de diluer les exigences radicales de l’Évangile et de nous conformer à l’esprit du temps (…)
l’exemple des martyrs nous enseigne l’importance de la charité dans la vie de foi. C’est la pureté de leur témoignage au Christ, manifesté par l’acceptation de l’égale dignité de tous les baptisés, qui les a conduits à une forme de vie fraternelle qui défiait les structures sociales rigides de leur temps (…)
L’héritage des martyrs peut inspirer tous les hommes et femmes de bonne volonté à œuvrer en harmonie pour une société plus juste, libre et réconciliée, contribuant ainsi à la paix et à la défense des valeurs authentiquement humaines, dans ce pays et dans le monde entier".
Le 16 août, rencontre avec les communautés religieuses de Corée :
"Bonsoir ! Il y a un petit problème. S’il y a une chose qu’on ne doit jamais négliger c’est la prière ; mais aujourd’hui nous prierons seuls. Je vous explique pourquoi nous ne pouvons pas prier les vêpres ensemble : nous avons un problème de temps avec le décollage de l’hélicoptère (…)
La ferme certitude d’être aimés de Dieu est au centre de votre vocation : être pour les autres un signe tangible de la présence du Royaume de Dieu, une anticipation de la joie éternelle du ciel. C’est seulement si notre témoignage est joyeux que nous pourrons attirer des hommes et des femmes au Christ ; et une telle joie est un don qui se nourrit d’une vie de prière, de méditation de la parole de Dieu, de la célébration des sacrements et de la vie communautaire, qui est très importante. Quand tout cela manque, apparaissent les faiblesses et les difficultés qui obscurciront la joie que nous avons connue si intimement au début de notre chemin (…)
Que le charisme de votre Institut s’oriente davantage vers la contemplation, ou plutôt vers la vie active, votre défi est de devenir des « experts » de la divine miséricorde précisément à travers la vie en communauté. Par expérience, je sais que la vie communautaire n’est pas toujours facile, mais qu’elle est un terrain providentiel pour la formation du cœur (…)
Notre besoin fondamental d’être pardonnés et guéris est, en soi, une forme de pauvreté que nous ne devrions jamais oublier, malgré tous les progrès que nous ferons dans les vertus. De plus, il devrait trouver une expression concrète dans votre style de vie, aussi bien personnel que communautaire ; je pense en particulier à la nécessité d’éviter toutes ces choses qui peuvent vous distraire et causer trouble et scandales chez les autres (…)
L’hypocrisie de ces hommes et femmes consacrés qui font le vœu de pauvreté et cependant vivent comme des riches, blesse les âmes des fidèles et abime l’Église. Pensez aussi combien est dangereuse la tentation d’adopter une mentalité purement fonctionnelle et mondaine, qui conduit à mettre notre espérance seulement dans les moyens humains, détruit le témoignage de la pauvreté que Notre Seigneur Jésus Christ a vécu et nous a enseigné".
16 août, rencontre avec les responsables de l'apostolat des laïcs :
"L’Église en Corée, comme nous le savons, est héritière de la foi de générations de laïcs qui ont persévéré dans l’amour de Jésus Christ et dans la communion avec l’Église, malgré le manque de prêtres et la menace de graves persécutions. Le bienheureux Paul Yun Ji-chung et les martyrs béatifiés aujourd’hui représentent un chapitre extraordinaire de cette histoire. Ils ont rendu témoignage à la foi, non seulement par leurs souffrances et leur mort, mais aussi par leur vie de chaleureuse solidarité l’un envers l’autre dans les communautés chrétiennes, caractérisées par une charité exemplaire (…)
Nous savons qu’il y a une unique mission dans l’Église de Dieu, et que tout chrétien baptisé a un rôle vital dans cette mission. Vos dons de laïcs, hommes et femmes, sont multiples, votre apostolat est varié; et tout ce que vous faites est destiné à la promotion de la mission de l’Église, assurant que l’ordre temporel soit imprégné et perfectionné par l’Esprit du Christ et ordonné à la venue de son Règne (…)
Je suis profondément reconnaissant à tous ceux d’entre vous qui, par le travail et le témoignage, portent la présence consolante du Seigneur à ceux qui vivent aux périphéries de notre société. Cette activité n’est pas épuisée par l’assistance caritative, mais elle doit s’étendre aussi à un engagement pour la croissance humaine. Non seulement l’assistance, mais aussi le développement de la personne. Assister les pauvres est une chose bonne et nécessaire, mais elle n’est pas suffisante. Je vous encourage à multiplier vos efforts dans le domaine de la promotion humaine, de sorte que tout homme et toute femme puisse connaître la joie qui vient de la dignité de gagner le pain quotidien, en soutenant ainsi sa propre famille. Mais cette dignité, en ce moment, est menacée par la culture de l’argent, qui laisse sans travail beaucoup de personnes… Nous pouvons dire : « Père, nous leurs donnons à manger ». Mais ce n’est pas suffisant ! Celui et celle qui sont sans travail doivent sentir dans leur cœur la dignité de rapporter le pain à la maison, de gagner son pain ! Je vous confie cet engagement (…)
Pareillement, je ne peux pas ne pas souligner l’importance du témoignage donné par les familles chrétiennes. À une époque de crise de la vie familiale – nous le savons tous – nos communautés chrétiennes sont appelées à soutenir les couples mariés et les familles dans l’accomplissement de leur mission dans la vie de l’Église et dans la société. La famille reste l’unité de base de la société et la première école dans laquelle les enfants apprennent les valeurs humaines, spirituelles et morales qui les rendent capables d’être des phares de bonté, d’intégrité et de justice dans nos communautés. Chers amis, quelque soit la contribution particulière que vous donnez à la mission de l’Église, je vous demande de continuer à promouvoir dans vos communautés une formation plus complète des fidèles laïcs, par une catéchèse permanente et par la direction spirituelle".