C'est un peu l'impression que donnent certaines analyses du dernier texte du Conseil Pontifical Justice et Paix. Voici ce qu'écrit Benoît-et-moi sur ce sujet :
"Après le Pape vert, voici qu'on nous présente le Pape "indignados", le Pape "no global", le Pape "aumônier du mouvement Occupy Wall Street". La publication, avant-hier d'une Note du Conseil pontifical Iustitia et Pax, donne lieu aux exagérations / élucubrations habituelles dans la presse mondiale."
Elle fait notamment référence à un texte du père jésuite Thomas J. Reese (mais on peut ausi penser au blog de P. de Plunkett), professeur à la Georgetown University de Washington, qui, en raison de divergences de vue croissantes avec la Congrégation pour la doctrine de la foi, a été contraint de démissionner dans les premiers mois de 2005 de la revue jésuite America.
Benoît-et-moi a traduit un texte de George Weigel, dont voici un extrait :
"La vérité est que «le Vatican» – que cette expression désigne le Pape, le Saint-Siège, l'autorité du magistère de l'Eglise, ou les structures centrales de la gouvernance de l'Église – n'a appelé de façon précise à rien du tout dans ce document. Le document est une «note» d'un bureau plutôt petit de la Curie romaine. Les recommandations spécifiques du document ne reflètent pas nécessairement les vues des autorités supérieures du Saint-Siège; en effet, le Père Federico Lombardi, le responsable de la salle presse du Vatican, a été nettement circonspect dans ses commentaires sur le document et son poids. Comme il devait effectivement l'être. Le document ne parle pas pour le Pape, il ne parle pas pour «le Vatican», et il ne parle pas pour l'Église catholique.
C'est ce que les deux hauts fonctionnaires du Conseil pontifical Justice et Paix (et c'est à porter à leur crédit) ont essayé de rendre clair en présentant le document lors d'une conférence de presse romaine. Le Cardinal Peter Turkson, président du conseil, a déclaré que le document était destiné à «apporter une contribution qui pourrait être utile pour les délibérations de la [prochaine] réunion du G20». Mgr Mario Toso, SDB, secrétaire du conseil, était tout aussi subjonctif (ndt: au sens d'exprimer une incertitude ou une irréalité, par opposation à "indicatif" qui exprime une réalité) que son supérieur, en disant que le document était destiné à «suggérer des pistes possibles à suivre». A la fois le Cardinal Turkson et Mgr Toso ont indiqué, en ligne avec la doctrine sociale catholique de longue date, que l'Eglise-en tant-qu'Eglise était incompétente pour offrir des «solutions techniques», mais souhaitait plutôt situer les débats politiques publics au sein de cadres moraux appropriés.
Suggérer, comme la plupart des rapports et des commentaires à chaud l'ont fait, que l'Eglise catholique approuvait tel ou tel ensemble de propositions pour réorganiser la finance internationale, et le faisait comme une façon d'exercer son autorité doctrinale, est une erreur de très mauvaise qualité, reflétant soit les pièges de l'analyse instantanée dans le cycle des infos en continu, soit un tour des catholiques progressistes, soit les deux. […]"