Laurent Dandrieu est interrogé dans Monde & Vie sur les concepts de droite et de gauche. Extraits :
"Droite et gauche sont des
notions relatives, qui n’ont jamais constitué des
blocs idéologiques hermétiques, cohérents et
immuables: beaucoup d’idées passent de l’une
à l’autre, s’y retrouvent dans des proportions et
des combinaisons variables. Cette porosité donne
régulièrement naissance à l’illusion qu’il n’y
aurait plus ni droite ni gauche, et que les hommes
de bonne volonté « des deux rives » pourraient
se retrouver autour de « valeurs » communes,
comme le souverainisme, la nécessaire régulation
du capitalisme ou la conception méritocratique
de l’école.
Mais tous ceux qui ont tenté de jeter des passerelles
entre droite et gauche ont toujours fini par
revenir sur leur rive d’origine, leurs culottes passablement
trempées, parce que ces passerelles
ont fini par ployer sous le poids d’une réalité très
lourde : c’est, au-delà des convergences particulières,
la persistance d’une divergence fondamentale,
qui est que droite et gauche n’ont pas la
même vision de l’homme, et donc de la société.Au fond, qu’est-ce qui différencie,
à vos yeux, la droite de la gauche ?
On peut les différencier par la croyance ou
non au péché originel.
Nous autres, gens de droite, nous sommes le
parti du péché originel, nous croyons que
l’homme est et restera toujours un animal blessé,
empêtré dans sa volonté de bien faire par sa constitutive
faiblesse, et que le but de la politique est
d’épauler cette faiblesse par des institutions fortes
qui lui permettent, malgré elle, de construire
et d’aller de l’avant.
Pour la gauche, en revanche, l’homme est un
être naturellement bon, qui tend par le sens de
l’histoire vers toujours plus de perfection, la seule
chose qui l’en empêche étant les archaïsmes du
passé, dont il appartient à la politique de le libérer.
L’homme de droite sait qu’il est un héritier
et, comme disait Maurras, qu’il trouve en naissant
dans un pays de civilisation infiniment plus
qu’il n’y apporte : c’est ce trésor de civilisation
que la politique se doit de protéger et de transmettre
; pour lui, la Tradition est la condition de
tout progrès.
L’homme de gauche, lui, refuse cet héritage
car c’est l’avenir qui est porteur de bonheur et de
liberté, non le passé qui nous enferme et nous
limite: la politique, c’est rompre avec la tradition
au nom du Progrès. […]La question du « mariage gay » me semble
fournir une bonne illustration de la façon dont l’utopie
de gauche revient à nier le réel, et dont les
visions antagonistes de l’identité structurent
aujourd’hui l’affrontement droite-gauche. La
gauche n’aime pas le réel, parce qu’il s’oppose
à ses utopies libératrices. […]"
Celeyron
Très bon article. Et si vous permettez j’ajouterai que la différence entre un homme de gauche -un vrai un absolu- et un homme de droite c’est qu’un homme de gauche commet le péché originel jour après jour, une sorte de fil d’Ariane de sa pensée. L’homme de gauche se prend pour Dieu. Il a raison parce qu’il est. Et on pourrait appliquer cette plaisanterie à cette situation.
Connaissez vous la différence entre un homme de gauche et Dieu…?
Dieu ne s’est jamais pris pour un homme de gauche.
jejomau
Remarquons que la Droite a commencé sa révolution culturelle en dissolvant “Gaylib”. Gaylib était la représentation parfaite des valeurs soixante-huitardes – valeurs marxistes – au SEIN de la Droite.
Il lui reste à transformer l’essai en entamant une attaque en règle de TOUS les projets présentés à l’Assemblée Nationale par les socialistes.
C’est là la seule VRAIE façon pour eux de se faire entendre car les médias travaillent contre eux. ET donc contre nous… Et donc contre la France, et contre les français.
catherine
très bonne analyse!!
Gimaroff
Pas d’accord avec cette analyse ; les notions de droite et gauche sont des notions réductrices qui ne définissent pas bien les grands courants de pensée.
Il y a 3 courants de pensée principaux desquels tout découle :
– les traditionnels/enracinés, attachés à la défense du bien commun, à une société hiérarchique, à l’ordre et aux libertés, à la justice, aux valeurs morales.
– les libéraux, première révolte contre l’ordre traditionnel, qui font de la Liberté un absolu ; pour eux, pas de bien commun, mais le bien individuel
– les socialistes, deuxième révolte contre l’ordre traditionnel et aboutissement de la première révolte, qui font de l’Egalité un absolu ; pour eux, pas de bien commun, mais le bien du collectif-Etat
Exemples frappants :
-à la Révolution, contre l’ordre traditionnel, il y eut d’abord la révolte de la Liberté (Lumières, Girondins de 1789) puis la révolte de l’Egalité(jacobins de 1792-93).
-à la Révolution, l’an I fut celui de la Liberté, l’an II celui de l’Egalité
-lors du vote sur le veto de Louis XVI, il y avait 3 courants : les révolutionnaires modérés (libéraux) favorables au veto, les révolutionnaires radicaux opposés au veto (socialistes), et … ceux qui étaient contre l’idée de ce roi réduit à un veto (les royalistes traditionnels).
-dans la plupart des pays européens, au 19è, le courant libéral s’est opposé au courant traditionnel (Espagne, Portugal par ex.), avant que le courant socialiste n’entre dans la partie.
Gisèle
Alors expliquez moi pourquoi la droite , comme la gauche , comptent une majorité de franc – maçons ????
pfff !!!
Pellabeuf
Cette analyse est très intéressante.
Cependant il me semble que la gauche connaît le péché originel, mais à la façon de Rousseau : pour celui-ci, on peut dire que le péché originel a été la propriété privée des moyens de production (rappelez-vous : “Le premier homme qui a enclos un champ…” – je cite de mémoire).
Bien des choses découlent, chez les gauchistes, de ce postulat rousseauiste.