Lors de son discours ce matin au corps diplomatique, le pape François a déclaré :
"Comme vous savez, il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’ai choisi mon nom
en pensant à François d’Assise, une personnalité qui est bien connue au-delà des
frontières de l’Italie et de l’Europe, et aussi de ceux qui ne professent pas la
foi catholique. Une des premières est l’amour que François avait pour les
pauvres. Il y a encore tant de pauvres dans le monde ! Et ces personnes
rencontrent tant de souffrance ! À l’exemple de François d’Assise, l’Église a toujours cherché à avoir le
souci, à protéger, en tout coin de la terre, celui qui souffre d’indigence et je
pense que dans beaucoup de vos pays, vous pouvez constater l’œuvre généreuse de
ces chrétiens qui se prodiguent pour aider les malades, les orphelins, les
sans-abris et tous ceux qui sont exclus, et qui ainsi travaillent pour
construire une société plus humaine et plus juste.Mais il y a aussi une autre pauvreté ! C’est la pauvreté spirituelle de nos
jours, qui concerne gravement aussi les pays considérés comme plus riches. C’est
ce que mon Prédécesseur, le cher et vénéré
Benoît XVI, appelle la « dictature du
relativisme », qui laisse chacun comme mesure de lui-même, et met en péril la
convivialité entre les hommes. Et ainsi j’ajoute une autre raison de mon nom.
François d’Assise nous dit : travaillez pour construire la paix ! Mais il n’y a
pas de véritable paix sans vérité ! La paix ne peut pas être véritable si chacun
est la mesure de lui-même, si chacun peut revendiquer toujours et seulement son
droit personnel, sans avoir le souci en même temps du bien des autres, de tous,
à partir de la nature qui unit chaque être humain sur cette terre.Un des titres de l’Évêque de Rome est Pontife, c’est-à-dire celui qui
construit des ponts, avec Dieu et entre les hommes. Je désire vraiment que le
dialogue entre nous aide à construire des ponts entre tous les hommes, si bien
que chacun puisse trouver dans l’autre, non un ennemi, non un concurrent, mais
un frère à accueillir et à embrasser ! Mes origines mêmes du reste, me poussent
à travailler pour édifier des ponts. En effet, comme vous savez ma famille est
d’origine italienne ; et ainsi en moi est toujours vivant ce dialogue entre les
lieux et les cultures avec leurs éloignements – d’un bout du monde à l’autre,
aujourd’hui toujours plus proches, interdépendants -, qui ont besoin de se
rencontrer et de créer des espaces réels d’authentique fraternité.Dans cette tâche, le rôle de la religion aussi est fondamental. On ne peut pas
en effet, construire des ponts entre les hommes en oubliant Dieu. Mais le
contraire vaut aussi : on ne peut vivre des liens véritables avec Dieu en
ignorant les autres. Pour cela, il est important d’intensifier le dialogue entre
les différentes religions, je pense surtout au dialogue avec l’islam, et j’ai
beaucoup apprécié la présence, durant la messe du début de mon ministère, de
nombreuses autorités civiles et religieuses du monde islamique. Et il est
important d’intensifier la rencontre avec les non croyants, pour que ne dominent
jamais les différences qui séparent et blessent, mais que, même dans la
diversité, l’emporte le désir de construire des liens vrais d’amitié entre tous
les peuples.Lutter contre la pauvreté soit matérielle, soit spirituelle ; édifier la paix et
construire des ponts. Ce sont comme les points de référence d’un chemin auquel
je désire inviter à prendre part chacun des pays que vous représentez. Un chemin
difficile cependant, si nous n’apprenons pas toujours plus à aimer notre Terre.
Aussi dans ce cas penser au nom de François m’est une aide, lui qui enseigne un
profond respect pour toute la création, pour la sauvegarde de notre
environnement, que trop souvent nous n’utilisons pas pour le bien, mais que nous
exploitons avec avidité au détriment l’un de l’autre.